Les relocalisations en France n’ont qu’un faible impact sur l’emploi

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Par Charles Sannat Publié le 19 janvier 2017 à 9h39
Emploi Chomage Relocalisation Entreprises France Echec
5%150 sociétés ont annoncé des relocalisations en France depuis 2005, soit 5 % des entreprises qui ont délocalisé

Lorsque je disais que les relocalisations étaient un épiphénomène sans intérêt ou presque sur l’emploi, on me disait que « décidément, même les bonnes nouvelles je n’arrive pas à m’en satisfaire »… Sauf qu’il n’y a là pas de quoi se réjouir sur l’emploi, et de quoi se satisfaire sur la « balance commerciale ». Pour celles et ceux qui auront le courage de me lire jusqu’à la fin, vous verrez que, contrairement à ce que l’on pense de moi, je suis en mesure de faire preuve d’un grand optimisme et de présenter les choses de manière favorable !!

Explication rapide. En gros, les entreprises qui relocalisent, en France comme aux États-Unis, ne le font que dans la mesure où elles sont devenues capables d’automatiser le processus de fabrication. Du coup, le coût de la main-d’œuvre devient marginal.

Conséquence : la relocalisation n’a qu’un impact marginal sur l’emploi car il faut quand même bien quelques ouvriers pour s’occuper du parc de machine et un chef pour jouer le taulier, mais guère plus.

Néanmoins, c’est une bonne chose, indéniablement, pour nos « balances commerciales ». Ce que nous produisons ici est autant de biens que nous aurions dû importer.

Ce faible impact sur l’emploi était évidemment prévisible. D’ailleurs, le mouvement de relocalisation devrait s’amplifier sous réserve que nos dirigeants n’adoptent pas de fiscalité dissuasive sur les robots en tout cas dans un monde qu’ils laisseraient ouvert.

C’est toujours la même chose. Vous pouvez taxer les robots en France, à condition qu’ils ne soient pas détaxés en Espagne… ou que vous mettiez des droits de douane pour compenser, même si le terme « droit de douane » est un gros mot fasciste et sans doute à connotation raciste et xénophobe.

Même pour l’AFP les relocalisations c’est du pipi de chat !

« Des skis Rossignol aux vélos Solex, en passant par les jouets Smoby, les relocalisations de production de l’Asie vers la France, souvent annoncées en fanfare, restent symboliques et n’ont finalement que très peu d’impact en matière d’emplois. »

« Autre relocalisation très médiatisée en son temps, le fabricant de skis Rossignol avait annoncé en 2010 rapatrier la fabrication de 60 000 paires de ski de Taïwan à Sallanches (Haute-Savoie, est), ce qui devait permettre d’y consolider les 200 emplois du site à l’époque. Une performance qui lui avait valu fin 2011 la visite de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, et candidat à sa réélection.

Aujourd’hui, la direction du groupe ne souhaite plus communiquer sur le sujet. »

« On ne peut pas dire que les volumes ramenés de Taïwan ont créé des emplois. Il y a peut-être eu 27 ou 28 embauches sur le moment mais depuis les effectifs baissent, par non-remplacement des départs. On est 138″ contre 200 en 2010, assure un délégué CGT de Sallanches qui ne veut pas que son nom soit publié. »

Pour 10 postes délocalisés, on n’en relocalise que 1

« Selon El Mouhoub Mouhoud, professeur à Paris-Dauphine, 150 sociétés ont annoncé des relocalisations en France depuis 2005, soit 5 % des entreprises qui ont délocalisé. « Ce n’est pas énorme. Et les emplois créés sont relativement marginaux. Pour 10 emplois délocalisés, on en relocalise un. C’est normal puisque les relocalisations concernent principalement des activités robotisables », explique l’universitaire qui s’apprête à publier une version actualisée de son livre Mondialisation et délocalisations des entreprises.

En clair, quand une entreprise a délocalisé 10 postes, quand elle revient, elle n’en ramène que 1 ! Le reste ? Les robots et l’automatisation.

La bonne nouvelle (comme quoi je peux aussi présenter les choses de manière optimiste ainsi que je vous l’ai annoncé au début de cet article) c’est que les robots vont inciter toutes les entreprises à relocaliser sans avoir à supporter des délais de livraisons importants et des chaînes de logistiques très longues et coûteuses.

Ces relocalisations feront perdre beaucoup aux pays low cost tels que la Chine et permettront de rééquilibrer un peu les balances commerciales.

Nous pourrions donc nous réjouir… mais « chassez le naturel il revient au galop ». Il est évident que les emplois détruits là-bas par la robotisation ramenée ici n’empêcheront pas non plus, et c’est une évidence, que le même phénomène de robotisation détruise d’autres emplois très nombreux cette fois que nous avons ici !

En clair, ce que les relocalisations ramèneront grâce à l’automatisation et sous réserve de la fiscalité sur les robots ne compensera jamais, ô grand jamais, les millions d’emplois que nous allons perdre dans les 10 ans qui viennent et qui seront les 10 années de la révolution robotique et humanoïde.

Bien évidemment, on vous dira doctement que c’est normal car on ne connaît pas encore les métiers des 10 prochaines années et il y a 10 ans, on ne connaissait pas les nouveaux métiers actuels du Web.

C’est parfaitement vrai. Mais en 10 ans, le chômage a considérablement augmenté dans tous les pays occidentaux. Cette montée indéniable est liée au fait que les nouveaux métiers qui apparaissent ne sont pas quantitativement suffisants pour compenser ceux qui disparaissent.

Le reste c’est des arguties pour think-tank !

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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