« Le gouvernement doit s’engager sur le dossier Casino », Laurence Gilardo, déléguée syndicale SNTA/FO du groupe Casino

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Par Grégoire Moreau Modifié le 29 août 2019 à 20h10
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75 000Le groupe Casino compte 75 000 salariés

Fin aout 2019, après l’annonce par le groupe Casino d’une nouvelle salve de cessions d’actifs non-stratégiques, le premier syndicat du groupe a sollicité le Premier Ministre pour un rendez-vous. Inquiet des assauts persistants de fonds activités contre le distributeur stéphanois, FO souhaite connaître la position et les intentions du gouvernement sur ce dossier, mettant en jeu des dizaines de milliers d’emplois sur le territoire national. Mais le syndicat veut aussi mettre en garde tous les acteurs du dossier contre la tentation d’une concentration dans le secteur, qui serait synonyme d’un plan social sans équivalent en France.

Votre syndicat FO vient de solliciter un rendez-vous auprès du Premier Ministre sur le dossier Casino. Pourquoi maintenant ?

Cette demande de rendez-vous s’inscrit d’abord dans la suite logique de la pétition lancée en mai sur la plateforme Change.org. Nous en appelions déjà à l’époque à la mobilisation des pouvoirs publics sur le dossier Casino, pour la défense d’un groupe français représentant 75 000 emplois répartis sur l’ensemble du pays.

Ensuite, cette rencontre est devenue nécessaire depuis l’annonce par la direction du groupe, le 20 août, d’une nouvelle vague de cessions, toujours dans l’optique de désendetter le groupe. Cette annonce n’est pas vraiment une surprise ; elle est venue confirmer le fait que le groupe est toujours sous le coup d’attaques virulentes et injustifiées de la part de groupes financiers inconscients des conséquences sociales de leur actions.

Qu’attendez-vous de ce rendez-vous ?

Nous souhaitons déjà faire entendre au gouvernement les inquiétudes des salariés que nous représentons. L’autorité des marchés financiers (AMF) s’est emparée du dossier Casino, et elle a déjà noté bien des irrégularités et soulevé de nombreuses questions sur la légalité et la légitimité des actions des vendeurs à découvert. Mais cela ne les arrête pas, d’autant plus que le tempo de la finance n’est pas du tout celui des organismes de contrôle, telle l’AMF. Peut-être est-il temps que le gouvernement et le parlement s’emparent du sujet des ventes à découvert et durcissent la législation pour prévenir une casse sociale sans précédent et la destruction d’un fleuron national. C’est maintenant au gouvernement de s’engager sur le dossier Casino.

Comment les salariés affrontent-ils cette situation "sur le terrain" ?

Ce n’est pas la première fois que le groupe traverse une telle épreuve, et plusieurs cessions de magasins ont eu lieu par le passé, y compris récemment. Mais nous constatons que les actions de la direction comme l’engagement des salariés au quotidien ne parviennent pas à dissuader certains fonds d’attaquer le groupe. Lorsque des cessions se sont avérées nécessaires, les syndicats du groupe ont à chaque fois demandé et obtenu de la direction qu’il ne soit procédé à aucun licenciement « sec » : chaque salarié est reclassé auprès du repreneur et son contrat de travail préservé. La direction a joué le jeu et nous a donné satisfaction lors des dernières cessions.

Nous comprenons que le groupe est toujours sous pression des marchés financiers où sévissent fonds activistes et vendeurs à découvert. Mais cette finance « sans visage » est bien loin des préoccupations des salariés. Nous ne souhaitons pas d’autres cessions, mais si cela doit se produire, nous ne dérogerons pas aux règles de bases de notre devoir syndical, qui sont la défense des intérêts des salariés. Nous avons demandé pour cela un rendez-vous auprès de la direction, qui nous recevra la semaine prochaine. Nous demanderons qu’elle poursuivre la même politique de maintien dans l’emploi des salariés. Nous souhaitons aussi évoquer à cette occasion les éventuelles conséquences des cessions sur la chaine logistique du groupe et les fonctions support, et sur les mesures prévues pour éviter que d’autres salariés du groupe, qui ne sont pas tous en magasins, ne se retrouvent au chômage.

Vous évoquez également des rumeurs de concentration menaçant le groupe, dans votre demande de rendez-vous au Premier ministre. Une consolidation du secteur de la grande distribution ne serait-elle pas pourtant de nature à renforcer les enseignes ?

Au contraire et c’est effectivement l’autre motif de notre intervention auprès du gouvernement, puisque nous sollicitons également des entretiens avec le Ministre de l’Economie et celui du Travail. En dépit de ses très bons résultats, le groupe Casino apparait fragilisé sur les marchés financiers à force de ne parler que de sa dette. Cela aiguise les appétits d’enseignes concurrentes, qui se verraient bien mettre la main sur les pépites du groupe : Cdiscount, Monoprix, Franprix…Or, tous les salariés du secteur de la grande distribution ont encore en tête l’épisode Dia : 250 magasins fermés et plusieurs milliers de salariés sur le carreau après le rachat par une enseigne concurrente évoluant sur le même créneau.

Les enseignes du groupe Casino sont très présentes dans des zones fortement concurrentielles, Ile de France et région PACA en particulier. En cas de rachat de tout ou partie du groupe Casino, les autorités de la concurrence exigeront la fermeture de dizaines voire de centaines de magasins se situant dans les mêmes zones de chalandise, sans possibilité réelle de trouver des repreneurs pour autant de magasins en un laps de temps aussi court. Une concentration dans le secteur de la grande distribution au détriment du groupe Casino, ce sont des dizaines de milliers d’emplois menacés, une casse sociale sans équivalent de mémoire de syndicalistes.

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