Menaces sur la supply chain : comment réagissent les entreprises françaises ?

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Par Christophe Philippart Publié le 18 décembre 2018 à 6h06
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49%49% des entreprises françaises interrogées avouent ne disposer d?aucune mesure pour protéger leur supply chain en cas de crise économique,

Les entreprises françaises protègent-elles suffisamment leur supply chain dans un contexte économique incertain ? On est parfois en droit de se le demander, tant le sujet se fait discret dans les médias français. Pourtant, les cyberattaques ciblant la chaine d’approvisionnement ne cessent de se multiplier, tout particulièrement en Europe, et ce dans le secteur des entreprises de services, avec en tête les finances et les nouvelles technologies.

La France en décalage

Dans une récente étude portant sur la manière dont les entreprises protègent leur supply chain face aux menaces, les entreprises de l'Hexagone se distinguent par leur retard dans la gestion des menaces de la supply chain. Or, dans un monde de plus en plus concurrentiel et mondialisé, il s’agit désormais d’un sujet incontournable.

Face aux risques de plus en plus croissants que court la supply chain, de nombreuses entreprises font appel à des applications. Qu’elles permettent d’optimiser la gestion de la chaine, d’analyser les risques ou d’introduire des failsafe, ces applications répondent toutes à une opération particulière de la supply chain, et sont de plus en plus vues comme indispensables. Or, la France semble en retard sur ce sujet. Elles sont ainsi 73% à exploiter l’optimisation du réseau, contre 78% en moyenne chez les sondés des autres pays interrogés. Même chose pour l’optimisation des transports (66 % contre 76 %), de l’inventaire (82 % contre 89 %) ou de l’analyse des risques (66 % contre 74 %). Le retard se fait encore plus criant face à des pays comme la Chine, dont 89 à 97 % des entreprises font appel à des applications pour optimiser leur supply chain !

Principale distinction des entreprises françaises : l'Hexagone est, avec la Chine, le pays qui se dit le plus concerné par les taxes, 56 % des entreprises voyant la hausse de ces dernières comme la menace principale sur leurs approvisionnements dans les prochaines années. Et, avec le Japon, le pays qui est le plus préoccupé par la gestion des risques naturels, avec 55 % d’entreprises inquiètent du sujet, pour seulement 44 % pour le reste du monde.

En ces temps de Brexit et de guerre commerciale entre les Etats-Unis d’Amérique et la Chine, de plus en plus d’entreprises ont également montré des signes de fébrilité, inquiètes de la possible résurgence d’un nationalisme économique. Les entreprises interrogées en France ne semblent pas partager cette inquiétude. Elles ne sont que 35 % à le faire, contre 46 % en moyenne chez les sondés, et, naturellement, 64% au Royaume-Uni. Signe de confiance et de pérennité, ou d’une vision décalée du contexte. On a pu encore le voir ces dernières années : le pays a mis plus de temps que ses voisins à sortir de la crise et retrouver son niveau industriel d’antan. D’où vient cette différence culturelle ? D’une perception de l’avenir basée sur le long terme, et non le court terme. La France fait en effet partie des pays envisageant l’impact des perturbations économiques sur une plage allant d’une à trois années. Elles ne s’inquiètent pas de ce qui leur arrive maintenant, mais de ce qui risque, peut-être, d’arriver plus tard.

En conséquence de quoi, presque la moitié des entreprises françaises (49 %) interrogées avouent ne disposer d’aucune mesure pour protéger leur supply chain en cas de crise économique, contre 54% des entreprises des autres pays en moyenne, et 66% au Royaume-Uni. De même, tout juste un tiers déclarait être proactives face à cette problématique, là où elles sont 51% en moyenne en Europe.

L’adoption de technologies pour transformer la supply chain des multinationales françaises

Il faudrait pourtant que les entreprises françaises changent de perspective, et décident de prendre les mesures de précaution nécessaires pour prévenir les risques, au lieu de les subir et d’éteindre l’incendie uniquement lorsque ce dernier s’est déjà propagé. Aujourd’hui, avec un monde toujours plus connecté et international, la vitesse de réaction est devenue absolument primordiale, car la moindre défaillance ou retard est de moins en moins accepté, et avec des conséquences toujours croissantes.

C’est en prenant en compte toutes les données du contexte économique que les décisionnaires pourront faire face. La flexibilité de la supply chain est synonyme de sa pérennité et de sa capacité à tenir face aux déconvenues. Si, auparavant, avoir une Supply Chain robuste, solide et fonctionnant telle une machine bien huilée était la voie à suivre, aujourd’hui, la flexibilité est le maitre mot. A défaut d’empêcher un incident de se produire, il faut être capable de le résoudre rapidement, mais également faire en sorte qu’il interfère le moins possible avec le bon déroulement du reste des activités de la Supply Chain. Utiliser les nouvelles technologies, comme l’IoT, le machine learning, l’impression 3D ou encore l’IA pour pousser au maximum l’adaptabilité de la Supply Chain, anticiper les risques potentiels et savoir y répondre comptera plus que tout. Les entreprises chinoises l’ont bien compris puisque 75% des fabricants indiquent investir dans l’IoT contre 30% pour leurs homologues français.

Les possibilités ne manquent pourtant pas pour s’assurer que la supply chain continue de fonctionner malgré les perturbations et les imprévus. Mais il existe également de nombreuses applications, qui permettent de collecter les données sur la supply chain, de suivre son fonctionnement et de mettre en place des simulations de risque et des réponses d’optimisation de plus en plus réactives et efficaces. Un logiciel dédié au design de la supply chain peut par exemple aider les entreprises à visualiser un problème en tirant parti de données volumétriques permettant d’identifier rapidement les sources et les flux des différents fournisseurs. Les multinationales du monde entier utilisent ces solutions et se préparent aux crises en amont. La France, sixième puissance mondiale, et ses dizaines de milliers d’entreprises internationales, n’a aucune raison de ne pas le faire.

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Christophe Philippart, Head of South West Europe chez LLamasoft

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