Est-ce la fin ou le retour des territoires ?

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Par Martin Vanier Modifié le 8 avril 2016 à 16h05
France Territoire Decentralisation Geographie Carte
643 000La superficie de la France est supérieure à 643 000 km2.

La fin versus le retour des territoires ? L’opposition date de la fin des années 1970. La crise ne s’appelait pas encore « mutation », la fin des monopoles nationaux ne s’appelait pas encore « mondialisation », et le développement local ne s’appelait pas encore « territoires ».

Mais on voulait déjà arbitrer entre le global et le local. Depuis on a (un peu) progressé. Que signifie alors la permanence de cette opposition ? Internet, « fin des territoires », versus l’économie collaborative, qui signe leur retour ? La métropolisation, triomphe du global, versus l’uberisation, ressource du local ? La transition post-carbone, versus les boucles locales de l’énergie renouvelable ? Ces oppositions n’ont pas de sens. Le problème du territoire, c’est qu’il nous invite à penser à une seule échelle à la fois, alors que le monde est devenu furieusement multiscalaire. Le paradigme territorial serait-il épuisé ?

Si l’on cherche à signifier qu’il n’y a pas de faits sociaux (et parmi eux de faits économiques) sans dimension spatiale, que même la cyberfinance est sensible à la distance (surtout elle !), que l’économie a quelque chose à voir avec la géographie, on dispose pourtant d’un vocabulaire plus riche que le seul horizon du territoire. « Lieu », « nœud », « hub », « place », « pôle », pour les organisations hyperconcentrées et hyperconnectées qui dominent le monde. Et surtout réseaux, grappes (clusters), archipels, chaînes (Supply Chain), rhizomes, pour tout ce qui les relient et les animent.

Territoires, lieux, réseaux... pourquoi ces différences ne sont pas un détail sémantique ? Parce que l’économie des flux a submergé l’économie des ressources fixes, et qu’il faut bien en décrire la dimension spatiale avec des termes adéquats. Ni fin, ni retour, les territoires sont là, et ils portent une part de vérité, mais une part seulement. L’attention exclusive qu’ils réclament n’est pas économiquement motivée. Elle est activée par un monde politique qui peine à réinventer sa fonction dans un monde flux qui a échappé à ses régulations. Il peut continuer à flatter la fibre territoriale des contemporains, avec ce qu’elle promet de proximité, de localisme, voire d’autonomie. Il faudrait surtout qu’il assume le monde en réseaux et le nouvel espace politique que celui-ci appelle.

Printemps de l’économie – Paris du 8 au 14 avril 2016

Pour sa 4° édition le Printemps de l’économie s’intéresse à « L’Economie en quête de territoire(s) ». Ce fil rouge se décline en plusieurs thèmes - Territoire & entreprises ; Des activités, des hommes, Mondialisation & Europe, Politiques publiques, Innovation & industrie et Métropoles – qui seront abordés à l’occasion de plus de 40 conférences organisées du 8 au 14 avril 2016 à Paris. L’ambition est d’offrir au grand public la possibilité de réfléchir et d’échanger pour mieux saisir les enjeux et agir… L’un des intervenants à cet événement unique vous livre ici son point de vue…

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Martin Vanier est Géographe à l'université de Grenoble-Alpes

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