Loi El Khomri : Le rendez-vous manqué de la France avec l’emploi !

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Par Alix Tafflé Publié le 12 août 2016 à 5h00
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1 358 0001 358 000 personnes ont signé la pétition « Loi travail, non merci »

C'est donc finalement une loi de travail vidée de sa substance qui est passée la semaine du 18 juillet au Parlement. Une situation regrettable car la loi contenait quelques éléments clés qui auraient permis de favoriser l'embauche et donc la croissance en France…

J’ai souhaité exprimer le point de vue d'un entrepreneur qui gère une entreprise de 11 personnes. Ce n'est pas une tribune politique, je ne suis membre d'aucun parti, je suis d'ailleurs convaincu que la politique partisane est révolue. Je ne prétends surtout pas être un expert en politique, ni en dialogue social, ni même sur la question de l'emploi. C'est juste le point de vue d'un entrepreneur pragmatique qui aurait probablement déjà embauché ou pris la décision d’embaucher plus rapidement 2 ou 3 personnes supplémentaires si certaines mesures étaient passées » précise Alix Tafflé, fondateur de MorningCroissant.fr.

Pour ou Contre la loi travail… vers le « OUI Mais »

La politique doit faire sa révolution scientifique comme d’autres activités humaines l’ont fait depuis longtemps. En effet, la question de l’emploi et du marché du travail, comme d’autres sujets politiques, sont englués dans les principes idéologiques.

En 2016, il est temps de sortir de l’idéologie du « OUI/ NON » (pour ou contre la loi du travail) et avancer vers une approche plus pragmatique et scientifique, une approche du « OUI SI ». Cette loi ou partie de loi serait conservée ou étendue uniquement si un test ou une phase pilote, limitée dans la durée ou sur une zone géographique démontrait la validité des hypothèses en faveur de cette loi. Il ne s’agit donc plus d’affirmer avoir raison sur la base de convictions ou même de données souvent incomplètes mais de poser clairement les hypothèses à tester et ensuite de valider ou invalider ces hypothèses.

Et si des mécanismes pour tester une réforme n’existent pas, alors il faut les créer d’urgence. C’est une condition fondamentale de l’évolution de notre société et de la réconciliation des gens avec la politique.

Le plafonnement des indemnités en cas de rupture du contrat de travail favorise l’embauche

Régler la question du départ de façon claire et précise est fondamentale. D'une part cela favoriserait l'embauche, en délimitant à l’avance le risque financier maximum pour l'employeur en cas de rupture, d’autre part, cela éviterait d'interminables procédures prud'homales pour le salarié, qui s’avèrent souvent épuisantes psychologiquement voire même destructrices. Une évolution qui permettrait par ailleurs le "désengorgement" des prud'hommes et donc une plus grande efficacité pour les cas vraiment nécessaires.

Pour les créateurs et dirigeants de TPE et PME, qui constituent la grande majorité des créations d’emploi, une nouvelle embauche est une vraie décision d’investissement sur le long terme. Et comme pour toute décision d’investissement, connaître la limite maximum du risque financier en cas de problème dans le futur facilite la décision en faveur de l’investissement.

En dépit du risque d’abus de la part de quelques employeurs malintentionnés, il semble que les bénéfices d'un tel mécanisme dépasseraient de loin ses inconvénients. A tester …. D’urgence !!!

Une simplification plus profonde du marché du travail encouragerait grandement l’embauche

Quitte à utiliser le 49.3, il est vraiment dommage de ne pas être allé plus loin dans un choc de simplification attendu et bien nécessaire avec d’autres hypothèses à tester :

- qu’en est-il du contrat de travail unique pour tous ?

- qu’en est-il d'un système d'allègement de charges encore plus simple et valable pour toutes les nouvelles embauches (ex : pas de charge sur les 3 premières embauches pendant 2 ans) quel que soit le niveau de salaire (pourquoi les premières embauches se feraient-elles sur des bas salaires?)

Ces deux hypothèses supplémentaires reposent sur :

- le fait que pour les chefs d’entreprise, plus les mécanismes sont simples et facilement compréhensibles, plus vite les décisions se prennent. Personne ne contestera l'urgence de créer plus d'emplois plus rapidement.

- le fait que l'emploi précède la croissance et non l'inverse et donc peu importe la qualification des premiers emplois, il faut embaucher plus de monde et plus vite. Plus d'embauches = croissance = encore plus d'embauches !

Enfin, l'évolution technologique exponentielle (robotique, intelligence artificielle, puissance de calcul,...) pose question sur la notion même d'emploi salarié et le nombre de personnes réellement employables. Qu’importe notre point de vue si nous sommes pour ou contre ces évolutions, elles sont déjà présentes. C'est donc aussi la question du revenu universel qui doit se poser, de façon indissociable d'une réforme du marché du travail...

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Alix Tafflé, diplômé de l’ESCP et de l’Insead, a travaillé pendant une quinzaine d’années dans des grands groupes technologiques, avant de lancer MorningCroissant.

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