Le FMI, ses risques et ses conseils

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 10 octobre 2018 à 10h07
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198Le passif des administrations publiques est plus large que la dette : 198 points de PIB.

Comme chaque année en octobre, le FMI délivre ses conseils. Il rappelle au passage que le renforcement de la stabilité du système financier est une œuvre jamais achevée.

Le FMI évoque des risques : d’un endettement élevé à des choix risqués de politique économique

Le début du mois d’octobre est traditionnellement le moment de la publication d’un certain nombre de sages « recommandations » par le FMI. L’institution internationale le fait dans le cadre de ses annual meetings, organisés conjointement avec la Banque Mondiale. Dans son Rapport sur la Stabilité Financière Mondiale, le FMI pointe « des risques de court terme pour le système financier qui ont augmenté au cours des six mois passés ». Ils se développent le long d’une ligne qui va d’un endettement élevé à des choix risqués de politique économique (entraves au commerce extérieur, sortie du Royaume-Uni de l’UE et décisions budgétaires hétérodoxes dans certains pays de la Zone Euro) en passant par un dollar plus fort et des taux longs américains orientés à la hausse.

Et le FMI de rappeler que le renforcement de la stabilité du système financier est une œuvre jamais achevée. Dans son nouvel opus de son Moniteur Budgétaire (Fiscal Monitor en anglais), le FMI insiste sur deux éléments bilanciels des comptes publics. D’abord, l’importance des actifs détenus : 101 000 milliards d’USD, soit 219 points de PIB, pour un échantillon de 31 pays. Il y aurait ici de quoi extraire à-peu-près 3 points de PIB de revenus annuels supplémentaires. Ensuite, et hélas en contrepoint, le passif des administrations publiques est plus large que la seule dette : 198 points de PIB dont moins de la moitié au titre de cette dernière. Les engagements au titre de la retraite des fonctionnaires représentent une large part de ce solde et le reste est constitué avant tout de l’endettement des entreprises publiques. Une meilleure qualité d’information sur ces questions serait un premier pas vers une meilleure gestion.

L'Union européenne va s'ttirer les foudres de l'Italie

Les conseils peuvent-il être entendus par Rome ? On comprend que le Cabinet est « embêté » par l’élargissement du spread BTP – Bund (pour une maturité 10 ans, il oscille ce matin autour de 300pdbs). Ce n’est pas pour autant qu’il paraît désireux de revoir la trajectoire proposée pour le déficit budgétaire, avec un niveau projeté de 2,4 points de PIB pour 2019 qui est lu par le marché comme porteur d’un risque très concret d’atteindre 2,8 ou 2,9 points. Si après les discussions qui vont avoir lieu au cours des prochaines semaines entre Rome et Bruxelles (elles devraient se terminer avant la fin novembre), le budget est considéré comme non-conforme, la Commission aura le choix entre sanctionner le « contrevenant » au tire du non-respect du volet préventif du Pacte de stabilité et de croissance ou d’ouvrir une procédure pour déficit excessif. Disons que la première approche autorise une sanction à la fois plus faible et décalée davantage dans le temps que la seconde. Au-delà du suivi des procédures prévues, s’engager dans cette direction est politiquement compliquée : une réaction critique, voire hostile, en Italie. Mais, inversement, ne pas le faire revient à s’exposer à la critique des pays-membres aux attitudes budgétaires plus vertueuses. Dans les deux cas, l’UE prendra des coups.

On l’a dit ; il est compliqué de comprendre l’attitude des autorités chinoises face à la montée des pressions commerciales des Etats-Unis. François Godement, le fin connaisseur de la Chine qui travaille actuellement à l’European Council on Foreign Relations, semble considérer que la pratique des relations internationales par Pékin devient moins brutale. Mais que les tentatives de rallier l’Europe et le Japon à des initiatives contre la politique américaine sont vouées à l’échec. En termes de politique économique, les choses sont encore moins claires. Pékin annonce des mesures ponctuelles pour assurer le maintien d’un certain niveau de croissance, mais ne présente aucun plan d’ensemble. Tant est si bien que tout le monde s’interroge. Et hier le secrétaire américain au Trésor de mettre en garde contre une attitude délibérée de dévaluation compétitive du yuan par les autorités monétaires chinoises. On le perçoit, du manque de clarté nait le soupçon ; surtout quand la confiance manque. Dans tous les cas, il est sûr que des tensions sur le marché des changes ne participeraient pas du besoin de stabilité recherché par les officiels chinois au cours de cette période compliquée.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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