Livre blanc : quels moyens pour quelles missions de Défense ?

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Par Jean-Baptiste Le Roux Modifié le 1 mai 2013 à 10h54

Le livre blanc de la Défense vient d'être présenté au chef de l'Etat. Sans grande surprise, il fait état de coupes dans les effectifs, alors que le budget des armées ne subit pas de réduction. Les dispositions qu'il impose à nos troupes vont, une nouvelle fois dans le mauvais sens. Explications.

Le quatrième livre blanc de la Défense vient de faire son apparition. Et depuis 2008, depuis la précédente restructuration des armées, les politiciens au pouvoir vont dans la mauvaise direction. Alors que les menaces internationales se font plus grandes, le rôle d'une force armée, que ce soit sur le plan de la dissuasion ou de l'intervention, n'a jamais été aussi important. Les menaces de la Corée du nord ou la guerre contre le terrorisme au Mali en sont de forts bons exemples.

L'armée d'aujourd'hui n'a plus les mêmes missions que celle de 1918. Le terrorisme international établi à l'intérieur même de nos frontières, les changements climatiques qui entraînent des catastrophes à la pelle, l'action interalliée en opérations extérieures etc... Nos armées sont confrontées à de nouveaux types d'interventions. La preuve que le monde change, et il change vite.

Dès lors, est-il judicieux, sous prétexte de la sacro-sainte réduction de la dette publique (que peu ou personne n'applique), de faire de l'armée la victime expiatoire et consentante des écarts financiers de tel ou tel gouvernement ? La crise économique aura une fin, n'en doutons pas. Les menaces internationales non. C'est toute l'histoire du monde.

Ainsi le budget de l'armée, et ses effectifs, ne sont pas, comme beaucoup ont pu le dire, une « variable d'ajustement ». Le livre blanc présenté ce lundi est le résultat d'un chantage gouvernemental inacceptable à la vue de la situation géostratégique : des hommes ou du matériel ? Cela sonne un peu comme « la bourse ou la vie ? » Jean-Yves Le Drian a choisi de sacrifier les hommes au matériel. Mais les chiffres sont plus éloquents que la langue de bois politique.

34 000 hommes en moins pour la Défense, entre 2015 et 2019. Une brigade de moins pour l'armée de Terre. Un cinquième des effectifs supprimé pour l'armée de l'Air. Seule la Marine, les forces spéciales et le renseignement s'en sortent intactes, l'une grâce à ce merveilleux écran de fumée qu'est la dissuasion nucléaire, les autres de par leur action, à court terme, au Mali et en Afghanistan.

En 30 ans, le budget de nos armes a été divisé par 2. Il représente aujourd'hui 1,5 % du PIB national. Et ce seraient aux militaires de payer le tribut de la crise économique ? Soyons sérieux. Le Parlement vient de voter la prolongation de l'intervention française au Mali. Qu'il soit conscient, en votant la loi de programmation militaire (LPM), la loi qui met en œuvre les décisions financières concernant la Défense, que ce type d'intervention sera de plus en plus difficile à assumer à l'avenir.

Stoppons l'hypocrisie et cette contradiction entre les moyens donnés et les missions imposées. En 2008, notre force d'intervention rapide était passée de 50 000 à 30 000 hommes. Cette fois-ci, les experts pensent diviser ce chiffre par deux. Une force armée ne se construit pas sur le court terme. La France a besoin d'une vision stratégique à long terme. C'est aujourd'hui le prix de la sécurité nationale.

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Jean-Baptiste Le Roux est membre de la rédaction d'Economie Matin

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