France : trois millions d’enfants vivent dans la plus grande pauvreté

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Par Jean-Luc Ginder Publié le 5 avril 2017 à 5h00
France Enfants Pauvrete Seuil Familles
430430 bébés sont nés chaque jour en France dans la plus grande pauvreté en 2016.

Après la réalisation d'une étude économique complète sur l'insoutenable quotidien des enfants pauvres de France et je vous livre ici mon regard. 385' millions d'enfants vivent dans l’extrême pauvreté à travers le monde.

Ces derniers sont bien plus nombreux que les adultes à se classer dans cette catégorie. En France, 1 enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire dans un foyer disposant de moins de 1512 euros par mois. Coupable je suis, coupable je reste si je me tais.

Vous êtes statistiquement pauvre en France, après impôts directs et prestations sociales, selon les chiffres qui suivent :
- personne seule : 840 euros par mois
- famille monoparentale avec 1 enfant de moins de 14 ans :1 260 euros par mois
- couple avec 1 enfant : 1 512 euros par mois
- couple avec 2 enfants : 1 764 euros par mois
- couple avec 2 enfants de plus de 14 ans : 2 100 euros

L’analyse de l’évolution de la pauvreté en France montre une hausse de 23% depuis l’an 2 000 et une nette accélération de cette hausse depuis 2012. J’observe là un tournant de l’histoire sociale de la France. Les chiffres nous apprennent que 52% de de la catégorie des "pauvres" ont moins de 30 ans, que 74% sont des familles ce qui signifie que plus de ¾ des pauvres vivent en famille et que par conséquent les enfants sont extrêmement exposés. La pauvreté des enfants est massive en France. Le constat est insoutenable.

En 2016, 157 000 bébés, soit 430 par jour, ont poussé leur premier cri dans la pauvreté, 2 843 000 autres enfants le deviendrons demain. En France 1 enfant sur 19 naît dans la pauvreté. Cette statistique résonne comme un hurlement. En 2016, en France, plus de 3'000'000 d’enfants subissent de plein fouet les conséquences de la pauvreté. On ne choisit pas d’être dans leur situation, on y tombe. Le constat est glaçant.

Les enfants vivant dans le dénuement complet aujourd’hui ont peu de chances de tirer parti des progrès dans le futur, à moins qu’ils n’aient accès immédiatement à une nutrition, une éducation et des services de santé appropriés. La prise de conscience immédiate de la pauvreté infantile en France est un impératif moral. C’est une injustice insoutenable. C’est une honte que nous devons regarder en face. C’est un crime dont nous sommes responsables. Il n’est de pire aveugle que celui qui refuse de voir. Pouvons-nous nous déculpabiliser avec l’action de structures dévouées à l’aide alimentaire telles les Restos du Cœur ou de Caritas et bien d'autres ? Et savoir que l’aide y est aussi apportée à des enfants de 0 à 1 an ?

Cette très grande pauvreté aura inéluctablement des conséquences dramatiques pour chacune des vies touchées par ce fléau. La Convention des Droits de l'Enfant préserve leurs droits d’être humain, leur droit à la santé, l'éducation, à la protection contre toutes les formes d'exploitation. Elle a été rédigée par les Nations Unies en 1989 et adoptée par le pays des droits de l'homme, la France. Mais qu'en est-il vraiment ? On peut dès à présent dresser un constat inquiétant sous une forme implacable. Article par article, j'ai comparé l'esprit du texte signé avec notre vécu au quotidien. Je vous en propose un qui me semble très important.

Article 18 : Les Etats (dont la France) accordent l'aide appropriée aux parents pour élever leur enfant

L'Etat français se donne-t-il vraiment les moyens pour lutter contre la pauvreté ? Si cela était, pourquoi le besoin vital de colis alimentaires distribués par des organismes indépendants ? Qu’adviendrait-il des ces familles françaises, de ces enfants français ? Réduits à la famine ? Laissés pour compte ? En France, chez nous ? Nous ne devons pas ignorer que dans certaines familles, il n’est pas possible de manger tous les jours et que quand ça va, on ne mange souvent qu’une fois par jour.

Mais par fierté, par pudeur, par honte, ces familles confrontées à la misère essaient de se fondre dans le paysage en faisant tout pour ressembler à la classe moyenne, socialement plus acceptée. Et personne pour leur rappeler que la pauvreté, on ne la choisit pas.

Mon besoin de savoir et de comprendre m’a conduit chez une famille de 4 personnes avec 2 enfants de 7 et 9 ans dans l’est de la France disposant de 80 euros par semaine. Leur survie est liée essentiellement à l’aide apportée par une structure caritative et à leur capacité à tirer chaque jour la chandelle par les deux bouts. Tout se résume au manque, tout besoin est alimentaire. Pour les enfants, Pierre et Anne l’école, est une chance. Le reste est hors de portée et ils le savent déjà. Et lorsque je leur demande s’ils ont l’impression d’être pauvres, ils me répondent que pour être heureux, ils rêvent, c’est tout….Ils formuleront ensuite leur peur de l’avenir, la peur de se retrouver sous un pont. Les visages se ferment. Dès la maternelle, Pierre et Anne ne mangeaient qu’une fois par jour. A l’école primaire, ils ont affronté la honte de se sentir pauvres. Ils ont vécu l’indifférence de tous face à leur différence. Pour survivre socialement ils ont commencé très jeunes à se bricoler l’image dite acceptable de classe moyenne.

De ma visite, je garde cette terrible souffrance lue dans leurs yeux et je me sens très mal face à cette violence infligée par notre société française à deux enfants parmi tant d’autres. Je cherche du sens aux idées d’égalité, de fraternité et de liberté. Je ressens dans mes tripes leur angoisse, leur terreur, leur peur, leur sentiment d’être abandonné, leur tristesse. Où, nous adultes responsables plaçons-nous notre devoir d’apporter la sécurité à nos enfants ? Quels mots sommes-nous capables de leur donner pour qu’ils comprennent pourquoi notre brutalité psychologique? A moins que notre fuite ne soit notre unique réponse. Les petites éponges émotionnelles débordent déjà de déceptions, de rancœur alors que nous sommes censés leur donner des clefs pour vivre leur vie en paix. Saurons-nous leur expliquer plus tard que tous les jours la France, notre France a créé de nouveaux pauvres, une nouvelle jeunesse pauvre, de nouveaux enfants pauvres en leur offrant invariablement la perspective de rester dans leur condition.

Notre niveau de richesse en France s’élève et paradoxalement la pauvreté gagne du terrain. Je me trouve bien bête et seul avec mes chiffres. C'est pourquoi je lance un appel simple aux vrais journalistes d'investigation pour, avec mon analyse, lever le voile sur le réel, le quotidien et l'avenir de cette enfance précieuse perdue dans le monde terrible de la précarité, là à notre porte, sous nos yeux. Merci de m’aider. Merci de me répondre ([email protected]).

A Jacques Brel… "Fils de bourgeois, ou fils d`apôtres, tous les enfants sont comme les vôtres. Fils de César, ou fils de rien, tous les enfants sont comme le tien. Le même sourire, les mêmes larmes, les mêmes alarmes, les mêmes soupirs..."

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).

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