Régionales : des élections « presque » démocratiques

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Par Patrick Crasnier Publié le 23 octobre 2015 à 5h00
France Elections Regionales Listes Partis
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Nous sommes en pleine campagne électorale pour les élections régionales, cela ne se voit que très peu tant les partis politiques sont fixés sur 2017. Pourtant nous allons voter et cette élection, identique à tant d’autres, est à la limite de la démocratie et de l’esprit républicain.

Pourquoi, me direz-vous, s’attaquer à cette élection qui paraît pour tout le monde un modèle de respect des lois et des règles de notre pays ? Pourquoi voir le mal là où il n’est pas en apparence ? L’explication en est simple, cette élection de « listes » est déjà en soi une anormalité du système, en ajoutant les nombreuses manipulations faites à cette élection dans le passé vous aurez la réponse.

Prenons la base de l’élection régionale c’est théoriquement un scrutin proportionnel, sauf que les machiavels de la politique sont passés par là. Proportionnel c’est dangereux pour les deux grands partis qui se partagent la France depuis presque 50 ans, il fallait donc intervenir. On a alors inventé au fil des élections des bidouillages pour en arriver à cette fameuse ineptie : Une élection proportionnelle de liste à deux tours ! Boum le couperet est tombé et c’est Jean Pierre Raffarin l’inventeur de l’eau chaude. Il fallait y penser, on garde la proportionnelle mais on la pondère par deux tours et de plus on accepter entre les deux tours les panachages de liste.

Si cette règle est démocratique il faudra m’expliquer, car ce système est totalement fait pour supprimer les partis gênants et promouvoir les copains. Bien sur tout le monde pense au Front National bête noire de tous ceux qui ne veulent pas perdre leur place, mais en son temps il y avait aussi le parti communiste à qui on donnait des miettes sur les listes. Déjà en soi les élections de listes n’ont rien de démocratique, les électeurs votent pour une tête de liste connue et mise en lumière mais ne savent jamais à qui ensuite ils ont donné leurs voix. C’est comme cela que nous nous retrouvons avec des élus totalement incompétents, ou qui ne travaillent jamais à leur mandat. Des élus qui profitent du système sans jamais a voir été véritablement élus, et qui sont très souvent des cumulards.

Nicolas Sarkozy avait fait une excellente réforme avec son idée de conseillers territoriaux tous élus individuellement. François Hollande s’est empressé de la supprimer, les politiques de tous bords ne la voulaient pas, ils risquaient bien trop de ne jamais être élus avec cette réforme. Se présenter seul devant les électeurs, beaucoup s’y refusent tant ils risquent la fessée.

Nous allons donc voter pour élire des conseillers régionaux totalement inconnus des électeurs. La France a beaucoup changé aujourd’hui, le FN qui fait peur est devenu le FN qui gagne. Un parti que chacun voudrait voir disparaitre mais qui imposera sa présence par ses électeurs de plus en plus nombreux. Alors la bidouille de Jean Pierre Raffarin va encore servir mais certainement pas comme il l’avait prévu. Auparavant les fusions de listes se faisaient entre amis, un peu d’UDF, un peu de RPR un peu des petits partis de droite qui sont nos amis et qui veulent un strapontin. Pareil à gauche, beaucoup de PS, un peu de communistes, un peu de verts, les petits copains et le tour était joué. Les électeurs eux continuaient à voter pour une « tête de liste ».

Aujourd’hui « branle bas de combat » Le FN pourrait bien remporter des régions et être arbitre dans de nombreuses autres. La solution existe et certains y pensent tout haut, des panachages de listes entre les républicains et le PS, c’est possible. Bien sur il est interdit d’en parler tout haut, cela se dit hors micro. Rien ne doit filtrer avant l’entre deux tours de peur de faire peur aux électeurs (vous savez ces gogos considérés comme des clients) Mais « en off » comme on dit cela ne paraît pas insurmontable.

Voila donc une démocratie en marche pour « sauver la France » alors que ce n’est qu’une manipulation en marche pour sauver des places au soleil. Nous avons déjà eu droit à un nouveau découpage des régions fait arbitrairement et sans aucune concertation. Nous avons déjà des combines pour multiplier les postes et tenter de ne rien perdre au parti socialiste (la création du président délégué en est un bel exemple).

Nous aurons en décembre des assemblées hétéroclites, sans aucun respect des électeurs, sans ambitions autres que personnelles. Malheureusement nous aurons aussi l’abstention premier parti de France, c’est sans doute le résultat de cette démocratie là.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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