L’hôtel du Palais de Biarritz, ou la chronique d’un désastre annoncé

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Par Rédaction Modifié le 13 octobre 2018 à 12h50
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65 MILLIONS €L'hôtel du Palais à Biarritz va-t-il changer de mains, et coûter au passage très cher aux Biarrots ? Les travaux envisagés s'élèvent en tout cas à 65 millions d'euros.

LETTRE OUVERTE

L’hôtel du Palais à Biarritz hébergera les chefs d’Etats lors du G7 fin aout 2019.

Ce Palace est actuellement ouvert. Sa gestion est effectuée par une société d’économie mixte, la SOCOMIX dont la ville possède la majorité du capital. Par décision du Conseil d’administration de la SOCOMIX, sa gestion devrait être confiée prochainement à un grand opérateur hôtelier avec lequel les négociations sont en cours. L’Hôtel du Palais devait fermer à la fin de la saison 2018 pour dix-huit mois afin de réaliser les travaux de rénovation souhaités par l’opérateur comme cela se fait pour tous les palaces chaque fois qu’un nouveau propriétaire ou gestionnaire commercial acquiert la propriété ou la responsabilité de la gestion.

Dans le cas de Biarritz, la décision d’y tenir le G7 durant deux jours en aout 2019 aurait dû logiquement repousser la fermeture de l’hôtel d’un an de septembre 2019 à avril 2021. En effet, l’année 2017 a été sur le plan de la fréquentation et des résultats la meilleure jamais connue, ce qui démontre clairement que sa rénovation peut être différée d’un an sans engendrer aucun risque financier. Mais cette décision logique contrariait l’agenda personnel du Maire qui préside aussi le Conseil d’administration de la SOCOMIX. Il veut faire de la réouverture de l’Hôtel du Palais rénové un argument décisif pour sa réélection en 2020. Il a donc décidé d’effectuer ces travaux en deux tranches, une d’octobre 2018 à juillet 2019 (10 mois) et l’autre d’octobre 2019 à Mai 2020.

Cette décision est déraisonnable car elle va entrainer des risques et des surcoûts importants. Pour justifier cette décision devant son conseil municipal réticent, le Maire ne cesse de répéter que s’il a pris cette décision c’est parce que le Président Macron le lui avait demandé personnellement.

En tant qu’élue de l’opposition et conseillère départementale, il me semble important de savoir précisément et officiellement qui est à l’origine d’une telle option qui fait courir des risques aux biarrots et à l’image de la France. Est-elle celle du Maire pour son agenda personnel ou a-t-elle été imposée par le Président de la république ou par les services de l ’Elysée? Et si oui notre Président est-il conscient des risques qu’il fait prendre à ses hôtes et des surcoûts qu’il impose aux citoyens de Biarritz ?

Des millions d'euros de surcoût pour les travaux

En effet, je m’interroge sur la sécurité et la confidentialité que la France doit à ses hôtes prestigieux alors que jusqu’à la veille du G7 et pendant dix mois une multitude d’ouvriers, étrangers pour certains, travailleront à l’intérieur de l’hôtel. En effet, il existe de nombreux exemples de pose de micros ou de charges explosives durant la rénovation d’un bâtiment officiel.

Par ailleurs s’il est à l’origine de cette décision, l’Elysée est-il conscient des risques qu’il fait courir au patrimoine de la ville car l’hôtel du Palais appartient aux biarrots et des surcouts que cette rénovation en deux tranches va engendrer. Et dans ce cas est-il prêt à les compenser ?

En effet deux types de risques ont été identifiés qui sont systématiquement niés publiquement par le Maire et son adjoint.

Le premier risque c’est que ce calendrier précipité mette la SOCOMIX dans une situation de faiblesse face à l’investisseur, Jean Claude Decaux, dont l’entrée à son capital est indispensable pour obtenir les prêts bancaires nécessaires pour financer les travaux évalués par les domaines à environ 65 millions d’euros. L’investisseur, ce qui est de bonne guerre, veut prendre une part du capital de la SOCOMIX la plus élevée possible en y injectant le moins d’argent possible. Ce qui met le Maire, qui est aussi le Président de la SOCOMIX, en situation de faiblesse dans la négociation, d’où un risque de sous-évaluation du patrimoine de la ville constitué par les murs et le fonds de commerce de l’hôtel du Palais

Le deuxième risque est lié à la date du G7 et à l’agenda du Maire qui conduit au découpage des prochains travaux en deux tranches au lieu de les réaliser en une seule fois comme cela s’est fait partout pour les autres palaces. Cette option conduit naturellement les entreprises à surévaluer leurs devis car elles sont confrontés à l’exigence d’une date butoir inamovible et à l’impératif que tout soit parfait pour accueillir les chefs d’Etats des principaux pays du Monde, quel que soient les imprévus liés aux intempéries ou à la rénovation elle-même.

Les Biarrots risquent de payer la facture avec leurs impôts

Risque de sous-évaluation du fonds de commerce et donc du patrimoine de la ville qui possède l’Hôtel du Palais, risque de surcout de plusieurs millions d’euros conséquence de la décision de rénover l’Hôtel du Palais en deux tranches, tout cela m’impose de demander publiquement une réponse officielle de la part de notre Président ou de ses services sur l’origine de cette décision. Est-elle le fait de notre Maire pour son agenda personnel ou l’Elysée lui a-t-il demandé officiellement de rénover l’Hôtel du Palais pour le G7 et si oui l’Etat est-il prêt en compenser les surcouts ?

Maïder Arostéguy

Conseillère Municipale de Biarritz

Conseillère départementale des Pyrénées Atlantiques

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