La financiarisation et la collectivisation de votre épargne avant sa destruction

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Par Simone Wapler Publié le 13 août 2016 à 5h12
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117,5 MILLIARDS ?Au 31 décembre 2015, l?épargne salariale atteint 117,5 milliards d?euros d?encours

Les marchés financiers sont manipulés par les banques centrales. Le système financier est au bord de l’explosion. Mais tout est fait pour que votre épargne soit prisonnière. Je fais partie de ceux qui pensent que l’Etat ne nous veut pas que du bien. Ce genre d’idée est considérée comme maléfique et nuisible par ceux qui aiment bien se défausser de leurs responsabilités sur la “puissance publique” et ceux qui oeuvrent pour cette même “puissance publique”. Ils sont nombreux…

Je pars du principe que l’Etat ne nous veut pas que du bien car il a tendance à vouloir étendre ses prérogatives, son influence et son importance. C’est sa pente naturelle. L’épargne est dans notre pays mal vue. C’est un geste de défiance envers l’Etat Providence qui s’occupe de notre bien-être de la crèche à la tombe. La redistribution n’est-elle pas censée pourvoir à tout ? Le chemin vers l’indépendance financière va dans le sens opposé de celui de la servitude qui est la dépendance à la manne publique. L’indépendance financière réduit l’influence de l’Etat sur notre vie. L’épargne est donc tolérée mais punie, taxée, contrôlée, orientée, encadrée. Très encadrée…

Entrée libre mais sortie bien gardée

La loi dite Sapin 2 contient une disposition qui vient d’être votée par le Sénat et permet aux gérants français de mettre des barrières (gates en jargon anglais financier) aux fonds ouverts pour “limiter les risques de course au premier sortant et protéger in fine les investisseurs des conséquences de ventes forcées d’actifs“. Cette disposition concerne aussi les fonds immobiliers dits OPCI.

Protection, sécurité : évidemment, on nous présente cette disposition comme étant pour notre bien. En réalité, ces fonds ne sont donc plus qu'”ouverts” dans le sens entrée. Vous y entrez quand vous voulez mais vous n’en sortez plus comme vous voulez. Enferme-t- on les gens pour leur bien ? Non, on les enferme toujours pour le bien de ceux qui restent à l’extérieur.

Je n’ai qu’un conseil : évitez les fonds français, préférez les fonds étrangers qui n’adoptent pas encore ce genre de dispositifs. Dans tous les cas, lisez attentivement les conditions d’activation des barrières (gates). Alors que la volatilité (terme financier lénifiant pour désigner un risque de perte) augmente sur les marchés financiers, les autorités semblent craindre que les épargnants ne cherchent autre chose, ne se dirigent en dehors des marchés financiers.

Les banques craignent que notre épargne n’emprunte d’autres chemins (financement participatif ou crowdfunding, actifs tangibles, placements dits “atypiques”) au détriment de leurs produits (actions, obligations et OPCVM gérés par elles). Il est vrai qu’une fuite éperdue hors des obligations de l’Etat français, hors de l’assurance-vie, hors des marchés financiers encadrés, contrôlés et surtout manipulés aurait un mauvais effet.

La loi est faite pour orienter vers l’épargne financiarisée

Sous prétexte de sécurité, tout est donc fait pour que l’épargne reste dans le circuit bancaire et financier. Ainsi les fonds d’investissements alternatifs, FIA, sont depuis 2014 strictement encadrés par l’Autorité des Marchés Financiers. Pourtant, ils ne sont pas “collectifs”, contrairement aux OPCVM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières) mais ne pas être collectif est devenu une tare.

Désormais, les FIA sont donc soumis à une multitude de contraintes réglementaires. Les promoteurs de placements privés ne peuvent plus communiquer que vers un très petit nombre de personnes. Sinon, le coût administratif et juridique de mise au niveau d’exigence de l’AMF devient exorbitant et plombe la rentabilité de petites structures. Regrettable car certaines proposent des investissements judicieux, productifs, innovants, adossés à des actifs tangibles et finalement moins dangereux que tous ceux qui sont exposés aux marchés financiers manipulés par les banques centrales.

Encore une fois, je doute que, dans le contexte actuel, cet arsenal réglementaire vise l’intérêt des épargnants. Il vise surtout à protéger la rente de l’industrie financière !

L’immobilier n’échappe pas à la règle

Même l’immobilier est sous le coup de ce contrôle réglementaire dissuasif. La “loi numérique” qui vient d’être définitivement adoptée par l’Assemblée nationale s’est intéressée aux plateformes de logement locatives de type Airbnb. “Le texte prévoit que certaines communes pourront rendre obligatoire l’enregistrement de locations ponctuelles via des sites internet, un numéro de déclaration devant être publié dans l’annonce. La plateforme devra notamment veiller à ce que le logement ne soit pas loué plus de 120 jours par an”, indique Sciences et Avenir.

Ceux qui tentaient de retrouver du rendement, d’échapper au gonflement des prix immobiliers voulu par la politique monétaire et au contrôle des loyers en seront pour leurs frais. Non, l’Etat ne nous veut pas que du bien, il préfère que nous empruntions la route de la servitude plutôt que celle de l’indépendance financière. Comment sinon financer ses dépenses de redistribution ? La collectivisation de l’épargne et sa financiarisation sont donc bien une volonté délibérée.

Les intérêts de la puissance publique – maintenir votre argent dans un système monétaire et financier au bord de l’explosion et outrageusement manipulé par les banquiers centraux– passent avant les vôtres.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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