Ce que Hollande voulait cacher : l’ultimatum de Bruxelles avant la mise sous tutelle de la France

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Par Calculette Modifié le 27 octobre 2014 à 9h37

Contrairement à son homologue italien, François Hollande a refusé de divulguer la lettre de Bruxelles concernant le budget prévu pour 2015 : "C’est une lettre 'très banale' On peut ne pas publier des lettres très banales ? C’est une lettre qui demande simplement de l’information et qui demande à poursuivre le dialogue … " Bref, effet Streisand garanti : le refus infantile du locataire de l’Élysée a braqué les projecteurs sur l’ultimatum courtois mais on ne peut plus ferme des experts européens.

La France comme l’Italie, Malte, l’Autriche et la Slovénie en délicatesse avec les règles du pacte de stabilité et de croissance (PSC) ont reçu un rappel à l’ordre de la Commission européenne. Pour la France, le gouffre entre ses engagements européens et son projet de budget 2015 est terrible avec un déficit abyssal de 95 milliards d'euros soit 4,3% du PIB prévu en 2015, très éloigné des 3% que Paris devait atteindre cette année 2014 et ce, malgré un plan, disons plutôt des velléités d'économies de 50 milliards d'euros d’ici 2017...

Du coup, j'ai bien envie de me fendre moi aussi de ma petite lettre à Hollande.

Alors François,
Comme ça, tu ne voulais pas montrer ton bulletin de notes
signé par Jyrki Katainen, Commissaire européen aux affaires économiques et financières, et adressé à ton Sapin de ministre de finances ? Pas de chance pour toi, ce chenapan de Plenel s’en est emparé et les canailles de ta "drame team" du quotidien "Le Monde" se sont bien moqués de toi, gentiment je te rassure.

A mon tour, je tenterai de t’expliquer en mots simples pour que tu comprennes bien ce dont il s’agit. En anglais chaque mot est important. Même pour exprimer la fermeté et si le contenu est assassin, la tournure est toujours très policée, a fortiori dans ce type de courrier "diplomatique". Le ton de cette lettre ICI en anglais est sans appel. Une simple analyse sémantique démontre à quel point ce courrier est tout sauf "très banal" :

  1. Rappel de l’autorité et de l’expertise incontestables de la Commission européenne

    > "Submission" Le projet de Plan Budgétaire (PPB) n’est pas "proposé" mais bien "soumis" à une autorité supérieure qui décide.
    > "Confirmed on the basis of recalculation by the commission" les calculs faits et refaits par les experts européens n’ont rien de fantaisiste et sont donc sans appel !

  2. Déficit excessif, viol des obligations budgétaires et irrespect des délais fixés

    > La répétition "Excessive deficit" souligne la gravité de la situation
    > "To be well below the level recommended" Non seulement l’ajustement de la France est très insuffisant mais ce PPB français viole ("breach")les obligations de politique budgétaire.
    > “The DBPitself does not planCe projet est "en lui-même" symptomatique de l’absence de décisions gouvernementales salutaires dans le délai contractuel ("the deadline").

  3. Tout a déjà été dit sur la situation de la France. Une justification de cet immobilisme -incapacité- et surtout des actions urgentes sont attendues par Bruxelles.
    Against this background, further exchanges of information have already taken place” Nous avons déjà amplement parlé de cette posture adoptée par la France incompatible avec les exigences d’une stabilité économique et financière du pays et par conséquent de l’Europe dans son ensemble... Trêve de baratin, il faut agir maintenant, il faut des résultats !


Traduction intégrale et littérale de la lettre de Bruxelles à la France

Cher Ministre,
Je tiens tout d’abord à vous remercier pour la soumission du projet de plan budgétaire (PPB) 2015 pour la France que nous avons reçue le 15 octobre.

Fondé sur cette soumission par la France, le PPB en lui-même ne prévoit pas de ramener le déficit public global sous la barre des 3%, valeur de référence prévue par le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) pour 2015, qui est la date limite fixée par le Conseil dans ses recommandations du 21 juin 2013 en vue de mettre un terme à la situation de déficit public excessif que connait la France.

Selon nos analyses préliminaires -confirmées par le recalcul des services de la Commission dont la méthodologie est généralement admise- l’ajustement du déficit structurel est attendu bien en deçà du niveau recommandé. A cet égard, il est clair que le projet de plan budgétaire 2015 prévoit de violer les obligations de politique budgétaire qui résultent de la recommandation du Conseil en matière de procédure de déficit excessif. Dans ce contexte, des échanges complémentaires d’informations ont déjà eu lieu entre vos services et la Commission.

Conformément aux dispositions de l’article 7(2) de la Réglementation (EU) N° 473/2013 du 21 mai 2013, ce courrier a pour objet de vous demander les raisons pour lesquelles la France prévoit de dévier des objectifs budgétaires fixés par le Conseil, concernant tant le déficit public général que l’ajustement de l’équilibre structurel en 2015. J’aimerais également savoir de quelle manière la France entend se conformer intégralement à ses obligations de politique budgétaire en vertu du Pacte de stabilité et de croissance pour 2015.

La Commission cherche à maintenir un dialogue constructif avec la France en vue d’aboutir à une estimation finale. Je serais cependant heureux de recueillir au plus tôt votre position, si possible pour le 24 octobre, ce qui permettrait à la Commission de prendre en compte le point de vue de la France dans la poursuite de la procédure.

Sincèrement vôtre,
Jyrki Katainen.

Cette lettre que tu qualifies de "banale" Francois, te rappelle qu'elle s’inscrit dans le cadre de l’article 7(2) de la Réglementation (EU) N° 473/2013 du 21 mai 2013 qui définit la procédure "dans les cas exceptionnels, lorsque la Commission décèle un manquement particulièrement grave aux obligations de politique budgétaire prévues dans le pacte de stabilité et de croissance (PSC)"

Voilà François, il faut que je te dise qu’un courrier en anglais d'une telle tonalité que tu voulais garder pour toi tout seul, déclencherait un véritable branlebas de combat dans une entreprise privée internationale . C’est un coup de semonce François, un ultimatum, c’est chaud pour toi ! La prochaine étape risque bien d'être la mise sous tutelle de la France (Probablement ce qui aujourd’hui peut nous arriver de mieux !)

«  Et si tu’m'crois pas hey… t'ar ta gueule à la récré ! « 

"Friendly" comme tu signes si bien François, en anglais.

Calculette qui spikingliche, elle. revolte.exprimetoi.com

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Bloggeuse, créatrice et administratrice d’un forum politique  

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