Les trois flèches de Shinzo Abe ne vaincront pas la mort

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Par Bill Bonner Publié le 2 novembre 2017 à 5h00
Japon Dette Economie Shinzo Abe
239 %La dette publique du Japon représente 239 % de son PIB.

Au lieu de s’atteler aux vrais problèmes du Japon, Shinzo Abe va faire plus de tout ce qui n’a pas marché et multiplier la monnaie de singe.

Au Japon, Shinzo Abe a gagné une nouvelle « Super Majorité ». Vous savez ce que cela signifie ? Plus de rires. Oui, le monde entier intensifie les politiques musclées qui ne fonctionnent pas. Tout du moins pas pour créer une richesse honnête. Elles fonctionnent parfaitement pour servir une élite mondiale prédatrice, dont les accords gagnant-perdant ralentissent la croissance et transfèrent la richesse des gens qui la gagnent vers cette même élite.

Aux Etats-Unis, les dieux anciens – budget équilibrés et petit gouvernement discret – ont disparu. Aux dernières nouvelles, la dette américaine grossit à un rythme de 2 Mds$ par jour sous l’effet de Donald… Le zèle employé pour baisser les impôts a compromis le dernier vestige républicain de rigueur budgétaire. Son tweet d’hier est un « NON » à tous leur espoir de financer les réductions d’impôts en « fermant des niches fiscales ». En Europe « Super » Mario Draghi continue de faire « tout son possible » pour maintenir le nouveau régime de finance-fantastique du Vieux Monde… cet endroit merveilleux où les obligations d’entreprises les plus risquées rapportent moins que le crédit le plus sûr au monde, le 10 ans américain.

Désormais, au Japon, M. Abe déclare qu’il va continuer cette épatante politique au succès si flagrant jusqu’à maintenant… M. Abe est arrivé au pouvoir il y a cinq ans en promettant de remettre l’économie japonaise sur pied. A cette fin, il utiliserait « trois flèches ».

Une politique monétaire ultra-laxiste. La politique budgétaire qui favoriserait des déficits béants. Des réformes fondamentales qui corrigeraient les problèmes créés par les programmes des gouvernements précédents.

La flèche brisée

L’essentiel du plan, au Japon comme ailleurs, était d’utiliser les vieilles recettes habituelles : créer de la fausse-monnaie, la prêter à des taux très bas, augmenter l’inflation et ainsi inciter le public à dépenser et investir. Quel est imbécile qui a eu l’idée qu’on pouvait améliorer une économie de marché à coup de fausse monnaie ? Un cheval galopera-t-il plus vite si vous lui donnez de l’avoine contrefaite ? Est-il possible de gagner quelques kilomètres sur son plein d’essence en la diluant avec de l’eau ?

Le monde réel a de véritables défis. Ils sont faits de chair et de sang, d’énergie, de temps, de limites. L’économie est concrète, constituée de choses réelles et régie par des lois universelles. On ne peut pas tricher avec le temps par exemple. Vous ne pouvez pas en créer davantage. Le temps passe. Les actifs s’épuisent. Les gens vieillissent puis meurent. Les taux d’intérêt relient le temps, l’argent et l’économie réelle. Avec des taux à 10%, vous serez remboursé le capital que vous prêtez dans les 10 ans. Mais à 1%, il faudra attendre 100 ans pour que le prêteur obtienne son dû en totalité.

Un monde financier qui a vaincu la mort ?

Le taux directeur de la Banque du Japon est à zéro. A ce taux, l’enfer se couvrira de glace avant que vous ne soyez remboursé. Un d’intérêt nul implique que le temps s’arrête, que l’avenir ne vienne pas… tout reste statique à jamais. Oui, le lien entre le temps et l’argent a été brisé. Le Japon est dans un monde imaginaire qui prétend même avoir vaincu la mort.

Mais il n’a rien conquis. Les trois flèches de Shinzo Abe ont-elles atteint leurs cibles ? Bien sûr que non. Elles ne les ont même pas effleurées. Shinzo Abe visait une inflation à 2% (pourquoi tous les grands planificateurs pensent-ils avoir besoin d’une inflation à 2% ? Pourquoi pas 3% et se montrer original ?). Au lieu de cela, les prix à la consommation du Japon augmentent à près de 1%… Exactement comme il y a cinq ans. Il visait une croissance de 3% mais la croissance se situe aux alentours de 1,5%… comme avant. Ses flèches firent en réalité du Japon la maison de retraite la plus endettée du monde avec une dette publique représentant 239% du PIB.

Quant à la mort, elle reste un problème. Déjà, un quart des Japonais ont plus de 65 ans. Ils vieillissent de jour en jour. Et il en meure tous les jours. En 2014, par exemple, 1 200 000 Japonais sont morts mais seulement 1 000 000 sont nés. Le taux de natalité est d’1,3 enfant par femme. C’est loin du taux de remplacement.

Les Japonais disparaissent, ce qui pose de banales questions :

Qui va acheter les maisons japonaises ? Qui va acheter les actions et obligations japonaises ? Et qui va payer les impôts nécessaires au soutien d’un pays peuplé de personnes âgées ?

Qui va endiguer la panique lorsque les gens se rendront finalement compte que leurs économies ont été aspirées dans un piège à rat du gouvernement ? Que les autorités japonaises ne peuvent pas honorer leurs promesses à leurs vieux ? Que leurs bons du trésor sont sans valeur ?

Au lieu d’affronter ces problèmes, Abe et ses sbires économistes agitent de la monnaie de singe. Que la fête commence !

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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