L’anticipation pour moderniser le dialogue social

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Par Brigitte Wartelle Modifié le 25 novembre 2015 à 7h52
France Dialogue Social Entreprises Syndicats
1,2 %1,2 % des entreprises de plus de dix salariés ont connu en 2013 un arrêt collectif du travail.

Dans un contexte économique national et mondial particulièrement difficile, un dialogue social axé sur une volonté de partage d’information et surtout d’anticipation, prendrait tout son sens.

Anticipation ? Plus facile à dire qu’à faire

Reconnaissons qu’anticiper ensemble n’est pas si simple. Plusieurs obstacles sont régulièrement invoqués à ce sujet :

Cela fait perdre du temps

Au commencement, oui. Si le management accepte d’ouvrir un dialogue avec les organisations syndicales et les salariés pour anticiper sur les conséquences de la mise en place d’un projet d’organisation, il faut reconnaitre que son premier réflexe consiste à pointer le caractère chronophage d’un tel processus (en préparation des modes d’expression, en réunions, en temps de réponses, en analyses de propositions, …).

Pourtant les bénéfices en sont palpables rapidement : de l’avis même du management, ce temps consacré au dialogue permet de débloquer l’organisation, d’améliorer la compréhension des nécessaires évolutions par les salariés, qui sont satisfaits d’avoir été écoutés, et même entendus sur certaines propositions. Les représentants du personnel ont le sentiment d’avoir pu jouer leur rôle d’acteur d’un vrai dialogue sans être réduits à une chambre d’enregistrement.

Oui parler de l’évolution du monde environnant prend du temps et ne sera jamais remplacé par la mise à disposition d’informations aussi utiles soient-elles. Mais l’efficacité du dialogue augmente par la même occasion : par l’augmentation du volume d’informations partagées, par l’efficacité d’une lecture à visions multiples, par la connaissance réciproque qu’il développe entre les acteurs.

In fine le temps, loin d’être perdu, est tout juste mieux alloué.

J’ai des informations stratégiques que je ne souhaite pas divulguer

Rappelons que parler stratégie ne signifie pas automatiquement « dévoiler des secrets ». Partager l’analyse du jeu concurrentiel, identifier les activités à risque, les scénarios possibles de reconfiguration, interpréter les évolutions du marché, constituent autant d’opportunités de construire une carte de fond sur laquelle le dialogue prend appui.

J’ai peur de sortir du cadre

Tout cadre même contraignant peut être sécurisant car les postures étant définies par avance, chacun joue son rôle dans le tempo convenu et selon un comportement attendu. Le cadre organise « le processus » de dialogue mais peine à en porter « l’esprit » quelles que soient les volontés exprimées, car le processus, particulièrement en France, est long, complexe et d’abord juridique. De ce fait le dialogue social est historiquement vécu comme l’application d’une somme de contraintes plutôt que comme une opportunité de construire des compromis intéressants. Sortir du cadre expose à des risques divers : se compromettre, se faire manipuler, ne pas être suivi à terme par son organisation ou par ses électeurs…

Il faut que les bénéfices de cette réflexion commune ou les risques à ne pas la conduire puissent être visibles dans un délai assez court pour oser s’y engager.

Alors comment faire pour lever ces obstacles ?

Concrètement, comment intégrer une dose d’anticipation dans le dialogue social ? Le succès de cette opération réside dans :
-Une conviction de part et d’autres qu’il y a un bénéfice à le faire
-Un dialogue sur ce que cela veut dire pour chacun
-Une possibilité de le mettre en route sous forme de test sur un sujet particulier
-Un calendrier qui donne le temps suffisant
-Un engagement à en faire le bilan

Et ainsi faire confiance au dialogue et ouvrir de nouveaux espaces qui renforcent le sens des réformes et donne de l’espoir pour une véritable modernisation du dialogue social.

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Brigitte Wartelle est directeur associé de Stratorg Group, elle accompagne les dirigeants sur des problématiques d’organisation et de management post-fusion. Diplômée d’une Maîtrise de Sciences économiques et de l’IEP Paris, elle est chef de projet délégué au sein de l’APRAT, présidente du groupe « Emploi » de l’AEE et membre actif de RDS (Réalités du Dialogue Social).

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