Le gouvernement se vante encore d’une fantomatique baisse du chômage

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 10 février 2017 à 9h34
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0,8%Entre novembre 2016 et décembre 2016 le nombre de chômeurs de catégorie A a augmenté de 0,8%.

La France a créé des emplois en 2016 et c’est une bonne nouvelle. Des Français ont eu la chance de ne pas devoir pointer à Pôle Emploi ou d’en sortir. Et le gouvernement n’a pas raté l’occasion, vendredi 10 février 2017, de se vanter à nouveau de la baisse du nombre de chômeurs en France. Sauf que, comme on l’a déjà dit, cette baisse n’a jamais eu lieu. En fait, grâce à la création d’emplois on a juste évité une catastrophe (et encore).

191 700 emplois de plus créés en 2016

La nouvelle est de taille et il est bon de le souligner : en 2016, selon la Dares, la France a créé 191 700 emplois en tout. Une hausse de 1,2 % qui fait du bien et qui peut être un signal positif pour l’avenir bien que la croissance, de 1,1 % en 2016, ne soit pas encore suffisante selon les économistes pour créer des emplois durables (ils estiment qu’il faut 1,5 % de croissance pour ce faire).

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a donc publié un communiqué de presse où elle déclare que « L’amplification de ces résultats au cours de l’année 2016 a permis au nombre de demandeurs d’emploi sans activité de diminuer fortement (-107 400) et pour la première fois depuis neuf ans. » Sauf que ce n’est pas le cas, malheureusement.

Le nombre de chômeurs n’a pas baissé en 2016

Encore une fois le gouvernement ne base ses dires que sur une catégorie de Pôle Emploi : la catégorie A, celle des chômeurs sans activité. Leur nombre a en effet baissé de 107 400 entre décembre 2015 et décembre 2016, on ne peut pas le nier.

Mais comme nous l’expliquions dans cet article publié le 25 janvier 2017, au lendemain de la publication des chiffres de Pôle Emploi pour décembre 2016, la réalité est un peu plus complexe.

Si le nombre de chômeurs de catégorie A a baissé en 2016, le nombre de chômeurs dans les catégories A, B et C (soit les catégories comprenant les chômeurs n’ayant pas d’emploi ainsi que ceux ayant un emploi mais pas à temps plein) n’a pas bougé. L’évolution a été de 0,0 %. Rappelons que pour passer de la catégorie A à la catégorie B il suffit d’avoir travaillé une seule heure dans le mois, ce qu’on en peut pas réellement appeler un « emploi ».

Mais ce n’est pas tout : entre décembre 2015 et décembre 2016 le nombre de chômeurs en catégorie D, les chômeurs inscrits à Pôle Emploi n’étant pas tenus de chercher un travail, explose : +24,6 % en un an, soit une augmentation de 67 400 personnes.

Le nombre d’inscrits à Pôle Emploi a augmenté, en tout, de 64 300 personnes en 2016, et le nombre de chômeurs n’ayant pas d’activité ou un travail à temps partiel (catégories A, B et C) n’a pas bougé sur la période.

De fait, la création de 191 700 emplois en 2016 a tout simplement freiné la tendance : sans elle le nombre d’inscrits à Pôle Emploi aurait explosé, dépassant, dans le cas extrême où 0 emplois auraient été créés, les 250 000.

Donc non : le chômage n’a pas baissé en 2016, quoiqu’en disent les communiqués de presse du ministère du Travail.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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