La grande différence entre des taux bas et des taux négatifs

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Par Simone Wapler Publié le 18 juillet 2016 à 5h00
Fed Etats Unis Taux Directeurs
0,5 %Les taux directeurs de la Fed sont toujours compris entre 0,25 et 0,50 %.

Il existe une grande différence entre des taux d’intérêt bas et des taux d’intérêt négatifs. Dans le premier cas, nous restons encore dans une situation connue, qui a des précédents historiques (guerres, surtout). Dans le second, nous sommes dans une situation anormale, inconnue. Ainsi, l’Europe et le Japon sont actuellement en situation anormale, les Etats-Unis restant encore dans la normalité.

Nous vivons depuis 1971 dans un monde sans monnaie matérielle. La monnaie n’est plus que du crédit ; le volume potentiel de monnaie est déterminé par les banques centrales ; en fixant le taux directeur elles régissent le coût de la création monétaire ; le volume réel de monnaie dépend des banques commerciales qui vont ensuite distribuer ce crédit après avoir acheté leurs droits de création monétaire à leur banque centrale.

La pente naturelle de ce système financier a conduit depuis 40 ans à une baisse du coût du crédit. Selon les dogmes des économistes keynésiens, le remède à toute crise économique était une baisse des taux directeurs, ce qui permettait de “relancer” l’activité. Mais, la crise passée, les taux n’étaient jamais remontés au cran d’avant.

La limite de ce genre de système (un mathématicien dirait l’asymptote) est zéro.

Nous y sommes. C’est pourquoi les robots n’ont pas de mal à trouver du travail. Les investissements sont beaucoup moins coûteux.

D’une façon générale, au fur et à mesure que les taux baissent, tout ce que vous achetez renchérit puisque vous vous retrouvez en concurrence avec de plus en plus de monde. C’est ainsi que l’immobilier s’est considérablement renchéri, partout dans le monde.

Mais les taux négatifs ?

Les taux négatifs signifient autre chose. Ils signifient que les investisseurs institutionnels ont peur de laisser l’argent qui leur a été confié dans le circuit bancaire. Ils préfèrent payer un Etat pour le conserver plutôt que de prendre le risque bancaire ou l’investir. Ils ne trouvent aucun bon investissement et ils ont peur des banques !

Ce signal est confirmé par la chute des actions bancaires partout dans le monde. Les actionnaires semblent penser que les banques ne gagneront plus d’argent. Les assureurs et les fonds de pension ne peuvent résister longtemps au taux négatifs. Un assureur encaisse des primes et fait travailler l’argent pour pouvoir ensuite rembourser en cas de sinistre. Si l’argent qu’il encaisse lui coûte, c’est un problème. Les fonds de pension et assurances-vie assurent le “risque” que vous soyez en vie. Là aussi, il faut que les primes et versements leur rapportent quelque chose.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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