Une jeunesse en crises entre formation et emploi

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Par Laurent Espine Publié le 4 mai 2016 à 5h00
France Jeunes Crise Chomage Travail
25 %25 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage.

Alors que la loi El Khomri soulève les foules et notamment la jeunesse, la question de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés semble remise sur le devant de la scène.

Emplois de courte durée, phénomènes de « déclassement », salaires faibles,… les jeunes après l’obtention de leur diplôme sont soumis à une certaine précarité sur le marché du travail,… lorsqu’ils trouvent un travail. Et ce ne sont pas les mesures de réorganisation du Code de Travail qui semblent arranger les choses. « La jeunesse n’a pas toujours raison. Mais la société qui la méconnaît et la frappe a toujours tort. », dixit François Mitterrand.

De fait, cette société semble rythmée par deux dynamiques contradictoires : d’un côté, le marché du travail qui a des possibilités d’embauches mais qui ne trouvent pas chaussure à son pied et, de l’autre, le système éducatif qui propose une formation toujours plus longue sans avoir un taux d’insertion des jeunes diplômés satisfaisant. Il semble donc urgent de trouver une solution…

Le constat en France

Un quart des jeunes français de moins de 25 ans sur le marché du travail est au chômage, tandis qu’environ 350 000 offres d’emploi seraient non pourvues chaque année. Tels sont les chiffres paradoxaux qui caractérisent le système français. Selon l’étude « De l’enseignement à l’emploi : engager les jeunes européens sur la route de l’emploi », réalisée par McKinsey Center for Governm en 2014, la réponse serait à chercher du côté du décalage qu’il y aurait entre la formation initiale délivrée aux jeunes et les compétences attendues par les employeurs. Ainsi 28 % des employeurs français indiquent qu’ils ne parviennent pas à trouver les compétences dont ils ont besoin (notamment en anglais qui représente 79% des demandes des entreprises), et ce déficit de compétences se révèle l’une des principales causes de non-recrutement. A côté de cela, les jeunes ayant un diplôme élevé (grandes écoles, doctorats) ont vu leur nombre augmenté à Pôle Emploi, et ce, depuis 2012.

Pour pallier cette morosité ambiante, de plus en plus de jeunes diplômés partent étudier et/ou travailler dans des pays étrangers réputés pour avoir un marché du travail plus dynamique et des niveaux de salaires plus élevés qu'en France, comme aux Etats-Unis.

Le modèle à l’américaine

Grâce à une véritable politique de coordination entre les organismes éducatifs, les entreprises et le gouvernement, les Etats-Unis ont créé un système de formation innovant et répondant aux besoins de leur économie et de leur société. On retiendra quelques exemples comme la « Lean LaunchPad Class ». Enseigné à l’université de Berkeley, ce programme permet de partir des besoins des clients plutôt que d'enseigner l'entrepreneuriat en débutant par "comment rédiger un business plan". On peut aussi citer la "Continuing Education" ou "Adult Education" qui est un ensemble de formations destinées à ceux qui souhaitent acquérir les nouvelles connaissances imposées par l'évolution de leur vie professionnelle.

En France, ce système d’enseignement est encore pas ou peu existant. A ce jour, l’Open Source School (OSS) est l’une des seules écoles qui a été créées à l’initiative d’un secteur d’activité pour répondre aux besoins d’entreprises en technologies et numérique. En accord avec le constat selon lequel, chaque année, on estime à 4.000 le nombre de professionnels nécessaires aux entreprises françaises pour satisfaire les nouveaux besoins en savoir-faire open source, cette école supérieure pour le logiciel libre créée par l’entreprise Smile et l'EPSI école elle-même créée par des professionnelles en 1961, a une double vocation de formation initiale et de formation continue pour adultes, dans lesquelles l’alternance y a une place primordiale. La révolution de cette école est que 75% de l’enseignement d’OSS est porté par les professionnels du secteur, ce qui garantit une formation en phase avec les attentes du marché.

Conclusion

De fait, il semble nécessaire de réformer l’école en réformant les comportements et pas seulement les connaissances. Aux Etats-Unis, des études menées depuis les années 1960, comme le « Perry Preschool Project », montrent combien tout ce qui concerne la confiance en soi, le milieu social, le savoir-être sont essentiels pour aider les jeunes à s’insérer. En France, on ne travaille pas assez sur les ruptures entre la fin de l’école et l’emploi.

Une grande réforme de l’emploi des jeunes ne peut donc se concevoir sans une remise à plat du système éducatif. Par conséquente, si, au lieu de réformer le Code du Travail d’un côté et le système éducatif de l’autre, on envisageait une réforme de l’un par rapport à l’autre ?

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Laurent Espine, Directeur national de l'EPSI et Fondateur de l’Open Source School

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