Le bilan, synthèse des comptes de stock

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Par Dominique Michaut Publié le 25 mars 2017 à 5h00
Economie Theorie Gestion Stock
3,1 millionsLa France compte 3,1 millions de PME.

Les adultes qui vivent seul, les familles nucléaires, les autres associations à but non commercial, les entreprises et les services publics ont économiquement deux points communs.

1) Chacune de ces entités est de façon récurrente cliente à titre marchand (dans le secteur public comme ailleurs, tout employeur achète les services du travail). 2) Le schéma général de la comptabilité économique de l’une de ces entités est le même que celui de de toute entité mésonomique (Economie Matin du 16 mars).

Dans ce schéma général, les stocks de valeur d’échange économique sont toujours, pour les uns, de financement et, pour les autres, d’investissement. Les stocks de financement constituent « le passif » du bilan de l’entité, les stocks d’investissement « l’actif ». Je sais, je sais, pour des raisons que le concept de situation nette ci-après rappelé donne à entrevoir, considérer l’actif d’abord et le passif après continue à prévaloir. Néanmoins, les films que constituent la suite des bilans d’une entité mésonomique et bien d’autres observations montrent que le financement vient avant l’investissement.

Financement non emprunté et emprunté, situation nette, fonds propres et permanents

Un bilan est une balance (d’où sa dénomination, voir l’historique auquel la fin du présent article renvoie). Sur l’un des plateaux, le stock de financement au jour de l’établissement du bilan comporte fréquemment une part non empruntée et une part empruntée. La dénomination générique de la part non empruntée qui me paraît la mieux venue est « situation nette ». Son montant est égal au stock d’investissements (actif, encaisses comprises) diminué du stock de financement emprunté (passif stricto sensu, ne pas payer comptant est l’une des manières d’emprunter).

Lorsque l’entité considérée n’est pas une entreprise, le montant de sa situation nette constitue ses fonds propres, littéralement parlant : les fonds qui n’appartiennent qu’à elle, ces fonds propres-là ayant des propriétés macronomiques qu’aucun palliatif ne remplace bien (comme notamment l’essentiel de la problématique de l’emploi donne à le constater, j’y viendrai dans des articles suivants).

Lorsque l’entité considérée est une entreprise, sa situation nette constitue bien un fonds, mais l’une des spécificités des entreprises est que rien ne leur appartient économiquement. La situation nette d’une entreprise en nom personnel appartient au propriétaire de l’entreprise et lorsqu’elle est positive constitue, à proprement parler, le fonds permanent de l’entreprise (capital). La situation nette elle aussi positive d’une entreprise en société constitue également le fonds permanent dans le financement de cette sorte d’entité. Là, il n’y a que dans le cas des coopératives et des mutuelles que ce fonds permanent n’appartient qu’à l’entité, d’une façon qui n’apparaît assez bien pour ce qu’elle est patrimonialement que par la comparaison des deux principales sortes de capital social – je rendrai compte de cette comparaison dans un article suivant.

Investissements : placements, équipements, créances, encaisses

L’appellation « immobilisation » étant très parlante, on peut aussi bien nommer « immobilisations financières » les placements, ceux non rémunérés y compris (dépôts de garantie, prêts à titre gratuit). Dans les autres immobilisations, l’entière variété des équipements de toute sorte s’y retrouve… mais qu’est-ce qu’un équipement immobilisé ?

Une casserole en est un, ce qu’on y met à cuire n’en est pas un. Le linge de table est de l’équipement immobilisé, son ersatz en papier n’en est pas un. Une chaudière est un équipement, le combustible qu’elle consomme n’en est pas un. Etc. Toutes les catégories non seulement d’équipement mais aussi plus largement d’investissement sont représentées dans les inventaires successoraux où se trouvent entre autres, au cas échéant, du foncier, du bâti, de la créance recouvrable et de l’encaisse. Généralisons précisément : tout bien qui a une valeur d’échange marchand et qui se trouve dans les propriétés d’une entité au jour de leur inventaire est un élément du stock des investissements économiques de cette entité à ce jour.

Ces investissements, ou « actifs », augmentent un stock. Une charge augmente un flux (et dans les seules entreprises aussi un stock de financement à seule raison des amortissements d’actifs et d’éventuelles autres sortes de provisions). La confusion encore courante entre charge et investissement montre que les formations à l’économie et à la gestion n’insistent pas assez sur la distinction entre stock et flux. C’est pourquoi un vocabulaire économique peaufiné avec le désir de la conformité aux faits doit pousser à faire de « dépense » un hyperonyme, comme disent les lexicographes, de « charge » et « investissement ». Partout l’amalgame entre les dépenses qui sont des charges et les dépenses qui sont des investissements expose à des erreurs d’analyse et de préconisation.

C’est particulièrement net en finances publiques. Là, les donneurs d’avis et les décideurs qui mettent dans le même sac les charges et les investissements du secteur public national ne s’attirent encore que rarement des reproches à cause de ça, y compris de la part d’économistes hautement diplômés. En administration d’une association non commerciale privée, telle qu’une famille nucléaire ou une fondation entre autres exemples, personne de bon sens ne peut nier que si les charges sont égales ou inférieures aux produits sur la période considérée, l’association n’est pas déficitaire sur cette période ; et que si elle parvient à ne jamais être déficitaire, elle peut allouer son endettement entièrement au financement d’investissements. En administration du secteur public national aussi, la supériorité chronique des charges par rapport aux produits réduit la part d’endettement allouable au financement d’investissements. L’endettement du secteur public national n’a ni mécaniquement ni mentalement les mêmes effets selon qu’il est allouable entièrement ou partiellement, et à plus forte raison de plus en plus partiellement, au financement d’investissements – par rapport à cela, le poids de l’endettement public relativement au PIB est secondaire, cela ne se dit pas assez.

Masses de bilan, structure financière, fonds de roulement

Généralement, les financements d’une entité sont réductibles à deux masses. L’une est celle des fonds non empruntés (capital dans le cas des entreprises) augmentés de l’endettement à plus d’un an. L’autre est celle des crédits à clore dans un an au plus et/ou dont l’encours est exigible à vue (découvert bancaire). Le ratio presque toujours le plus significatif de la structure du financement d’une entité a pour numérateur le montant des fonds empruntés et pour dénominateur le reste du financement. Les propagations de l’affaiblissement de ce ratio d’indépendance viennent au premier rang des pathologies économiques les plus graves.

Généralement encore, les investissements économiques d’une entité sont eux aussi réductibles à deux masses. L’une est celle des investissements pour une durée supérieure à un an, l’autre celle des investissements pour une durée inférieure à un an et liquides.

Le fonds de roulement d’une entité est constitué par la différence entre le stock des financements à plus d’un an et les investissements d’une durée supérieure à un an. Pour les entreprises, les fonds de roulement structurellement positifs sont indispensables pour que le paiement comptant prévale dans le commerce interentreprises. C’est un expédient lourdement néfaste à l’emploi et au plus possible d’équité économique que d’en être réduit à voir dans la recherche des délais de paiement les plus longs un article de la loi naturelle des affaires.

Historique de la comptabilité mésonomique

Il en va du schéma général de la comptabilité mésonomique, qui est une branche spécialisée de l’arithmétique, comme plus largement en mathématiques. L’enseignement de leur historique améliore l’intelligence de leurs principes et évite de laisser entendre que ces derniers ont tous atteints la maturité à partir de laquelle est terminée leur clarification conceptuelle.

Une notice historique, extraite d’une encyclopédie qui à ma connaissance n’est plus actualisée depuis soixante ans environ, figure dans l’argumentation de mes propositions premières de science économique 4.3 à 4.6 (plus précisément, la 4.6).

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Dominique Michaut a été directeur des études du Centre consulaire de formation de Metz puis conseiller de gestion, principalement auprès d’entreprises. Depuis 2014, il administre le site L’économie demain, dédié à la publication d’un précis d’économie objective (préface de Jacques Bichot).

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