Zone euro : le Front du Sud contre Berlin…

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Par Charles Sannat Publié le 12 septembre 2016 à 9h46
Europe Union Economie Crise Sud Pays Berlin Allemagne
60%60 % des exportations de l'Allemagen se font vers des pays européens.

En fin de semaine dernière se tenait à Athènes, à l’initiative d’Alexis Tsipras, un mini-sommet des pays du Club Med, ou du sud de l’Europe. L’occasion pour moi de revenir sur le sujet lors d’une interview donnée à la chaîne Sputnik. Vous découvrirez ci-dessous l’article concerné et pour celles et ceux qui le peuvent, l’enregistrement sonore !

Le « Club Med » se réunit à Athènes ce vendredi 9 septembre. Derrière cette dénomination un brin condescendante – nous la devons à l’Allemagne -, nous retrouvons les représentants de la France, de l’Italie, de Chypre, de l’Espagne, de Malte, du Portugal et, bien évidemment, de la Grèce qui est à l’origine de l’initiative.

L’Europe du Sud, nouvel axe européen ?

Le rassemblement se tient à la veille du sommet de l’UE à Bratislava, le 16 septembre, destiné à établir le diagnostic pour l’Union après le vote positif sur le Brexit.

Le Premier ministre grec ne cache pas ses ambitions. « Nous souhaitons… favoriser une approche commune en faveur des pays de la périphérie européenne et de la Méditerranée, qui ont été objectivement les plus touchés par la crise », a-t-il expliqué au Monde la veille du mini-sommet. La lutte contre l’austérité semble devenir ainsi de nouveau prioritaire pour le Premier ministre grec, qui a cédé par le passé aux exigences de Berlin.

Pour Charles Sannat, économiste, fondateur et rédacteur du site Insolentiae, bien que pour l’instant la réunion à Athènes ne soit pas censée porter de fruits concrets, c’est un signe fort pour Bruxelles. « On voit à travers ce genre de réunions, les forces qui sont à l’oeuvre en Europe et qui à terme, risquent évidemment d’entraîner l’explosion de l’euro ou, en tous cas, une crise d’une telle ampleur liée aux divergences économiques qui fera que la zone monétaire euro devra être revue. Ce sont les prémices politiques d’un problème économique majeur qui s’appelle l’euro. »

Alexis Tsipras plaide pour une Union véritablement européenne et non pas allemande. L’Allemagne, pour sa part, ne voit pas d’un bon oeil l’initiative grecque.

Le député Markus Ferber a fait part de son inquiétude quant à la formation par les pays du sud d’une éventuelle « coalition des redistributeurs ». Selon le parlementaire, une telle alliance menacerait la stabilité financière de l’Europe.

« Après le départ de la Grande-Bretagne, le « Club Med » constituera une minorité nécessaire pour bloquer à Bruxelles des initiatives qu’il n’apprécie pas », a averti le responsable allemand.

Charles Sannat indique que Berlin a raison de s’inquiéter. « L’Allemagne est aujourd’hui le pays qui profite le plus de la monnaie unique. Et c’est l’Allemagne qui a tout à craindre d’une explosion éventuelle de l’euro. 60 % des exportations allemandes c’est vers les pays européens. C’est l’Allemagne qui s’enrichit de manière considérable grâce à la monnaie unique. Et ce sont les autres pays européens qui s’appauvrissent dans les mêmes proportions inverses. »

Selon certains experts, Alexis Tsipras miserait sur des pays comme la France et l’Italie pour pouvoir peser sur la politique européenne.

Charles Sannat reste d’ailleurs sceptique estimant que dans ce jeu, François Hollande n’est pas un bon partenaire ne fût-ce que parce qu’il est président sortant. « Tsipras aurait des chances, si le président de la République française décidait de taper du poing sur la table. Le problème c’est que ce n’est pas du tout dans le caractère de François Hollande et cela ne correspond pas à sa vision politique. La Grèce ne pourra pas profiter maintenant du parapluie français. »

D’après Charles Sannat, le mini-sommet à Athènes est, au stade actuel, plus une forme de posture.

Je pourrais même rajouter à ces propos que c’est une forme de posture pour le moment, des « victimes » qui tentent de s’organiser contre leurs prédateurs. Il faudra encore du temps et de nombreuses crises politiques, mais l’Europe dans sa forme actuelle et la zone euro en particulier sont toutes deux dysfonctionnelles. L’avenir et la réalité se chargeront de nous obliger à trouver de nouvelles solutions.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Article écrti par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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