Loyers à Paris : quand LFI se rêve en Robin des Bois

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 12 mars 2020 à 6h59
Immobilier Paris Hausse Encadrement 2
58%En France, 58% des ménages sont propriétaires de leur logement.

La course vers la Mairie de Paris est semée de propositions abstruses : Benjamin Griveaux, avant sa chute, en avait fait quelques-unes, Cédric Villani quelques autres… c’est au tour de Danielle Simonnet, candidate La France Insoumise, de faire la sienne. Une proposition qui, sur le papier, est belle… sauf qu’elle va à l’encontre de toute logique et même… de ce que prévoit la législation en vigueur.

Locataires, vous aimeriez fixer votre loyer ? Qui ne le voudrait pas…

Les loyers, à Paris, sont très chers… c’est en partie dû à la pénurie de logements et en partie dû aux salaires parisiens, plus élevés qu’en province. Comment faire payer moins cher les loyers des Parisiens alors que c’est clairement la règle de base du capitalisme de l’offre et de la demande qui les fait augmenter ? Simple, répond Danielle Simonnet : on va laisser les locataires fixer leur loyer.

Naturellement, pas question de laisser des locataires fixer un montant aléatoire : la candidate LFI propose d’organiser un référendum pour que les Parisiens décident du montant lié à l’encadrement des loyers. Celui-ci est fixé par la Préfecture en fonction des données de l’Insee. Or, pour Danielle Simonnet : « cette compétence doit revenir à la commune. Nous organiserons un référendum pour que ce soit les Parisiens qui décident de ce montant », a-t-elle déclaré sur France Inter le 10 mars 2020.

Une proposition risquée, irréaliste et irréalisable

Supposons qu’un référendum sur ce sujet soit lancé : sachant que Paris compte 62% de locataires pour 33% de propriétaires, ce seront bien les locataires qui feront la loi. Quelles que soient les propositions faites lors du référendum, ce seront donc les plus favorables aux locataires qui seront adoptées… ce qui risque de créer une véritable panique chez les propriétaires.

Beaucoup de propriétaires utilisent les loyers pour payer soit leur propre loyer soit… leur crédit. Baisser drastiquement ces loyers, car c’est bien là l’intention ultime de la candidate, pourrait faire l’effet d’une bombe : des propriétaires se retrouveraient dans l’impossibilité de payer leur loyer ou leur crédit… car il ne faut pas oublier qu’il faut payer, avec ce loyer, également les charges de copropriété, les travaux, les impôts, les frais de mise en location et de gestion…

En toute réponse, beaucoup de propriétaires pourraient vendre leur bien parisien, voire le brader. Cela aurait pour effet de faire chuter les prix dans la capitale et donc de faire perdre de l’argent aux propriétaires : s’ils ont un crédit, celui-ci sera rapidement supérieur à la valeur du bien. Ils se retrouveront donc en difficulté financière voire en faillite personnelle. Mais apparemment tout ça n’inquiète pas la candidate.

Que les propriétaires se rassurent, toutefois : même si elle était élue, Mme Simonnet ne recueille que 6% des intentions de vote, la question du montant des loyers dans le cadre de l’encadrement des loyers n’est pas du ressort de la commune. Tout référendum, même organisé et voté, n’aurait donc aucun effet.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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