Lending Club ou le krach du financement participatif

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Par Michel Delapierre Modifié le 27 juin 2016 à 11h26
Crowdfunding

C’était le temps du bonheur

En décembre 2014, Lending Club, une des premières startups spécialisées dans les prêts entre particuliers, récoltait plus de 900 millions de dollars lors de son introduction à la Bourse de New York, pour une valorisation proche des 5,5 milliards. De ce côté de l’Atlantique, on vantait les vertus du fondateur, Renaud Laplanche, Français expatrié et entrepreneur visionnaire. En huit ans, il était parvenu à inventer un nouveau paradigme, presque un Nouveau Monde où, enfin, tout à chacun pouvait s’improviser banquier et confier ses économies à des particuliers en besoin de financement. Pour sécuriser ces prêts, Lending club permettait de mutualiser les risques en diversifiant les bénéficiaires. La croissance rapide de la startup lui permit bientôt de proposer des investissements à des entreprises en mal de cash. Une économie du partage où les business angels sont des voisins de palier, une nouvelle nouvelle économie, les vertus du partage et les joies du marché à la portée de tous. Un rêve.

Mais, en janvier 2016, patatras : le golden entrepreneur quitte le navire

Le prix des titres de son entreprise a chuté des deux tiers.

Entre temps, les pratiques ont eu le temps d’évoluer et les particuliers ont laissé la place à de plus gros poissons, investisseurs professionnels ou hedge funds avides de rendements et d’opportunités. Le bug ? Lending Club est progressivement devenu ce dont il assurait être l’alternative, un peu comme si Le Bon Coin se transformait en Amazon, tout en conservant les avantages, notamment fiscaux, du crowdlending. Et pour assurer une opacité propice aux bonnes affaires, la titrisation des prêts s’est généralisée, au risque de créer des produits potentiellement explosifs, des « titres pourris » pas si éloignés de ceux qui provoquèrent le grand crash de 2008.

Le principe américain du laisser-faire avait permis un développement rapide du crowdlending

Peu encadré à l’origine, le système proposait un avantage comparatif important face aux structures bancaires traditionnelles. Et tout le monde semblait y trouver son compte : l’économie pouvait se nourrir des bas de laine, les emprunteurs pouvaient espérer séduire un autre que leur banquier, les prêteurs pouvaient prétendre à des rendements bien supérieurs qu’en laissant leur argent au coffre. Tous banquiers d’affaires ! L’affaire était trop bonne, les vrais professionnels ne pouvaient en rester éloignés bien longtemps.

On comprend que les acteurs français du secteur s’émeuvent du cas américain. Comme là-bas, leur modèle se présente comme une alternative à la finance traditionnelle et à sa mauvaise réputation. Mais leur argumentaire reste paradoxal : ils demandent une fiscalité avantageuse pour inciter les particuliers, mais aussi une régulation législative qui éviterait que la poule aux oeufs d’or ne soit croquée entière par les « gros » investisseurs, tout en rechignant à leur fermer la porte. En 2015, le crowdfunding, dont le crowdlending représente une part de plus en plus importante, représentait 300 millions d’euros en France. Un gâteau que les plates-formes espèrent bien voir prospérer, malgré l’ombre de l’affaire Lending Club.

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