Google affiche les heures d’affluence : un paradoxe le voue à l’échec

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 4 août 2015 à 8h23
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11%Le chiffre d'affaires de Google dans la publicité a augmenté de 11% sur un an au premier trimestre 2015

Google a lancé une nouvelle fonctionnalité pour son moteur de recherche, le plus utilisé du monde et surtout en Europe (aux Etats-Unis le portail Yahoo reste encore fort) : l'affichage des heures de pointe dans certains établissements et lieux de sortie. Une bonne idée qui devrait permettre aux gens de faire moins la queue aux guichets... mais tout ça est voué à l'échec.

Afficher les heures de pointe pour gérer ses sorties

Lancée en juillet 2015 aux Etats-Unis la fonctionnalité de Google n'est pour l'instant disponible que sur téléphone mobile. Normal : Google veut faire du mobile son principal levier de croissance. Et dans l'idée, c'est plutôt bien.

Afficher les horaires d'affluence permet à tout un chacun de gérer ses sorties et de se dire "là il y a trop de monde en ce moment, je reviendrai plus tard" ou encore "bon je visiterai ce musée mardi plutôt que lundi, c'est mieux, il y aura moins de monde". Moins de queue aux guichets, moins de gens, que demande le peuple ?

Il pourrait demander que ça fonctionne... car cette fonctionnalité est vouée à l'échec à cause d'un simple paradoxe.

Google tombe dans le paradoxe de Bison Futé

Tout le monde, surtout en cette période estivale, connaît Bison Futé : il prévoit statistiquement la circulation sur les routes de France afin de nous conseiller de partir tel jour plutôt que tel autre. Mais en général Bison Futé ne se trompe pas car décaler d'une journée un départ en vacances est compliqué. Concernant la fonctionnalité de Google, par contre, ce n'est pas pareil.

Avoir les horaires d'affluence d'un endroit permet à tous les potentiels visiteurs de prévoir de changer leur heure ou leur jour de visite. Or ce changement est moindre, surtout quand on est un touriste ou que l'envie n'est pas pressante. De fait, une bonne partie (si ce n'est la majorité des personnes) peut décider de changer d'avis et décaler sa visite.

La fonctionnalité de Google prévoit donc que, par exemple, le samedi à 15 heures le Musée d'Orsay connaît un pic de fréquentation. Si tous ceux qui voient cette donnée (et Google espère qu'ils seront nombreux) pensent qu'il vaille mieux décaler la visite, ce pic de fréquentation se transformera en heure creuse. Inversement, une heure creuse va se transformer en pic de fréquentation.

Il n'y a aucune issue pour Google : sa fonctionnalité ne va pas marcher

C'est un paradoxe et Google n'y peut rien : il n'y a que deux scénarios possibles.

Soit peu de gens verront les données de Google et changeront le moment de leur visite, ce qui sera un échec pour la fonctionnalité de Google puisqu'elle sera peu utilisée ;

Soit beaucoup de gens verront les données de Google et changeront le moment de leur visite, ce qui sera un échec pour la fonctionnalité de Google puisque les informations seront alors fausses.

Comme toujours : si tout le monde écoutait Bison Futé, Bison Futé aurait tort. Bison Futé n'a raison que parce que personne ne l'écoute...

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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