Loi PACTE : réconcilier enfin performance économique et mission sociétale

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Par Daniel Tirat Publié le 1 novembre 2018 à 6h48
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Lorsqu'il y a 80 ans une entreprise inventait le lave-linge, elle apportait un vrai service, en simplifiant le quotidien. À sa façon, elle changeait les choses. Aujourd'hui, quand une marque ajoute une 5ème lame à son rasoir, que fait-elle sinon du marketing ? En ne regardant que le profit, les entreprises se sont progressivement discréditées aux yeux de l’opinion. Cette situation conduit aujourd’hui les entreprises à être trop souvent perçues comme polluantes, appauvrissantes, ou contaminantes... alors qu'elles devraient être une partie de la solution. La loi PACTE pourrait leur donner l’opportunité de jouer à nouveau un rôle positif, et de montrer la voie de l'avenir.

L’entreprise doit rendre des comptes

Progressivement, nous sommes passés d’une société où l’entreprise était pourvoyeur de progrès à une société où elle est désormais perçue comme un élément négatif, nuisible à son environnement et uniquement motivée par le profit. Cette vision, certes caricaturale, n’en reste pas moins ancrée dans une réalité. À force de viser la performance économique en négligeant le reste, les entreprises ont perdu une partie de leur raison d’être. L’entreprise se doit d’avoir une contribution positive à travers l’attitude qu’elle adopte vis-à-vis de ses différentes parties prenantes (collaborateurs, clients, partenaires, fournisseurs... ).

Le consommateur, lui, a déjà commencé sa prise de conscience. Il décrypte attentivement les étiquettes, il s’intéresse à ce que dissimule l’emballage. Dans ce contexte, les secteurs engagés par essence dans une démarche RSE, comme celui de la bio, progressent significativement. La digitalisation renforce cette exigence, à l’heure où les consommateurs peuvent d’un simple clic, vérifier la réputation d’une organisation ou comparer la composition de ce qu’il s’apprête à consommer. Alors que le monde bascule de l’image à la réputation, comment peut-on raisonnablement penser qu’elles puissent continuer de vivre repliées sur elles-mêmes, sans se soucier de la société dans laquelle elles prospèrent ?

La loi PACTE, qui reprend une partie des recommandations du rapport Notat-Senard, propose de reconnaître pour l’entreprise une mission sociétale intimement liée à son activité économique mais qui va au-delà. Les députés viennent de voter la création d’un nouveau statut : les entreprises à mission. Le mouvement B Corp qui rassemble « les entreprises qui ne sont pas les meilleures au monde mais les meilleures pour le monde » s’inscrit déjà dans cette voie.

Une opportunité et non pas une contrainte

Donner un statut officiel à la mission sociétale et environnementale, permet, d’abord, de donner à l’entreprise les moyens d’évaluer sa propre performance globale, sa contribution sociétale et de les partager. À terme, le législateur pourrait ainsi contrôler et vérifier ce à quoi l’entreprise s’engage pour le bien de tous. Cette décision démontrerait la capacité de notre société à prendre en compte, dans le système capitaliste, des externalités positives. Une exploitation agricole respectueuse de l’environnement doit-elle être traitée fiscalement de la même manière que celle qui génère pollution des nappes phréatiques ou algues vertes ?

Pour y parvenir, nous devons construire collectivement ce modèle hybride, entre le statut de l’économie sociale et solidaire (ESS) et l’entreprise classique avec un nouveau statut, réunissant le meilleur des deux mondes : la performance économique et un rôle sociétal vertueux. Les champions de l’immobilisme perçoivent cette évolution comme un sujet de peur plutôt que d’opportunités. Ils ont tort ! Ceux qui joueront le jeu gagneront des parts de marché, c’est une évidence. N’est-ce pas ce que nous pouvons souhaiter de mieux pour notre pays ?

L'heure est aux décisions politiques courageuses

A l’heure de la multiplication des scandales alimentaires et environnementaux, ce changement, est inéluctable, le consommateur en est la locomotive et s’en charge à son rythme. La loi pourrait alors jouer son rôle en créant à la fois un environnement favorable et ce statut d’entreprise à mission. Pour que les choses changent, le pouvoir politique se doit d’être visionnaire et courageux, de savoir faire la différence entre ceux pour qui la RSE est une contrainte, et l’avenir.

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Daniel Tirat a occupé successivement des fonctions marketing, commerciale et supply chain dans de grandes entreprises telles que Danone ou Sara Lee. En 2008, iI devient directeur général de Stonyfield France et de la marque Les 2 vaches et insuffle une nouvelle dynamique au marché de l’ultrafrais bio, tout en développant le rayonnement de la marque à l'intérieur du groupe Danone. Fort de son expérience et de ses valeurs, il accompagne depuis 2014, Bjorg, Bonneterre et Compagnie. L’entreprise est le n°1 du bio en France. Depuis plus de 45 ans, elle offre des alternatives alimentaires en proposant un large choix de produits biologiques, équitables, diététiques et exotiques, disponibles en grande distribution et dans les magasins spécialisés. Avec des marques telles que Bjorg, Bonneterre, Alter Eco, Gayelord Hauser, Krisprolls ou Destination, Bjorg, Bonneterre et Compagnie souhaite donner à chacun l’envie de changer ses habitudes alimentaires et de manger bio. En 2017, l’entreprise, qui compte 480 salariés, a réalisé un chiffre d’affaires de 362 millions d’euros dont 78% issus de l’agriculture biologique. Daniel Tirat souhaite accompagner son développement en renforçant son rôle de pionnier et son expertise sur le marché de l’alimentation biologique.  

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