Lanceurs d’alerte : ils ont encore peur pour leur carrière

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 8 novembre 2017 à 6h41
Fraude Securite Sociale Deficit Systeme Aides Allocations 2016
30 MILLIONS $Un lanceur d'alerte américain a touché 30 millions de dollars de la SEC.

Panama Papers, LuxLeaks, WikiLeaks et plus récemment les Paradise Papers… le point commun de ces affaires ce sont les documents secrets qui ont été fournis à des journalistes. Parfois c’est un piratage qui les dévoile parfois ce sont les lanceurs d’alerte. Mais ces derniers ne vont pas encore être légion : selon un récent sondage mené au Royaume-Uni les cadres ont encore peur pour leur futur s’ils se transforment en lanceurs d’alerte.

Plus de la moitié des managers craint de jouer les lanceurs d’alerte

Le quotidien The Indipendent dévoile que le cabinet d’avocats Freshfiels Bruckhaus Deringer a commandé un sondage mondial à Censuswide afin de comprendre la tendance au niveau des révélations au sein des entreprises. Il apparaît clairement que les dirigeants et les cadres supérieurs ont encore peur des répercussions sur leur carrière s’ils décidaient de dévoiler des malversations et que leur identité était révélée.

À Hong-Kong cette peur est la plus élevée : 65 % tandis qu’en Asie et en Europe ce sont 55 % des cadres qui craignent pour leur carrière. Au Royaume-Uni le taux est un peu plus élevé avec 58 % des répondants qui pensent qu’eux-mêmes ou leurs collègues sont réticents à jouer les lanceurs d’alerte à cause des possibles répercussions sur leur carrière.

Toutefois, 59 % des répondants estiment que l’entreprise concernée devrait être au courant de l’identité du lanceur d’alerte.

Les employeurs commencent à voir les lanceurs d’alerte d’un bon œil

Si certains scandales sont mondiaux la plupart des lanceurs d’alerte n’a pas d’informations capables de détruire la réputation d’une entreprise. Généralement ce sont surtout des petites magouilles qui sont déclarées aux supérieurs et l’affaire se clos en interne.

C’est sans doute la raison qui pousse les dirigeants à ne plus critiquer la pratique : sans l’encenser, ils ne sont plus que 13 % à faire pression sur leurs employés pour qu’ils ne jouent pas les lanceurs d’alerte selon le sondage publié le 7 novembre 2017. Il y a trois ans ils étaient 40 % à critiquer ouvertement la pratique afin que leurs employés ne dévoilent rien.

De même, toujours selon le sondage, 47 % des managers ont été témoins ou ont participé à une opération de lanceurs d’alerte au sein de leur entreprise. Une tendance en hausse puisqu’en 2014 ils n’étaient que 34 % dans ce cas.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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