Free Mobile attaqué pour « pratiques commerciales trompeuses »

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 17 janvier 2013 à 23h51

"Le décalage entre le service promis par Free Movile et la réalité de l'Internet mobile nous a proprement stupéfiés". C'est en ces termes peu amènes que Alain Bazot, le président de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a expliqué pourquoi son association avait porté plainte contre Free Mobile. Intitulé de la plainte : "pratiques commerciales trompeuses".

L'UFC-Que Choisir qui, paradoxe, était une des plus ardentes militantes de la quatrième licence de téléphonie mobile, reproche à Free la piètre qualité de son réseau un an après le lancement de son offre commerciale. Pour s'en assurer, l'association a fait réaliser près de 2500 mesures sur le réseau du quatrième opérateur, pour évaluer sa qualité de service. Et les chiffres sont imparables. "Tous les éléments semblent indiquer que Free Mobile agit de manière à décourager la consommation de données pour éviter de payer à Orange une trop grande quantité de données". Concrétement, les tests ont consisté notamment à essayer d'afficher des vidéos hébergées chez Dailymotion sur un smartphone, en comparant le temps d'affichage entre les quatre réseaux disponibles en un point donné du territoire, en l'occurence en région parisienne, à Lille et à Toulouse.

Là où Orange, SFR et Bouygues échouent à afficher la vidéo dans un délai de 60 secondes dans seulement un cas sur dix, l'échec passe à 77 % pour les abonnés Free, lorsqu'ils passent via une antenne Orange. Pour l'UFC, c'est un signe que Free dégrade volontairement sa qualité de service lorsque ses abonnés passent par les antennes d'Orange. Logique : tout le trafic voix ou data qui passe par le réseau de l'opérateur historique lui est facturé ! Free n'a donc pas intérêt à ouvrir les robinets en grands quand ses clients passent par Orange. En revanche, quand ils sont sous ses antennes, les performances de l'affichage de vidéos sont bien meilleures, sans toutefois atteindre celles de ses concurrents.

En réponse à l'UFC, Free déplore la méthodologie employée, affirmant dans le Figaro par la bouche de Xavier Niel que "dans la vraie vie, le consommateur a toujours le meilleur des deux réseaux".

Un an après son lancement, Free compte 5 millions "d'abonnés", même si 100 % de ses clients ne sont justement pas des abonnés, puisqu'ils n'ont souscrit à aucun engagement. Dans le lot, le nombre d'utilisateurs dotés d'un forfait à 2 euros, l'offre de base de Free, est inconnu. Les acteurs du secteur doutent que Free puisse gagner un centime avec cette offre, qu'ils soupçonnent même d'être vendue à perte, pour faire du dumping. Free est légérement en retard quant au déploiement de son réseau, avec moins de 1800 antennes activées, contre 2500 prévues en début d'année 2013. Dans deux ans, Free, devra couvrir 75 % de la population (il en couvre plus de 40 % à ce jour) et 90 % dans cinq ans.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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