Pourquoi la fintech française a toutes ses chances

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Par Guillaume Bonneton Publié le 27 avril 2016 à 5h00
Fintech France Levees Fonds 2015
80 %80 % des montants levés par la Fintech en 2015 l'ont été aux Etats-Unis

De tous les secteurs innovants, la Fintech est aujourd’hui un des plus dynamiques, avec partout des levées de fonds record en 2015.

Cependant, 80 % de ces montants investis l’ont été aux États-Unis et 80 % du restant en Grande-Bretagne. De plus, sur les 3 milliards d’euros de transactions déjà enregistrés par les plateformes alternatives en Europe, seuls 620 millions l’ont été sur le continent, dont un quart à peine en France. Est-ce à dire qu’il serait déjà trop tard pour les jeunes pousses françaises ? Que, comme dans tant d’autres domaines technologiques, l’avance prise par les acteurs américains est trop importante ? Pas vraiment, et ce pour quatre raisons.

Premier facteur en faveur des fintechs françaises : la réglementation. Pour obtenir l’agrément nécessaire à leur implantation, les acteurs internationaux doivent adapter leur modèle, leurs structures et leurs opérations conformément aux exigences des autorités de régulation locales. Un parcours long et complexe qui peut dissuader les start-up américaines ou, du moins, retarder leur expansion. Et donc donner aux start-up nationales un répit qu’elles pourront mettre à profit pour grandir, se renforcer et gagner des parts de marché décisives pour le futur.

Un deuxième élément favorable réside dans la nature même de l’activité bancaire, qui repose avant tout sur la confiance. Or, pour gagner celle des consommateurs, les start-up hexagonales ont l’atout de la proximité face à leurs rivales anglo-saxonnes et celui de la nouveauté face aux établissements traditionnels. Cible prioritaire, les millenials gardent en effet en mémoire la façon dont les banques ont pu les traiter, ou leurs parents, au cours des dernières années. Ils en ont conçu une certaine défiance et toute alternative leur semblera préférable, surtout si elle intègre nativement les outils, les pratiques et les valeurs du digital.

Mais les grandes banques françaises ne servent pas aux fintechs qu’à faire valoir, par contraste, leurs différences. Leur poids constitue aussi un catalyseur pour l’ensemble de la filière, et c’est là le troisième facteur d’optimisme pour les start-up. À la différence d’autres pays, la France a su conserver des banques puissantes, de dimension internationale, présentes dans l’ensemble des métiers de la finance. Loin de seulement chercher à étouffer cette concurrence émergente, certain de ces groupes semblent plutôt enclins à la stimuler pour mieux profiter de sa capacité d’innovation. De l’incubation au partenariat, voire à l’acquisition, on observe ainsi quantité d’initiatives de la part des majors pour s’entourer d’un écosystème fintech. Par ailleurs, cette tradition bancaire qui demeure fait de la place de Paris un vivier de compétences prêtes à lancer ou accompagner les jeunes entreprises (auxquels il faut ajouter les expatriés de la City à portée d’Eurostar).

Enfin, quatrième et dernier aspect positif, le climat et l’environnement propices qui règnent actuellement en France. D’assouplissements réglementaires spécifiques pour certains verticuax (peer to peer lending, etc.) en dispositifs d’accompagnement, les pouvoirs publics témoignent d’une relative bienveillance encourageante. Et les entrepreneurs hexagonaux, à qui on a longtemps reproché la modestie de leurs ambitions, semblent eux aussi avoir fait leur révolution culturelle. Très souvent désormais, leurs projets s’inscrivent d’emblée dans une vision européenne, visant ainsi dès l’origine la taille critique qui leur permettra de se mesurer à leurs homologues anglais ou américains. Compétences, environnement, détermination, chance… bien des facteurs conditionnent la réussite d’une start-up. En dépit la compétition internationale, les fintechs françaises ne manquent pas d’atouts dans leur jeu. À elles d’en user habilement.

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Avant de rejoindre GP Bullhound en 2010, Guillaume Bonneton a travaillé pour le BCG, la Deutsche Bank et Jefferies. Il est diplômé de l'ESCP Paris, et titulaire d'une maîtrise en droit des sociétés de Paris II, ainsi que d'un MBA à l'INSEAD.

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