Fait religieux dans l’entreprise : une tolérance qui a ses limites

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 2 février 2018 à 20h38
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10 %Seuls 10 % des dirigeants d'entreprises accepteraient qu'un(e) salarié(e) refuse de serrer la main d'une personne de l'autre sexe.

Selon un sondage Harris Interactive, le fait religieux sur le lieu de travail est accepté jusqu’à un certain point. En revanche, d’autres comportements rencontrent un rejet net. Cerise sur le gâteau : dans les faits, 4 patrons sur 5 n’ont constaté aucune manifestation du fait religieux dans leur entreprise.

Fait religieux : des aménagements formels non, des aménagements informels peut-être

Sur le lieu de travail, le fait religieux reste une zone grise où les décisions se prennent encore au cas par cas, en fonction des jugements personnels des dirigeants. Le sondage Harris Interactive sur la question, dévoilé ce 2 février 2018, montre que les partons sont majoritairement prêts à accepter certains comportements, mais pas d’autres.

Ainsi, 93 % des dirigeants accepteraient qu’un(e) salarié(e) pose un jour de congés pour des raisons religieuses et 83 % accepteraient qu’un(e) salarié(e) jeûne pendant ses heures de travail. En revanche, ils ne sont que 43 % à accepter qu’une personne refuse de manger avec ses collègues de travail. Seuls 19 % accepteraient le souhait d’une personne de faire aménager de ses horaires de travail de façon à pouvoir prier, seuls 12 % accepteraient d’aménager des espaces comme des salles de prière et seuls 10 % accepteraient qu’un(e) collègue refuse de serrer la main d’une personne de l’autre sexe. Il est intéressant de noter que seuls 16 % des dirigeants se sont dits partants pour mettre en place des aménagements de travail formels pour leurs salariés, alors même que la proportion de ceux qui envisageraient des aménagements informels grimpe à 32 %.

Sur le lieu de travail, le fait religieux se manifeste essentiellement par des demandes de congés et des prières

Il faut bien admettre que la grande majorité des dirigeants d’entreprises qui se sont exprimés sur la question l’ont fait de manière hypothétique, puisque, de leur propre aveu, seuls 18% ont réellement eu connaissance de faits religieux au sein de leur entreprise.

Les situations les plus fréquentes liées au fait religieux qu’ils ont rencontré sont des demandes de congés liés à une fête religieuse qui n’est pas un jour férié (53 %), des prières (48 %), des signes religieux ostentatoires (27 %), des aménagements du temps de travail pour raisons religieuses (25 %), le refus de serrer la main d’une personne de l’autre sexe (24 %), le refus d’effectuer une tâche pour raisons religieuses (20 %), le prosélytisme religieux (19 %) et le refus de travailler avec une personne de l’autre sexe (16 %). Dans une moindre mesure, le fait religieux se manifeste par un refus de travailler un jour particulier de la semaine (12 %) et par une demande de mise à disposition d’un lieu de prière dans l’entreprise (10 %).

Le sondage « Étude sur le fait religieux en entreprise » a été réalisé par Harris Interactive pour le compte de l’Institut supérieur du travail, du Crif et du Figaro. Les réponses ont été collectées par téléphone du 10 au 24 janvier 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 300 dirigeants et 103 représentants du personnel issus d’entreprises de 100 salariés et plus en appliquant la méthode des quotas, puis redressés aux variables suivantes : taille, secteur d’activité et région de l’entreprise.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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