Emmanuel Macron : plus gaulliste que de Gaulle

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Par Patrick Crasnier Publié le 6 janvier 2018 à 5h00
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Cette affirmation m’est venue à la suite de réflexions de quelques confrères journalistes, après les six premiers mois de l’ère Macron dans notre pays. Je ne crois pas me tromper, les faits qui nous sont proposés, y compris la dernière intervention pour les vœux à la presse, me confortent dans ce sens.

On a lu tout et n’importe quoi sur l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, qu’il était de gauche « puisqu’il avait été ministre de Hollande » qu’il était de droite « puisqu’il avait pris des ministres de droite dont le premier ». On a lu enfin qu’il n’était ni de droite ni de gauche, une espèce de centriste hésitant. En regardant bien il n’est rien de tout cela, il ressemble fort à un clone du Général De Gaulle le côté militaire en moins mais pas le côté autoritaire.

C’est au moment ou De Gaulle est revenu au pouvoir en 1958, que s’est dessinée la constitution de la cinquième république, cette constitution faite sur mesure pour un homme « Le général. » Depuis elle a été manipulée, détournée, utilisée par tous ceux qui se réclamaient du Gaullisme sans en avoir les prémisses ainsi que par ceux qui combattaient De Gaulle sans rien en changer ou presque. Macron lui ne se réclame de rien d’autre que de lui-même, à ce titre on peut dire qu’il est un pur Gaulliste.

Au moment où De Gaulle a construit cette constitution, sa principale obsession était d’en finir avec le régime des partis de la quatrième république. Pour le faire il a construit un parti de godillots L’UNR et rangé au rang des antiquités tous les petits partis qui se déchiraient dans les gouvernements précédents, sans majorité réelle et surtout sans morale politique. Ce sont les partis qui ont repris la main, tout d’abord les sénateurs en torpillant le référendum voulant leur perte. De Gaulle ne s’en est jamais remis, il a quitté la politique, puis la France (pour quelques temps en Irlande) puis la vie tant la digestion de cet échec était impossible.

Nous connaissons tous la suite, la reprise en mains des partis, doucement d’abord puis s’accélérant avec Giscard, Chirac et les autres. Le couronnement de Mitterrand fut à ce titre un premier retour total de la politique des partis, des combines et des malversations. L’aboutissement de ces dérives de la cinquième république fut d’abord l’organisation de primaires à gauche, mettant en selle un président improbable, Hollande. Puis sont venues les primaires à droite une hérésie prouvant que dans ces partis n’existait plus aucun souvenir du Gaullisme. Hollande lui a réinstallé une quatrième république en pire.

Alors pourquoi , me direz-vous, faire cette analyse de l’avènement de Macron « le Gaulliste » ? Juste parce que son arrivée triomphante ressemble étrangement à ce que la France a connu dès la signature de la constitution. Un président qui dirige tout, qui décide, qui a des ambitions pour la France. Un président qui se met en scène de façon théâtrale mais qui plait beaucoup, ses « supporters » n’étant d’aucun parti ou de tous les anciens partis. Un président qui a crée un parti de godillots avec « En Marche » et qui le dirige d’une main ferme qui ne tremble pas. Tout ceci nous venons de le vivre, je n’ai pas beaucoup lu de la part des médias cet éclairage de ce qui s’est passé.

Bien sur on lit toujours et encore les critiques habituelles de la part de personnes souvent peu objectives, mais pas grand-chose sur l’évolution que nous sommes bien obligés de constater. Les partis sont moribonds, ils essayent de survivre mais pour quoi faire ? Ils n’ont plus aucun pouvoir. Le parti « En Marche » est naissant mais très bien implanté, avec des personnalités dont on dit qu’ils sont sans expériences, mais ils ne sont pas sans convictions. Même si parfois certaines erreurs de casting ont eu lieu dans les élections législatives, globalement cette majorité tient la route et à la ressemblance de cet UNR fait de bric et de broc.

De Gaulle dirigeait le pays, les opposants (surtout socialistes) disaient de lui que c’était un dictateur, qu’il avait pris le pouvoir par la force, même qu’il était fasciste (dixit les communistes). Quelle ressemblance avec les outrances d’aujourd’hui ! Macron serait un dictateur, il aurait manipulé tout le monde pour arriver au pouvoir, il aurait « les banques » avec lui pour prendre la France, j’en passe et des meilleures. Personne ne regarde la lune, tous regardent le doigt qui la montre, je crois sincèrement que Monsieur Macron n’a, comme De Gaulle, qu’un seul objectif, La France. Je peux me tromper en affirmant cela, mais pas plus ni moins que ceux qui le portent au nues ou aux enfers.

Quand on écoute les interventions et les décisions du président, beaucoup de sujets sont consensuels et il est souvent difficile d’être contre tant ils sont frappés au sceau du bon sens. On peu toujours critiquer tout et son contraire, on ne peut pas refuser que des choses changent en profondeur. On a dit que De Gaulle dirigeait le pays de façon dictatoriale mais n’est ce pas la seule façon de gouverner ce pays ingouvernable, dont il disait : "Commente voulez vous diriger un pays qui a plus de 300 fromages" ! . Un pays avec 60 millions de sélectionneurs pour les équipes de sport nationales, des millions d’opposant a tout et son contraire, des extrêmes outrancières qui aimeraient placer « leur » dictature et pas celle des « autres »

La seule chose qui est totalement différente du Gaullisme et pas la moindre c’est le référendum. De Gaulle était autoritaire mais jamais n’a été un dictateur, il a toujours considéré qu’un des piliers de la cinquième république était le référendum. Il voulait donner la parole au peuple chaque fois que de grandes décisions devaient être prises, justement pour clouer le bec aux partis qui voulaient reprendre la main. Emmanuel Macron n’a pas encore pris cette voie mais s’il veut être un président appliquant avec succès la constitution dans son ensemble il devra le faire, sans quoi les partis moribonds reprendront du poil de la bête et n’auront de cesse que sa perte. La seule perdante sera bien sur la France.

Juste un mot pour terminer sur les vœux de Macron a la presse. Sa tendance a l’autorité très Gaullienne est aussi assortie des mêmes défauts « tout contrôler » De Gaulle n’avait pas les réseaux sociaux, internet, les médias dits libres, il avait juste une télévision d‘état et une radio d’état pour tout contrôler. Les autres médias étaient obligés d’émettre de l’étranger (les radios dites périphériques) la presse écrite avait un peu plus de liberté mais pas tant que l’on pourrait croire. De Gaulle avait un ministère de l’information, avec une censure quotidienne de ce qui se disait. Hier Macron a voulu créer de nouveau ce « ministère de l’information » en proposant une loi sur l’information (le vraie et la soi disant fausse)

Cette censure de l’information a contribué à la perte du Général de Gaulle, ses opposants ayant eu les arguments faciles pour démontrer la dictature, je crois que Macron serait bien inspiré de ne pas mettre le doigt dans cet engrenage, il risquerait d’y passer tout entier.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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