Mobilisation pour un retour à l’activité pour tous

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Par Jacques Martineau Publié le 16 novembre 2015 à 5h00
Emploi France Solution Chomage Crise
3,5 millionsOn compte plus de 3,5 millions de chômeurs en catégorie A en France.

La France ne peut plus se contenter de mesures « placebo » en matière d’emploi. Les variations actuelles annoncées sur le nombre de chômeurs ou de sans emploi sont insignifiantes et dans tous les cas mal interprétées. Silencieuse, toujours en référence à un « modèle » du passé, la France doit se préparer à de profonds changements autour de l’activité. On ne bâtit pas l'avenir d’un pays sur l’inactivité et sur le désespoir. Gardons-nous surtout de comparaisons hâtives permanentes avec le Royaume-Uni, l’Allemagne, voire les Etats-Unis qui ont des modèles sociaux différents et dont les taux et dont les chiffres réels du chômage sont largement discutables. Etant entendu que partout comparaison n’est pas raison, c’est du problème de l’emploi en France qu’il s’agit.

Quelques rappels pour mieux comprendre…

Voir baisser le taux de chômage de quelques dixièmes de pour cent n’est évidemment pas satisfaisant. Avec un taux de croissance en progrès mais inférieur à 1,5%, la courbe du chômage n’est pas prête de s’inverser. Or, n’oublions pas que c’est l’activité qui génère la croissance et non l’inverse !

Le retour à l’activité « marchande » est une priorité urgente pour « tous », jeunes diplômés ou non, licenciés, sans emploi et seniors. Il est possible d’y parvenir grâce à la mise en place de Centres de Pré-Qualification à l'Emploi (CPQE) et d’un contrat d'activité, sous forme de CDD de 18 mois, tripartite : employeur-assurance chômage-formation dont les principaux bénéficiaires doivent être les TPE, PE et ME. Nous l’avons expliqué en contrepartie, cela entrainerait la création de plus d’un million d’emplois générant plus de 10 milliards d’euros d’économie pour l’Etat.

Nous avons eu déjà l’occasion de le dire, d’en débattre, de présenter ces propositions en conférences, à des députés et à des sénateurs, puis au plus haut niveau des deux exécutifs successifs depuis le début du quinquennat et enfin de l’écrire (1)... Pour ces derniers (politiques) et pour leurs « entourages », ils se disent tous intéressés, vous encouragent, l’écrivent même, mais laissent le tout sans suite, faute de temps, trop préoccupés par leur devenir ! Au lieu de juger ces réactions, chacun se fera son opinion. Non, la France ne peut pas continuer à laisser se dégrader sa situation économique et sociale, tout en regardant passivement l’inactivité croître et en attendant des « jours meilleurs » !

Une priorité : stimuler l’activité

L’image « adulée » défendue aux yeux des citoyens est celle d’une politique d’austérité et de rigueur dans un pays qui retrouve ses équilibres. Elle est colportée en continu par les médias, comme la seule solution pour sortir de la crise, faute d’imagination. Le moyen et le long terme sont deux notions qui échappent à un grand nombre d’experts du « futur immédiat », plus médiatiques et plus politiques qu’économistes. Tout comme la nuance importante qui existe en activité et emploi. C’est pourquoi, il faut refuser la cécité croissante entretenue par la plupart de nos gouvernants, de nos politiques, de nos dirigeants d’entreprise, de nos journalistes ou de nos experts économiques et financiers. Embarrassés, ils se réfugient derrière des chiffres confus (chômage, croissance, déficit, dette, etc.), souvent sans valeur ajoutée, présentés comme se « voulant en progrès » ou « rassurants » pour les uns, « inquiétants » pour les autres.

Quels résultats peut-on espérer ?

Les résultats à espérer par un retour à l’activité pour « tous » sont à la hauteur de l'enjeu, associé à une facilitation et à un renforcement de l’investissement. Il s'agit en effet d'un projet concret pour notre pays. Cette approche peut contribuer à briser la dynamique négative actuelle, basée sur la réduction continue de l'activité et des emplois. Le progrès technologique et scientifique, associé à la mutation environnementale et à l’évolution sociale est à prendre en compte et doit servir de stimulateur. Le retour à l'activité dans le secteur privé, présenté comme un accès au travail marchand pour tous, est un espoir pour toutes les personnes concernées dans la mesure où il est guidé par une ambition forte et affichée de réinsertion sociale et économique des exclus.

Au plan individuel, l'espoir dans le concret c'est d'abord un retour à la dignité de la personne, la confiance en soi retrouvée, la capacité d'initiative et de prise en charge progressive de ses problèmes. C'est aussi le retour à l'esprit de solidarité de proximité, l'implication familiale, la reconnaissance de l'autre, le sens des responsabilités, des devoirs et des contraintes. C'est enfin le retour au besoin de mieux-vivre et de se projeter dans le futur.

Au plan collectif, les perspectives de sortie d'une voie sans issue, comme l'idée même de pouvoir inverser les tendances perverses d'un système décourageant, sont mobilisatrices pour créer une dynamique positive de dignité et de solidarité, favorisant les conditions d'un retour progressif à l'emploi quelles qu'en soient les nouvelles formes. La confiance et l'espoir seront par effet d'entraînement les meilleurs moteurs de la relance de la consommation. Celle-ci redeviendra un comportement naturel, salvateur pour toute notre économie. C'est pourquoi, le retour à l'activité aura inévitablement des retombées directes sur la création d'emplois pour satisfaire de nouveaux besoins.

Rebâtir une dimension sociale à la hauteur des enjeux

En reconnaissant la dimension sociale du travail et la nécessité du retour à l'activité pour tous comme une solution de transition pour mieux sortir de la crise, l'Etat revalorise ses actions et tient son rôle. La notion de solidarité nationale et d'effort reprend tout son sens. C'est peut-être l'amorce d'une recomposition du tissu socio-économique. C'est aussi l'occasion d’imaginer, de repenser, d'optimiser et de rendre plus cohérents la nature et les circuits de flux d'aides diverses aux entreprises, aux régions, aux collectivités locales et aux individus. Les citoyens, électeurs et contribuables, ne verront plus leur rôle se limiter à celui de « vaches à lait » ou inversement à celui d'« assistés sociaux » dépendants.

En réduisant dans les faits une partie des clivages et des injustices de notre société on peut s'attendre à une meilleure mobilisation des énergies et des compétences dans toutes les entreprises, publiques et privées, du secteur marchand bien que en priorité les artisans, les TPE et les PE en bénéficieront. Les exigences, les besoins et les revendications seront d'une autre nature. On peut espérer sortir d'une partie des situations de blocages actuels en évitant d'entretenir sans cesse une spirale infernale négative à très haut risque : démobilisation-marginalisation-exclusion-explosion-sociale. Mais il faut réagir et tout de suite !

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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