PMA, GPA ou adoption, pas de distinctions ?

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Par Marie Josèphe Devillers et Maya Surdut Publié le 2 février 2013 à 8h30

Monsieur Bergé, Réfléchissez !

Sollicité par les journalistes lors de la marche en faveur du « mariage pour tous » du 16 décembre 2012, Monsieur Bergé, avec beaucoup d’assurance, déclare : "Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l'adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? C'est faire un distinguo qui est choquant." (Lepoint.fr du 17/12/2012) [1]

Voilà bien un cri du cœur ! Une évidence, un jugement frappé au coin du bon sens. Eh bien non, point de bon sens, point d’évidence, tout au plus une grande ignorance, Monsieur Bergé !

« La PMA, la GPA ou l’adoption », pas de distinguo, dites vous, c’est tout pareil. Vu de Mars peut-être, mais vu d’ici pas du tout. La première est un appui médical dispensé à une femme pour lui permettre de réaliser sa grossesse, la seconde est un contrat commercial par lequel une ou plusieurs personnes acquièrent un enfant en rémunérant une femme pour le produire, enfin l’adoption est une institution qui crée un lien entre adoptants et adoptés en définissant leurs droits et devoirs réciproques. Le point commun dans tout cela serait donc la recherche d’enfant. Monsieur Bergé, croiriez vous qu’il existe un droit à l’enfant et pire encore, que ce droit autoriserait tout, toutes les techniques et tous les procédés, pour y parvenir ?

« Moi, je suis pour toutes les libertés » dites-vous encore. Mais la liberté de qui et au prix de quoi Monsieur Berger ? La liberté d’instrumentaliser le corps des femmes à votre profit ? La liberté des riches de transformer les êtres humains en marchandises ? Bien sûr dans votre monde à vous, vous serez toujours du côté de l’acheteur, du côté de celui qui peut tout, ou presque tout, sans contrainte matérielle. Tout se permettre grâce à l’argent, est-ce cela votre conception de la liberté ?

« Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? » Quelle méconnaissance de la réalité sociale, quel mépris Monsieur Berger ! L’usine, un univers peuplé de gens qui louent leurs bras, n’est ce pas ? Certainement pas des gens qui apportent des compétences, certainement pas des personnes qui ont un cerveau, une sensibilité, une opinion !! Quant aux ventres, ils n’ont pas de tête. Faute de mieux, qu’ils se louent. Le rapport marchand prévaut sur tous les autres. Pour vivre ou survivre, vendons ce que l’on a, y compris notre corps, il y aura toujours un acheteur. Non, Monsieur Berger, car nous vivons dans pays qui s’est doté d’un principe merveilleux : la non commercialisation du corps humain, principe qui nous protège toutes et tous des prédateurs, vous comme nous. Il est la garantie du respect de notre intégrité physique d’être humain. Toutes les sociétés n’ont pas cette chance, il faut le dire.

Il faut choisir son camp Monsieur Berger. Aujourd’hui en défendant la GPA vous soutenez : une entreprise d’exploitation puisque statistiquement les mères porteuses sont issues des classes les plus défavorisées tandis que les demandeurs - demandeuses bénéficient d’un niveau d’éducation élevé et de revenus financiers confortables ; une version moderne du patriarcat qui spécialise une partie des femmes dans la production d’enfant pour autrui ; un des aspects les plus violents du néo-libéralisme qui veut rendre socialement acceptable la marchandisation du corps des femmes au prétexte du consentement, matérialisé par le contrat qui lie la mère porteuse aux demandeurs – demandeuses.

Il est encore temps de changer de position, Monsieur Bergé. Réfléchissez !

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La Coordination lesbienne en France est un mouvement  national qui touche environ 2000 lesbiennes. Elle es là pour : Pour regrouper les associations lesbiennes féministes et les individuelles en assurant un lien permanent entre toutes et coordonnant les actions au niveau national ; Contre la lesbophobie et toutes les discriminations ; Pour la visibilité et les droits des lesbiennes ; Dans une société solidaire, égalitaire et laïque. La CLF, ainsi que ses associations lesbiennes membres, sont féministes et  abolitionnistes.   La CADAC  a été créée en 1990, à l'initiative du groupe femmes "Elles sont pour". Elle regroupe associations, syndicats et partis politiques sur le constat que, malgré la loi Veil (1975) conquise par la lutte des femmes, l'avortement reste menacé.

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