L’Afrique, le nouvel eldorado du marché de l’art contemporain ?

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Par Philippe Herlin Publié le 31 mars 2017 à 5h00
Afrique Marche Art Vente Encheres
2,7 millions $L'Afrique du Sud pèse 2,7 millions de dollars sur le marché des ventes aux enchères mondiales.

Le salon Paris Art Fair au Grand Palais et la Fondation Louis Vuitton mettent l'art contemporain africain à l’honneur, l’occasion de découvrir des artistes encore méconnus.

Le continent africain demeure un nain sur le marché de l’art contemporain. Selon le rapport annuel de ArtPrice, seule l’Afrique du Sud apparaît sur la scène des enchères pour un montant de 2,7 millions de dollars, sur un marché mondial de 1,5 milliard de dollars… La vente record est détenue par l'éthiopienne Julie Mehretu (née en 1970), installée à New York, avec 3,4 millions de dollars lors d’une vente réalisée par Christie’s en 2015.

Cependant la scène contemporaine africaine se développe à grande vitesse avec la création de foires notamment. La plus ancienne est Dak’Art au Sénégal, créée en 1989, et depuis sont apparues les Rencontres de Bamako au Mali, consacrées à la photographie, la Biennale de Marrakech au Maroc, la Kenya Art Fair de Nairobi, la FNB Joburg Art Fair en Afrique du Sud. Le nombre de galeries est également en forte augmentation. Les deux pôles majeurs de l’art contemporain sont l’Afrique du Sud et le Nigeria, deux pays qui concentrent la moitié des milliardaires du continent, ceci expliquant certainement cela. Car l’art contemporain est aussi, et peut-être d’abord, un business.

Faut-il s’attendre à une explosion des prix comme on l’a connu pour les artistes chinois, inexistants il y a trente ans et qui se placent désormais parmi les plus chers vendus dans le monde ? Il faut noter deux limitations : premièrement un développement économique moins marqué que la Chine, même si plusieurs pays africains connaissent d’enviables taux de croissance, et deuxièmement la fragmentation du continent en 54 pays ayant chacun leur identité. L’émergence de l’art contemporain africain sera ainsi plus lente, mais elle se produira tout de même. Pour l’instant, de nombreux artistes s’installent en Europe ou aux Etats-Unis, là où se trouvent le marché, les mécènes et les institutions. Mais un développement autonome du marché africain se met en place, ce qui est très encourageant pour l’avenir.

Les artistes africains demeurent largement méconnus en France. Tout juste peut-on citer Ousmane Sow, le sculpteur sénégalais dont les personnages géants avaient été vus par trois millions de personnes sur le pont des Arts en 1999, Chéri Samba et ses tableaux éclatant de couleurs ("Beauté Congo" à la Fondation Cartier en 2015), ou le photographe Seydou Keïta, récemment exposé au Grand Palais. Justement, l’Afrique est à l’honneur du salon Paris Art Fair au Grand Palais ce week-end, du 30 mars au 2 avril (20 galeries africaines + 15 galeries occidentales qui présentent des artistes africains), et à la Fondation Louis Vuitton à partir du 26 avril pour une grande exposition. L’occasion de découvrir cette nouvelle scène émergente.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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