Livraisons Amazon le dimanche, il faut démanteler cette entreprise !

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Par Charles Sannat Modifié le 9 juillet 2018 à 14h37
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11Amazon élargit ses services en proposant une livraison le dimanche dans onze villes de l'Hexagone.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Vous souvenez-vous du débat enflammé il y a quelques années autour du travail dominical ?
Vous rendez-vous compte que ce débat n’existe plus depuis des mois ?
Plus personne n’en parle… Silence assourdissant.

Au même moment, Amazon annonce que désormais, le groupe livre le dimanche aussi dans 11 villes de France métropolitaine à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Nice, Grenoble, Toulon, Montpellier, Aix-en-Provence et Reims et leurs environs.

« La livraison le dimanche avait été lancée il y a deux ans dans quatre villes, et fonctionnait uniquement le dimanche soir. Désormais, en plus d’être disponibles dans d’autres villes, les livraisons peuvent avoir lieu dès 9 heures du matin. Cette livraison est gratuite pour les abonnés Prime, et entre 7,99 et 9,99 euros pour les autres clients. »

La guerre de l’ouverture le dimanche a été perdue par les commerces !

Il faut savoir que tout ce débat autour de l’ouverture dominicale des magasins avait pour enjeu l’achat dit « impulsif » créneau sur lequel les magasins traditionnels misaient pour contrer les nouveaux acteurs du e-commerce à savoir avant tout l’immense Amazon.

Depuis, la loi a été considérablement assouplie, et les ouvertures des magasins le dimanche sont possibles mais, plus grave pour les commerçants traditionnels, Amazon, désormais, livre le dimanche aussi dans les plus grandes villes de France, et nul doute que cela sera progressivement étendu à tout le territoire national.

La logistique du groupe américain est remarquable et repose sur un recours massif à ce que l’on appelle les « louageurs » dans le jargon du transport. Les « louageurs » sont des indépendants, des micro-entrepreneurs qui ont leur camionnette. Ils facturent à la pièce et au colis livré. C’est eux que vous voyez courir. S’ils courent, c’est parce qu’ils ne sont pas salariés. Pas d’efficacité, pas de salaire ! Ce n’est pas le salaire de la peur, ce n’est plus le salariat. C’est le précariat.

Il n’y a aucune règle de temps de travail pour un indépendant. Le travail dominical des livreurs Amazon ne subit donc aucune entrave légale ou presque.

D’ailleurs, cette pression a déjà poussé La Poste / Chronopost à s’aligner en proposant la livraison le dimanche de 9h à 13h dans quatorze villes de France en plus de Paris et sa proche banlieue.

Je ne reviendrai pas sur les ravages sociaux, et familiaux, d’une telle marchandisation à outrance de la société.

Il va falloir démanteler Amazon et Trump a raison !

Je ne suis pas un communiste viscéral. Je considère que la propriété privée et les moyens privés de production sont la base du capitalisme, seul système viable, car répondant aux besoins innés de liberté et de créativité de l’espèce humaine.

Dire cela ne signifie pas pour autant que nous devons laisser faire la loi du plus fort, ou la jungle économique se développer.

Il y a un évident besoin, une nécessité à la régulation.

Depuis des lustres, il existe des lois antitrusts, et d’ailleurs elles trouvent leurs origines aux États-Unis, pays pas franchement socialiste !

« Une loi antitrust est une loi visant à limiter ou réduire la concentration économique. On peut aussi la définir comme une loi qui s’oppose à l’entrave de la libre concurrence pratiquée par des groupements de producteurs visant à bénéficier d’un monopole. »

Il n’est pas possible de laisser Amazon ravager tout l’écosystème commercial mondial, car ici nous parlons de ravages mondiaux, pas uniquement en France ou encore aux États-Unis. Si nous laissons faire Amazon, alors ce groupe sera le seul commerçant qui restera dans 20 ans. Il n’y aura pas d’autres alternatives.

Certains diront, oui mais c’est punir le bon élève. Si Amazon peut réussir, c’est parce qu’ils sont les meilleurs, et les médiocres qui n’y arrivent pas, c’est normal qu’ils disparaissent.

Cet argument n’est vrai que jusqu’au moment où une entreprise connaît un tel succès, une telle réussite, qu’elle en menace la société dans son ensemble.

Amazon menace l’emploi de milliers de petits commerçants et notre tissu de commerces traditionnels (en France comme ailleurs).

Amazon menace, par son poids, tous les fabricants et fournisseurs qui en seront dépendants.

Amazon, par son poids et sa taille, son internationalisation, menace l’équilibre fiscal de nations entières.

Amazon menace également évidemment aussi la démocratie, car Amazon vendra ce qu’ils voudront, ce qui plaira ou pas à Amazon. Un seul distributeur et c’est la soumission

Cela ne va pas plaire aux actionnaires, cela ne plaira pas aux fonds de pension, et autres « hedge », mais c’est une nécessité.

Cela fait partie intégrante du capitalisme.

La vocation de chaque entreprise est de grossir au plus vite et le maximum. Cela veut dire que le mécanisme de concentration menant aux monopoles est intrinsèque au fonctionnement même du système capitaliste.

C’est un excès, une maladie du système, et le système sécrète ses propres défenses immunitaires avec les lois anti-monopole.

Les monopoles doivent toujours être interdits, et quand ils se produisent, démantelés, car sinon, ils rendent le système totalement inefficace.

Vendez les actions Amazon !

Amazon, comme Microsoft, sera démantelé. Et c’est souhaitable. Cela veut dire qu’en tant qu’épargnant ou investisseur, vous n’avez plus intérêt à acheter ou conserver des actions Amazon.

Cela arrivera demain ou dans 10 ans, mais cela arrivera, car le monde entier ne pourra pas tolérer de passer sous la coupe réglée d’une seule multinationale pratiquant de manière massive l’optimisation fiscale.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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