L’Europe malade ? Dites 33…

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Par Philippe Bapt Modifié le 16 mai 2019 à 6h32
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3434 listes au final pour faire son choix en France lors des européennes

L’abstention promet d’être record, alors que le choix pour les électeurs n’aura jamais été aussi large. C’est à n’y rien comprendre !

Les élections européennes ont lieu dimanche 26 mai. La campagne officielle est enfin lancée. 34 listes ont été adoubées par le ministère de l’Intérieur... pour 79 places seulement. Ça laisse du choix dans l’isoloir. Et pourtant, peu d’électeurs français sont soit décidés soit ont envie de se déplacer. 2686 candidats et non des moindres, Françis Lalanne et même Renaud Camus s’y collent, et les Français n’y trouvent toujours pas leur bonheur. Je mets ma main à couper qu’il y aurait 45 ou 50 listes que les électeurs ne seraient pas satisfaits. Quand les listes sont trop peu nombreuses, il s’agit d’un choix trop étriqué qui leur est proposé ; lorsque, comme en 2019, le nombre de listes est exponentiel, il est à parier que les citoyens électeurs vont se justifier de leur refus de s’exprimer par une abondance de choix qui nuirait à la qualité des résultats ?!

Les enjeux politiques

Il faut dire que cette année, la cacophonie en Europe est à son comble. Depuis 40 ans et les premières élections du Parlement européen au suffrage universel, les enjeux qui incombent aux futurs élus ont bien évolué. En 1979, il était question du sentiment d’un destin commun, d’appartenance à un continent protecteur et garant de paix durable. Quatre décennies plus tard, ce sont l’urgence écologique, les flux migratoires, le libre-échange qui sont au cœur des préoccupations des citoyens européens. Dans notre cher pays, on continue cependant à essayer de rejouer les présidentielles. Pour beaucoup d’acteurs-trices, on nous présente un peu trop ce scrutin comme le troisième tour des présidentielles de 2017. Est-ce raisonnable et à la hauteur des véritables enjeux ? Est-ce en adéquation avec les défis dont les numériques qui nous attendent face aux géants privés (soutenus par leurs Etats d’origine) chinois ou américains ? Bien évidemment non ! Pour beaucoup, il s’agit de positionnement politiciens à obtenir en vue des échéances suivantes : les municipales !

On ne parle même plus du Brexit et de ses futures conséquences ! Nos «  amis » anglais et leur volonté de partir tout en restant mais en fermant la porte …. Bref un vrai capharnaüm qui nuit aussi à la crédibilité de l’institution, incapable pour le moment de régler une crise issue du référendum qui a eu lieu le 23 juin 2016... Les élections européennes se tiendront donc au Royaume-Uni le 23 mai !

Abstention record ?

Bref, soit il s’agira du premier dimanche de vrai beau temps depuis quinze jours, soit de la fête des mères à souhaiter absolument, soit il pleuvra trop, soit du refus du « piège à c… », soit du « temps que l’on a pas vu passer », soit du premier week-end famille-piscine-barbecue, soit du rejet des 34 professions de foi et autres clips à se taper en 15 jours, bref les bureaux de votes vont sembler bien longs à tenir dimanche 26 mai prochain. C’est bien là le paradoxe français : plus il y a du choix, plus l’électeur français, si friand de participation citoyenne d’après le « tsunami » gilet jaune, se refuse à donner son avis. Et en matière de « jaunitude », l’électeur aura le choix : pas moins de trois listes se réclament du mouvement social des six derniers mois.

Loin de vouloir me moquer, mais pour l’avenir de notre continent, pouvoir choisir entre le « parti pirate » et la liste « une France royale au cœur de l’Europe » ou « Neutre et actif » est tout de même assez important. Pour l’heure, ma position est plutôt : irrité et poussif quant au choix final, mais pour sûr j’irai voter !

Seule maigre consolation après 12 heures d’attente pour les présidents de bureaux de votes, les assesseurs et autres scrutateurs à 20 heures : le décompte ne devrait pas s’éterniser. La mise en place le matin sera plus longue que le dépouillement le soir.

Quadripartisme reconstitué

En France, le séisme macronien de 2017 est toujours actif ! Dans bien d’autres pays autour de nous, Italie, Espagne, Grèce, Danemark,… le paysage politique traditionnel s’est transformé. Sont apparues de nouvelles forces politiques, ex nihilo, ou se sont vues confortées d’ancestrales extrêmes droites au gré des afflux de migrants.

Dans notre pays, le quadripartisme d’antan : F.N. /U.M.P./P.S./Verts est entrain de muter en un nouveau... quadripartisme : R.N./ L.R./L.R.E.M./L.F.I. Quel beau résultat…tout ça pour ça !

Dimanche 26 mai va se rejouer l’éternel scénario du « référendum anti- » parti présidentiel en place. Du R.N., aux «  Patriotes » à « Debout la France » jusqu’à l’U.P.R. du fantasque et menteur François Asselineau (confère la vidéo : https://youtu.be/9susYbhX490 de Aude Favre), le seul but politicien est de faire chuter le parti présidentiel !

Le seul changement ? Un transfuge de la L.F.I. pour le R.N. annoncé dans les grands médias à 10 jours du scrutin. Sur BFMTV, l’annonce d’Andréa Kotarac, conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes et ancien membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017 a fait sensation. Ce jeune élu a annoncé, le 14 mai, qu’il « appelle à voter pour la seule liste souverainiste, la seule apte à faire barrage à Emmanuel Macron, celle de Jordan Bardella" du Rassemblement national.

La question qui se pose toujours dans ce type de moment-là : trajectoire personnelle ou prémices d’une alliance à l’italienne entre populistes possible en France à moyens termes ?

Encore une fois, quelles qu’en soient les raisons, il apparaît clair au vu du timing que les intérêts des citoyens français et européens passent au second plan. Les politiques français, durant cette courte, trop courte, campagne, posent-ils vraiment les questions importantes pour l’Europe et surtout apportent-ils des solutions viables à ces questions ?

  • Déficit de démocratie

  • Déficit de social

  • Déficit de défense commune

  • Déficit de projets communs en matière numérique

  • (problème franco/français) Déficit d’investissement de nos représentants au parlement européen

En conclusion, oui il faut se prononcer dimanche prochain. Le but n’est vraiment pas de fournir à tel ou telle un strapontin bien rémunéré pour les cinq prochaines années. Mais bel et bien de nous représenter au mieux pour un avenir commun, avec ou sans les anglais.

Ces mêmes Anglais qui, comme un pied de nez, dominent le football européen et risquent bien de nous éliminer en poule lors de la Coupe du monde de rugby, sont tout de même appelés à voter dans quelques jours. Et je me refuse à nous voir battus à nouveau, cette fois en matière de participation au scrutin !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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