Euro 2016 : l’image perçue de la France en question

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Par Jacques Martineau Publié le 8 juin 2016 à 5h00
Euro 2016 Recettes Etat France
0,2 %Dans le meilleur des cas, l'Euro 2016 pourrait rapporter à la France 0,2 % sur son PIB.

C’est la France qui héberge cette année, le Championnat d’Europe de Football des Nations du 10 juin au 10 juillet. Comme pour tout pays organisateur, le défi est toujours de taille, tant au plan sportif qu’économique.

A l’international et pour les visiteurs, c’est l’image « perçue » de la France qui est en question. Ce défi est un véritable enjeu qu’il appartient de satisfaire.

L’enjeu économique de l’Euro 2016 sera-t-il atteint ?

Des études avaient été faites pour évaluer l’impact économique de l’organisation de l’Euro 2016. L’estimation la plus avancée du CDES (Centre de Droit et d’Economie du Sport) a été réalisée en 2014. On parle de 1,2 milliard d’euros pour la France, uniquement grâce aux apports de visiteurs étrangers avec un retour fiscal de 180 millions d’euros. L’impact sur l’économie française et sur le PIB pourrait être dans le meilleur des cas de l’ordre de 0,2%.

Qu’en sera-t-il avec ce contexte général lourd et à haut risque défavorable ? Au plan touristique, déjà nos indicateurs ne sont pas absolument au « vert ». Une analyse sur le sujet vient d’être communiquée par l'OCDE qui l’a rendue publique. Ce rapport prenant en compte tous les évènements, attentats et état d’urgence, insiste sur la prudence dont il va falloir faire preuve au plan économique.

Un contexte général lourd et à haut risque

Compte-tenu de ce climat lourd et à haut risque, l’Euro 2016 part avec un handicap sérieux. En ce début de championnat, il est vrai que la France n’est pas particulièrement gâtée.

Etat d’urgence et risque terroriste toujours présents

Tandis que la France est présente dans l’action en Afrique et au Moyen-Orient, le risque terroriste est toujours présent sur le territoire national. L’afflux de migrants et de réfugiés continue de progresser par la voie du sud, en particulier en provenance de la Lybie. La France elle-même est en état d’urgence depuis les attentats de novembre dernier et la menace terroriste demeure permanente. L’arrivée de l’Euro 2016 est une mise garde sérieuse qui nécessite des conditions de sécurité pour le public en général et les spectateurs des stades et des « fans zones » en particulier.

Loi « travail », 49-3, manifestations, casses et grèves multiples

La loi Travail et le 49-3 dérangent. Partis politiques, majorité et opposition, offrent un triste spectacle de désolation. Ces divers refus et hésitations à l’Assemblée ont été accompagnés de nombreuses manifestations sociales, locales et nationales, qui perdurent. L’ensemble s’est vu complété par de nombreuses grèves nuisibles pour l’économie du pays. Ces blocages de l’économie se sont développées dans l’approvisionnement en carburants (raffineries), dans les transports (SNCF), et, dans d’autres secteurs occasionnels. Les négociations en cours et les ajustements proposés ponctuellement par le gouvernement aux divers interlocuteurs, ne suffisent pas à ralentir les mouvements. L’aérien veut entrer dans le bal.

Des intempéries exceptionnelles inattendues

De récentes mais exceptionnelles intempéries météorologiques viennent de toucher les Français. Une partie d’entre eux a subi d’importants dégâts liés aux inondations. La remise en état, aussi bien pour les particuliers que pour les sociétés, prendra du temps. Le moral est affecté. Les premières estimations des assurances se situent autour de 2 milliards d’euros en termes de coûts.

En conclusion

Comme pays « hôte », pendant cette période du 10 juin au 10 juillet prochain, la France se devra à la fois de trouver le chemin de la performance sportive dans cette compétition et d’assurer la sécurité publique dans la meilleure ambiance, autour et dans les stades, comme sur le territoire national. La performance à atteindre est à haut risque compte tenu du contexte complexe difficile à maîtriser dans lequel cette compétition sportive d’exception va se dérouler…

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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