Le e-learning, un outil indispensable qui peine à se développer

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Par Vincent Belliveau Modifié le 15 décembre 2012 à 8h04

En France, il est des domaines où l’on peine à recruter, tandis que le chômage augmente… Un paradoxe qui révèle l’origine de nos maux : le manque de main d’œuvre suffisamment qualifiée ou adaptée aux besoins réels des entreprises. Pour stimuler la croissance et résorber le chômage, il faut, plus que jamais, mettre l’accent sur la connaissance, donc sur la formation, celle des étudiants mais aussi celle des professionnels à travers la formation continue.

Les nouvelles technologies ont apporté leur précieux concours dans l’adaptation des dispositifs de formation aux organisations du travail. Le e-learning, alternative moderne aux méthodes classiques d’apprentissage et d’évaluation des connaissances, est ainsi apparu, portant avec lui de nombreuses promesses, dont celles d’une liberté nouvelle pour les apprenants, et celle d’une plus grande productivité à coût moindre pour les entreprises.

Quinze ans après l’apparition du e-learning, l’étude récemment publiée par le Cabinet Fēfaur dresse un constat nuancé qui a suscité notre vif intérêt, en particulier ce point : si les grandes entreprises se sont aisément et largement appropriées l’outil (88%) des entreprises sont équipées d'une (54%) ou de plusieurs (34%) plateformes LMS (Learning Management System), le pourcentage du nombre de connectés dans l'entreprise reste encore peu élevé : moins de 10% de salariés connectés dans 30% des entreprises. Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile, disait La Fontaine…

On l’a dit, le niveau de connaissance et de compétence des salariés est au cœur des enjeux de l’emploi en France. Une formation insuffisante ou non prise au sérieux a donc des conséquences sociales et humaines graves. L’étude montre que les entreprises l’ont compris en consentant un considérable effort d’investissement. Comment expliquer en revanche la faible implication des salariés ? Et comment y remédier ? Certes les éditeurs peuvent encore améliorer la qualité intrinsèque du produit proposé en diversifiant et en affinant le contenu des formations « métiers » sur le fond, en optimisant l’ergonomie et la qualité visuelle des modules sur la forme, etc.

Le vrai frein est surtout, sans doute et comme souvent, psychologique. L’e-learning, en effet, virtuel par nature, confronte à la machine. Certains y trouveront un aspect ludique appréciable mais d’autres déploreront l’absence de l’humain. Face à ce « besoin de réel », légitime, plus structurant socialement, l’offre dite « Blended Learning » a apporté une première réponse, en proposant une solution couplant formation présentielle, ou tutorée, et e-learning. Une seconde réponse consiste pour les développeurs à donner corps à une communauté virtuelle d’apprenants, qui permettrait de combler cette aspiration à l’appartenance en rapprochant le virtuel des situations sociales réelles. L’entreprise peut et doit tout faire pour démocratiser la formation auprès de ses salariés.

Un autre élément permet d’expliquer le peu d’implication des français dans leur formation professionnelle : le fait culturel. En effet, malgré les nombreux dispositifs en place dans l’hexagone, il ressort d’une étude récente menée à l’échelon européen que seul un salarié français sur deux est à l’origine de sa formation (ou prend la décision conjointement avec son manager). Pour l’autre moitié, la décision provient des supérieurs et est vécue avec une certaine passivité. En Allemagne et en Espagne, près de 70% des salariés sont les propres initiateurs de leur formation. Le souhait d’apprendre, l’apprentissage lui–même, et le développement personnel requièrent une capacité d’initiative et d’autodiscipline. Partant de ce postulat, les entreprises doivent aujourd’hui, parallèlement à l’acquisition de solutions LMS, sensibiliser et responsabiliser leurs collaborateurs en expliquant que la technologie, même la plus aboutie, ne peut pas tout.

En somme, l’efficacité des formations en entreprise dépend certes de la convergence de faisceaux techniques, organisationnels, administratifs, économiques, politiques, financiers… mais aussi et surtout de l’état d’esprit des collaborateurs d’une entreprise ! Bien plus encore que les éditeurs, ce sont eux qui donneront à l’outil LMS la pleine mesure de sa vocation pédagogique.

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Vincent Belliveau est Vice-président exécutif et directeur général Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) de Cornerstone OnDemand. Il supervise l'ensemble des opérations européennes de Cornerstone : ventes et marketing, mise en oeuvre, services et support. Avant de rejoindre Cornerstone OnDemand, Vincent Belliveau était Directeur pour l'Europe du Nord-Est des divisions Master Data Management (MDM) et Information Integration Solutions d'IBM. Il a affûté ses compétences en analyse commerciale et conseil en gestion au sein de McKinsey & Company. Il est titulaire d'un Commerce Baccalaureate (B.Com) de la McGill University, où il s'est spécialisé en comptabilité et finance.

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