La Supply Chain nouvelle génération, fer de lance de la Responsabilité Sociétale des Entreprises

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Par Manuel Davy Modifié le 6 février 2017 à 5h31
Entreprises Logistique Supply Chain Ecologie
2/3Les camions de transport sont aujourd'hui remplis aux 2/3 en moyenne.

La fin de la COP22 et les décisions prises lors de ce sommet mondial sur le climat offrent un contexte propice pour s’interroger sur l’impact environnemental de la Supply Chain. On pourra, à raison, étendre cette réflexion à son impact plus général sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises, et donc également sur le plan social et économique.

Le rôle des entreprises s’affirme sur ces sujets et, dans le secteur du retail où elle est centrale, la Supply Chain doit y contribuer au premier plan. Mettre en place une politique RSE est aussi un moyen d’être encore plus performant, tout en créant un projet collectif où chaque collaborateur a le plaisir et la fierté de contribuer. Rendre la Supply Chain « responsable », ça paie !

Aider le commerce à être plus performant et compétitif

Se doter d’une Supply Chain responsable, c’est d’abord lancer un programme d’optimisation de la gestion des stocks. Cette optimisation apporte naturellement de nombreux avantages RSE.

Tout d’abord, on observera qu’une Supply Chain plus optimisée aide l’entreprise à être plus profitable. En effet, la réduction des surstocks, qui libère du BFR, donne la possibilité à l’entreprise de faire des investissements et de se développer, à l’échelle nationale ou à l’étranger. Elle limite également les ruptures. Ces deux effets conjugués apportent donc une amélioration rapide de la performance économique de l’enseigne et la rend plus forte. Elle résiste mieux à la pression concurrentielle des nouveaux acteurs venus pour « prendre le marché ». Des acteurs disruptifs, à l’instar d’Amazon, abordent sans cesse de nouveaux secteurs : récemment, le domaine de l’alimentaire avec l’offre Amazon Prime Now qui se pose désormais en concurrent direct des retailers traditionnels tels que Carrefour, Auchan ou Monoprix. Le risque est de voir disparaître en France des emplois et des paiements de taxes dont le pays a besoin. A contrario, une Supply Chain optimisée redonne des marges au distributeur, qui peut, plus facilement, se développer à l’international et contribuer ainsi à la puissance de l’économie et au rayonnement de la culture française (mode avec le Textile, style de vie avec le Bricolage et le Mobilier…).

De surcroît, les producteurs et les consommateurs en bénéficient également. Le producteur, par une meilleure prévisibilité, peut mieux gérer sa production et préserver sa marge. Son activité est moins erratique et il économise des matières premières. Quant au consommateur, il bénéficie également de cet effet puisque des nouvelles offres de service deviennent possibles (livraison le jour même), avec des prix qui ne montent pas, voire qui baissent.

Enfin, les solutions de Supply Chain de nouvelle génération ont un impact immédiat et direct sur l’image et la notoriété des enseignes. L’amélioration de la qualité de service client est appréciée par les consommateurs et cela se mesure directement sur les réseaux sociaux, augmentant la notoriété de l’entreprise. L’actualité récente a montré qu’un mauvais équilibre fournisseur/distributeur/consommateur pouvait engendrer des crises (comme le conflit qui a opposé les producteurs de lait à Lactalis) et entacher l’image d’une entreprise et de ses marques. La mise en place des solutions de Supply Chain avancées permet de mieux équilibrer les relations entre fournisseurs et distributeurs et d’optimiser la cohérence production-commande, avec un bénéfice mutuel.

De meilleures conditions de travail

Dans plusieurs processus opérationnels quotidiens, la faiblesse historique des outils de gestion a conduit au développement de palliatifs reposant sur les collaborateurs. Pour certains aspects, cela permet de décentraliser la prise de décision et de rendre l’activité plus enrichissante. Mais de tels sujets sont rares en comparaison de la charge de travail peu valorisant induite par des outils trop répétitifs ou faiblement performants. Grâce aux solutions de Supply Chain de « nouvelle génération », l’intérêt du travail, la valeur ajoutée et le plaisir des collaborateurs sont améliorés de manière spectaculaire. Voyons ce que cela change dans chaque métier.

Dans les entrepôts, une meilleure prévision de l’activité permet de mieux anticiper la charge à venir et donc de créer des plannings d’activité plus fiables. Au-delà d’une meilleure organisation de la vie quotidienne pour les collaborateurs, cela contribue à diminuer significativement le stress induit par la désorganisation liée à une mauvaise anticipation de l’activité. Ce que confirment Fabrice Guez, Fondateur de la Société Française de Gestion du Stress, et Anne-Carole Delhommeau, coach d’organisation, qui écrivent dans leur livre Agir sur le stress au travail que « L’imprévisibilité des pics d’activité […] ainsi que les demandes de dernière minute sont facteurs de stress ». Aussi, grâce aux solutions de Supply Chain de « nouvelle génération », on observe une réduction des heures de travail de nuit, qui peuvent ainsi être réalisées l’après-midi de la veille, sur la base de prévisions de préparation fiables. Cela entraine enfin une meilleure sécurité pour les collaborateurs sur les sites logistiques ; la plupart des accidents étant le résultat de la pression d’une charge de travail supérieure à la capacité ou de l’encombrement des entrepôts par du stock.

Dans les magasins, les managers et les équipes de vente voient les quantités reçues mieux adaptées à leur capacité de mise en rayon et passent moins de temps à préparer des cartons pour des transferts ou des retours entrepôt. Le fait de disposer d’un stock mieux adapté à l’attente de leurs clients contribue à augmenter leur satisfaction au travail, et, par conséquent, leur adhésion aux enjeux de l’entreprise.

Pour les équipes Supply Chain en Centrale, la mission des gestionnaires de stocks/pilotes de flux évolue positivement vers plus de valeur ajoutée telle que la supervision globale de la qualité d’approvisionnement ou la gestion des exceptions importantes. Les gestes répétitifs diminuent fortement, comme le fait de définir des quantités ligne à ligne dans Excel ou la navigation entre plusieurs outils pour réaliser une implantation et recommencer pour chacune des nombreuses références à traiter. Au contraire, une supervision outillée détecte les anomalies de stock, oriente l’analyse et permet une action efficace. Le temps dégagé laisse la place à des analyses spécifiques à valeur ajoutée qui contribue à l’amélioration de la performance et au sentiment d’utilité des collaborateurs. Là encore, le plaisir au travail augmente.

Pour la Centrale d’achat, une Supply Chain de nouvelle génération permet une relation plus forte avec les fournisseurs, en termes d’équilibre, de fidélisation et de qualité : l’aide à la décision apportée par les solutions de nouvelle génération donne plus de visibilité sur les commandes à venir et un meilleur calibrage des quantités. Cela engendre une meilleure marge en fin de saison et, de ce fait, donne la liberté de sélectionner des fournisseurs légèrement plus chers mais ayant une meilleure qualité et un positionnement compatible avec les objectifs RSE de l’enseigne.

Vers une Supply Chain plus verte ?

Kering, l’un des leaders mondiaux de l'habillement et des accessoires, dévoilait le 19 mai 2015 son rapport environnemental, l’Environmental Profit and Loss Account, dans lequel l’un des points les plus significatifs était que 93% des impacts environnementaux de ses activités provenaient de sa Supply Chain. Aussi, les enjeux climatiques liés au réchauffement de la planète représentent des défis non seulement pour les citoyens et leurs gouvernants, mais également pour les entreprises. Celles-ci doivent déployer des solutions innovantes afin d’améliorer leur image de marque et conserver la confiance des consommateurs.

C’est pourquoi, piloter sa Supply Chain grâce à des outils disruptifs permet d’avoir le bon stock au bon endroit au bon moment et dans les bonnes quantités, et donc d’avoir moins de surstock et moins de stock perdu (dépassement de la date de consommation) ou jeté (invendable). Le 17 novembre 2016, l’Ademe a rendu publics les résultats de son opération « Distributeurs témoins » qui vise à réduire le gaspillage alimentaire dans les grandes surfaces. Cette étude a mis en exergue le fait que, grâce à une meilleure gestion de leurs stocks, les distributeurs évitent désormais de jeter à la poubelle 22 % de leurs denrées.

Une Supply Chain « nouvelle génération » semble particulièrement indispensable également pour les enseignes de fast fashion telles que Zara, Forever 21, Camaïeu, ou encore H&M, qui mettent au point des collections aux cycles de commercialisation, d’implantation et d’approvisionnement courts, avec un renouvellement de leurs collections pouvant aller jusqu’à deux fois par semaine. Faute de pouvoir être recyclées, des millions de tonnes de vêtements finissent à la décharge, générant ainsi un gaspillage colossal. Sans compter que la destruction de ces vêtements est très nocive pour la planète car productrice de méthane. Par conséquent, ces enseignes doivent se tourner vers des outils les plus performants possibles pour le pilotage de leur Supply Chain afin d’éviter au maximum les surstocks et, au bout du compte, la pollution.

En résumé, une bonne gestion du stock signifie moins de surface logistique, donc une moindre utilisation de surface naturelle ou agricole et moins d’emballages. Parallèlement à une bonne gestion du stock, une Supply Chain « nouvelle génération » permet de mieux maitriser le transport ; les camions sont mieux remplis et il y a moins – voire pas du tout – de déplacements de stock inutiles, réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Si l’on fait une projection concernant le commerce et ses impacts logistiques en 2050, il faudrait un nombre de camions non compatibles avec les capacités des autoroutes actuelles. Aujourd’hui, les camions sont remplis en moyenne aux 2/3. Les solutions d’optimisation vont permettre de se rapprocher de 90% de remplissage.

Une responsabilité historique pour les enseignes… et une perspective inédite

En somme, les consommateurs sont aujourd’hui plus que jamais attentifs aux questions sociales, sociétales, économiques et environnementales. Ils observent le comportement des entreprises et distributeurs. La RSE est d’ores et déjà au cœur des projets de transformation de la Supply Chain d'une grande partie des entreprises de la Distribution. Il est grand temps, pour les autres, de prendre ce virage vert(ueux) et de déployer des politiques de RSE approfondies, et de comprendre que ces impératifs ne sont pas en contradiction avec les enjeux de rentabilité, laquelle peut même être améliorée de cette façon. Alors, la Supply Chain responsable, vous commencez quand ?

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Manuel Davy, Président de Vekia.

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