Comment la Chine veut noter ses habitants

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Par Michel Delapierre Modifié le 27 janvier 2017 à 14h32
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De quelles façons les nouvelles possibilités offertes par l’innovation digitale et le big data peuvent permettre une meilleure administration de la société et de ses membres par le pouvoir politique ?

A cette question, le parti communiste chinois apporte une réponse surprenante, mais tout à fait ingénieuse. Le contrôle policier, ou l’espionnage des citoyens, étendu à l’ensemble de la population demande des moyens considérables : pourquoi ne pas appliquer le principe des « likes », ou des étoiles, aux individus pour s’assurer de leur fiabilité ?

D’ici 2020, le gouvernement chinois a annoncé vouloir mettre en place un système déjà testé à plus petite échelle en 2010 dans la province de Jiangsu. Le principe est simple : chaque individu est crédité d’un certain nombre de points reflétant la confiance qu’on peut lui accorder. Quand il se rend coupable d’une entorse au règlement, une infraction routière ou un délit, un certain nombre de points sont soustraits à son capital de départ. Sa note reflète sinon son honnêteté au moins sa propension à suivre les règles sociales. En fonction de ce score, l’individu lambda pourra, ou non, prétendre à un prêt, à voyager à l’étranger ou à pouvoir envoyer ses enfants dans les meilleures écoles. Une sorte de permis à point de la sociabilité, garant d’une société harmonieuse encourageant les comportements vertueux, sanctionnant les écarts.

Le principe devrait s’appliquer également aux entreprises qui abusent leurs consommateurs et contrecarrer les fraudes nombreuses dans une économie bouillonnante. Selon les arguments des autorités, ce système de notation devrait permettre une efficacité économique accrue et simplifier la recherche d’antécédents douteux, permettant notamment aux banques d’accorder des prêts en connaissance de cause ou à l’Etat de réserver ses faveurs aux individus méritants. D’une certaine façon, le projet peut rappeler le système FICO en vigueur aux États-Unis qui évalue le risque présenté par un emprunteur. Dans sa version chinoise, si elle voit le jour, le même principe s’appliquerait simplement à tous les secteurs de la vie des Chinois.

C’est bien là une différence de degré et non de nature avec les pratiques actuelles du web. N’importe quel chauffeur Uber vous le dira : les notes données par les clients au sujet de sa prestation conditionnent son maintien dans l’application. De la même façon, un vendeur en ligne affilié au market place d’Amazon est très rapidement sanctionné, et évincé, si les notes reçues sous forme d’étoiles n’atteignent pas les standards édictés par le plus grand commerçant du Net. La recherche d’efficacité justifie évidemment le système et semble bénéficier à tous, du loueur d’Airbnb à tous prestataires de service qui pourraient ainsi savoir qui il a en face de lui. De plus, en sous-traitant à tous, la possibilité d’émettre des notes, chacun se transformerait potentiellement en un gardien intègre de l’ordre social, une sorte d’apothéose du principe de transparence, mais où les trolls et les mécontents perpétuels pourraient définitivement assoir leur pouvoir de nuisance.

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