Grand Paris de l’Eau : le SEDIF chahuté

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Par Michel Delapierre Modifié le 18 octobre 2017 à 16h01
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Avec la mise en place de la Métropole du Grand Paris (MGP), de nombreuses cartes sont en train d’être rebattues au sein des collectivités locales de la région parisienne. Parmi celles-ci, la gestion de l’eau confiée au Syndicat des Eaux d’île-de-France (Sedif) depuis 95 ans. L’occasion pour les municipalités de sortir du Syndicat, acquis à Veolia, pourrait ne pas se représenter avant longtemps : l’emprise du Sedif est telle, selon la Coordination Eau Ile-de-France, principale association luttant pour la gestion publique de l’eau, que depuis la création du syndicat aucune commune n’est parvenue à le quitter, à l’exception de Ris-Orangis et Viry-Châtillon, à la faveur de la création de leur communauté d’agglomération.

Cette opportunité est en train d’être saisie par quelques unes des 144 Communes membres du Sedif. Notamment sous la pression de collectifs de plus en plus actifs, à Aubervilliers par exemple, le conseil municipal a admis le principe d’un débat sur la gestion publique de l’eau. Le 27 septembre, Montreuil décidait de ne plus adhérer au syndicat et d’étudier tous les aspects de cette « municipalisation » de l’eau. Le 5 octobre, Stains se prononçait également pour la sortie du Sedif. Dans sa délibération, le conseil municipal rappelait la nécessité « d’inscrire des choix politiques sur le long terme et de renouveler les équipements pour un service public performant, solidaire et responsable à l’égard des générations futures » et que « la gestion privée coûte 25% plus cher que le coût de revient au m3 en régie publique. »

Dans un contexte national de défiance à l’égard des multinationales, c’est une victoire qualifiée d’historique par les Ecologistes et les associations. Pour Jean-Claude Oliva, directeur coordination Eau Ile-de-France, « il y aura plus de villes qui iront vers la gestion publique, il y a un mouvement, une dynamique qui est en notre faveur. C’est un mouvement qui s’inscrit sur le long terme. Ca a démarré pratiquement lors du renouvèlement du contrat entre le Sedif et Veolia en 2010 (contrat de délégation de service public sur 12 ans), c’est à partir de là que des actions ont été menées. Mais c’est vrai que ces derniers mois, on a constaté une vraie accélération. Il y a une vraie dynamique entre les trois territoires. C’est ce qui s’est retrouvé dans notre appel pour les sénatoriales qui a réuni beaucoup de monde. »

En se politisant, le mouvement semble avoir gagné en efficacité ce qu’il a perdu en chance de faire l’unanimité : dans trois des Etablissements Publics Territoriaux (EPT) de la région parisienne, Grand Orly Seine-Bièvre, Est Ensemble et Plaine Commune, les initiatives de sortie du Sedif semblent se concrétiser. Il s’agit de ceux aux majorités les plus à gauche. Les huit autres EPT, qui ne remettent pas, ou peu, en discussion le principe du Sedif et de ses liens avec Veolia, ne devraient pas quitter le syndicat. Le Grand Paris de l’eau comptera donc des entités distinctes et potentiellement rivales. De quoi permettre des comparaisons ; reste à savoir pour qui elles seront flatteuses.

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