L’élection de Donald Trump n’est pas une rupture

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Par Christopher Dembik Publié le 24 novembre 2016 à 5h00
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500 milliards $Donald Trump veut investir 500 milliards de dollars dans des travaux d'infrastructure.

Contrairement à ce qui est dit, la victoire de Donald Trump ne constitue pas une rupture, du moins au niveau des marchés financiers. La Fed n’a aucune raison de reporter la hausse des taux prévue en décembre.

En revanche, un risque peut en cacher un autre. En effet, le principal danger pour cette fin d’année concerne l’Italie qui pourrait renouer avec ses vieux démons et sombrer dans l’instabilité politique en cas de désaveu du Premier ministre Renzi lors du référendum du 4 décembre prochain ;

Cette fin d’année est également l’occasion de décerner les bons et les mauvais points. Les tentatives du Japon pour sortir de la déflation sont vaines, il est le grand perdant de 2017. La Pologne a commis un faux pas en décidant de baisser l’âge de départ à la retraite, une mesure qu’elle ne pourra pas financer sans hausse de la fiscalité. Enfin, leçon retenue pour l’Egypte qui s’oriente un peu plus vers le chemin des réformes.

Panorama mondial: l’élection de Trump ne constitue pas une rupture

La question que beaucoup d’investisseurs se posent est de savoir si l’élection de Donald Trump constitue une rupture du point de vue des marchés financiers. A ce jour, la réponse est non. Personne n’est capable de savoir quelles sont les mesures que le président élu pourra mettre en œuvre au cours de son mandat ; même pas lui. S’il veut faire aboutir son ambitieux programme de relance d’inspiration keynésienne (500 milliards de dollars destinés aux travaux d’infrastructures), il faudra le faire financer par l’émission de davantage de dette publique. Dans ces circonstances, il devra tirer un trait sur son projet de relever les tarifs douaniers à l’encontre de la Chine car le pays, premier acheteur de bons du Trésor américain (1157 milliards de dollars détenus en septembre dernier), pourrait être incité à réduire ses rachats en cas de mesures commerciales hostiles de la part du gouvernement américain.

L’endettement élevé des Etats-Unis rend le pays extrêmement dépendant de la bonne volonté des investisseurs étrangers, ce qui hypothèque tout retour réel du protectionnisme. L’hypothèse la plus crédible repose sur l’augmentation des tarifs douaniers pour certains produits ciblés, ce qui permettrait de satisfaire la base électorale de Donald Trump, et d’éviter une guerre commerciale avec l’Asie. On peut également envisager la renégociation de certains traités commerciaux, comme l’ALENA, mais les Etats-Unis prendraient le risque d’ouvrir la boîte de pandore car ils ne sont pas les seuls à avoir des revendications en matière commerciale, le Mexique et le Canada également.

L’effet Trump sur les marchés financiers s’est rapidement estompé, comme on pouvait l’attendre. Point intéressant alors qu’approche le référendum italien du 4 décembre, il semble que l’Italie et l’Espagne soient plus vulnérables que les autres pays d’Europe occidentale au populisme. Dans la foulée de la victoire de Trump, le taux de rendement à 10 ans de l’Italie a augmenté de 35 points de base et de l’Espagne de 27 points de base, avant de refluer légèrement par la suite. C’est un avertissement sérieux pour ces deux pays alors que le risque politique reste très élevé en Europe dans les prochains mois du fait du référendum italien, de l’élection présidentielle autrichienne, qui aura lieu aussi le 4 décembre, et des élections générales aux Pays-Bas en mars 2017 qui pourraient aboutir à une percée du PVV de Geert Wilders.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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