La hausse du prix des fruits inquiète les fabricants

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Par Laure De Charette Publié le 19 septembre 2017 à 15h13
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80 %Cette année, les hausses pouvant atteindre +80% pour la cerise ou la myrtille.

Les fabricants de compotes, confitures, fruits en conserve et préparations de fruits pour l’industrie tirent la sonnette d’alarme.

Fruits rouges hors de prix

Alors que se tiennent actuellement les États Généraux de l'Alimentation, dont l’un des principaux enjeux vise un meilleur équilibre économique entre tous les acteurs des filières agroalimentaires, les fabricants de produits à base de fruits expriment leur inquiétude. Ils appellent la grande distribution à prendre enfin en compte la réalité de leurs coûts de production en revalorisant le prix d’achat de leurs produits.

La matière première principale des fabricants, les fruits, vient en effet de subir trois années consécutives de hausse des cours qui n’a pas été répercutée sur les prix d’achat des distributeurs. Si les fruits rouges sont particulièrement concernés, avec des hausses pouvant atteindre +80% pour la cerise ou la myrtille, la pomme et la poire ne sont pas épargnées, avec des hausses annoncées à +50% pour la pomme bio en particulier. Dans ce contexte particulièrement difficile, les transformateurs de fruits doivent cette année également faire face à une chute vertigineuse des récoltes, jusqu’à -75% pour certains fruits rouges comme la myrtille.

Les transformateurs de fruits estiment ainsi que la distribution doit de toute urgence prendre conscience des réalités économiques de leur filière. Sans négociation à la hausse du prix de leurs produits, ils n'auront plus les moyens de continuer à investir dans l'innovation et le développement des marchés, tout en rémunérant justement les arboriculteurs en amont pour assurer la pérennité de la filière.

Maigre récolte

Cette année, les transformateurs de fruits sont confrontés à une récolte européenne de fruits rouges catastrophique en raison de conditions météorologiques particulièrement défavorables : des gelées au printemps et une sécheresse étendue sur l’ensemble de la période estivale.

Les fraises, quelle que soit leur provenance, sont ainsi particulièrement concernées par les chutes de production, tout comme la cerise griotte (-30 à 40% des volumes en Pologne et -25 à 30% des volumes en Serbie), la groseille (-60 à 70% des volumes en Pologne), le cassis(-55% des volumes en France et -50% en Pologne) ou encore la myrtille (-75% des volumes dans l’est de l’Europe). Les fruits rouges sont – de loin – les plus utilisés pour la fabrication de confiture et la fraise est également un fruit phare dans la catégorie des compotes.

Les pommes de la discorde

Avec une diminution de production de pommes en France de l’ordre de 8% cette année, les fabricants français de compotes, qui s’approvisionnent quasi exclusivement sur le marché national, vont être victimes de la pression exercée sur leur marché par leurs voisins européens. En effet, les gelées du printemps vont entraîner une chute de 21% de la production européenne de pommes. Les principaux pays producteurs que sont l’Italie et la Pologne devraient perdre respectivement 29% et 23% de leur production, l’Allemagne, qui est également un acteur majeur du secteur, 46%.

Enfin, à l’instar de la situation connue en 2012, il est possible que certains fruits traditionnellement orientés vers l’industrie (petits calibres) soient repositionnés sur le marché du frais, pour des opérations promotionnelles en grande distribution notamment.

Par ailleurs, la France accuse une baisse de 10% de la production de poires Williams. Et si ce taux est moindre en Italie (-2 à -4% en volumes), l’effet sur le prix est marqué avec une hausse estimée à 10%.

Les fruits bio sous haute pression

Le marché des fruits bio est le plus affecté par les tensions avec la combinaison de fortes pressions structurelles et saisonnières. Le marché des fruits bio subit une double pression : aux pertes des récoltes de 2017 s’ajoute une augmentation croissante de la demande des consommateurs, confrontée à une production agricole qui tarde à s’aligner.

Dans le cas de la pomme bio, c’est une hausse de plus de 50% des prix d’achat qui s’annonce, avec une incapacité à répondre à la demande globale.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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