Le président Macron doit oser la renaissance d’un patriotisme culturel

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Par Fabien Bouglé Publié le 15 mai 2017 à 5h00
France Exception Culturelle Patriotisme Culture
5 %La France ne représente plus que 5 % des enchères d'art dans le monde.

Jean Michel Apathie en suggérant fin 2016 de raser le château de Versailles a remis en lumière inconsciemment les enjeux de la guerre mondiale culturelle.

L’élection d’Emmanuel Macron comme Président de la République permet dès lors d’envisager une véritable renaissance du patriotisme culturel contribuant ainsi à forger l’image souhaitée d’un homme d’état rassembleur des Français.

En effet, depuis le rapport Art and National Gouvernement, remis par August Heckscher en 1963 au Président Kennedy, une véritable guerre culturelle fait rage. De guerre froide, elle est devenue progressivement mondiale, les États-Unis imposant à tout prix leur domination dans tous les secteurs : médias, marché de l’art, musique, cinéma…

Alors que cette même année 1963, le général de Gaulle prêtait la Joconde à la National Gallery, démonstration de la suprématie artistique mondiale de la France, en 2008 Jeff Koons entérinait, avec son Balloon dog – œuvre qualifiée par l’artiste de « cheval de Troie » –, le triomphe de la culture américaine dans le lieu emblématique de l’art européen, le château de Versailles. Le déclin de la France devait être confirmé par son effondrement sur le marché de l’art, au point de ne plus représenter aujourd’hui que 5 % des enchères dans le monde.

La France, restée pourtant le conservatoire mondial de l’art, avec un record d’œuvres et de musées sur son territoire, a progressivement perdu son aura sur la place internationale. Alors que les États-Unis, la Chine ou la Russie développaient un véritable patriotisme culturel, s’imposant comme des acteurs prépondérants de la création artistique mondiale, l’abandon par l’élite française de toute politique culturelle digne de ce nom a favorisé un universalisme mondialiste peu propice à l’émergence internationale des créateurs de France.

Parce qu’il est vital que la France redevienne aux yeux du monde de l’art un phare au rayonnement international, il faut rapidement nous atteler à faire renaître un vrai patriotisme culturel dans notre pays. « La création artistique est libre », dit l’article 1 de la loi Création et Patrimoine : et bien libérons la création ! Une nouvelle politique doit impérativement passer par la libération des énergies créatrices et par la valorisation de nos vrais artistes, de nos artisans de l’excellence, de nos créateurs de talent, qui sont l’âme culturelle et intellectuelle du pays.

Il nous faut les aimer et les faire connaître massivement en France et dans le monde, par une politique ambitieuse de soutien à la création établie notamment grâce à l’intervention des particuliers et des entreprises à la place de l’État, cet État qui n’a pas le monopole du goût ni de l’intérêt général et qui doit cesser de favoriser un art conceptuel officiel et totalitaire qui occulte l’art véritable, libre et innovant.

La politique artistique basée sur les FRAC et le FNAC, qui font de l’État français le seul soutien d’une certaine « création » contemporaine, doit être fortement atténuée. Les économies ainsi faites financeront la présence de nos artistes dans les grandes expositions et les foires internationales. De même nos châteaux historiques doivent désormais servir à la mise en valeur des artistes de France et n’accueillir d’artistes étrangers qu’en cas de stricte réciprocité.

Ce patriotisme culturel devra être mis en œuvre par un nouveau ministère des Affaires culturelles, du Mécénat et du Patrimoine, dont l’action sera fondée sur la liberté créatrice, la diversité et l’innovation. Comme cela a été suggéré par la mission d’information sur le marché de l’art de l’Assemblée Nationale (dont le rapport a été adopté le 15 novembre 2016), de nouveaux mécanismes fiscaux incitatifs contribueront au développement des initiatives individuelles au profit de la création et du mécénat. Des mécanismes juridiques novateurs assureront la préservation et la sauvegarde de notre patrimoine artistique, architectural et paysager, permettant une amélioration de notre cadre de vie et une revalorisation par exemple de nos entrées de ville.

Cette politique devra restaurer le rayonnement dans le monde de notre culture et de la francophonie en lien étroit avec les ministères des Affaires étrangères et de la Défense dans le cadre d’une cellule d’action culturelle interministérielle. Cela contribuera en outre, à l’échelon national, dans une visée civilisatrice, à une meilleure assimilation des populations immigrées par l’apprentissage et l’appropriation de notre culture judéo-chrétienne imprégnée de la civilisation gréco-latine, et permettra à tous les citoyens, éclairés par la puissance de notre art, de retrouver l’amour de notre pays, de son histoire et de sa culture, et la fierté d’être français.

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Fabien Bouglé est le fondateur de Saint Eloy art consulting. Il est consultant en gestion de patrimoines artistiques depuis près de quinze ans. Juriste de formation, il est titulaire d’un DESS gestion de patrimoine et d’une licence d'’histoire de l'art. Il a acquis un réel savoir-faire ainsi qu’'une expertise recherchée pour traiter l’intégralité des questions liées aux patrimoines artistiques comprenant les objets d'art de collection et d'antiquité. Auteur de plusieurs livres sur le marché de l'art, il est une référence pour la presse tant financière qu’'artistique.

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