Marchés : ralentissement en Europe

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Par Stéphane Déo Modifié le 26 novembre 2018 à 11h14
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1,2%La demande privée contribuait pour 2,0% à la croissance du PIB au T3 2016 mais seulement 1,2% deux ans plus tard.

Etats-Unis, vers un équilibre énergétique, l'Europe au ralenti, une enquête INSEE pour la France, et un Brexit à gérer outre-Manche, voici le point sur les marchés.

Point de marché : les Etats-Unis à l’équilibre énergétique

Peut-être le graphique le plus important pour le marché du pétrole. Nous avions noté il y a quelques semaines que les Etats-Unis étaient le premier producteur d’hydrocarbures, et qu’ils venaient de passer devant l’Arabie Saoudite et la Russie.

Le graphique ci-dessous, qui utilise les données de la « Energy Information Administration » américaine jusqu’à novembre, vint d’être publié. Elles montrent que la balance énergétique des Etats-Unis s’est considérablement améliorée, elle est maintenant à l’équilibre, ou quasiment. C’est un changement majeur sur le marché mondial de l’énergie. Un changement qui n’est probablement pas étranger à la baisse récente du prix du pétrole.

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Ralentissement européen : c’est grave docteur ?

Les PMI préliminaires français, allemands et Zone Euro vendredi ont été publiés vendredi 23 novembre, et ce n’est pas joli-joli : une baisse de plus et une mauvaise nouvelle de plus.

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Premier point qui nous semble important, l’enquête INSEE pour la France publiée jeudi 22 novembre comporte deux mesures du moral des industriels. La question « perspective générale » est en chute quasi-constante depuis le début de l’année, alors que la question « perspectives personnelles » se tient bien et reste proche des plus hauts historiques. La différence ? La question sur les perspectives générales est surtout influencée par l’interprétation des nouvelles économiques et politiques, alors que les perspectives personnelles reflètent vraiment les perspectives d’activité. Sans surprise ce sont les perspectives personnelles qui fournissent le meilleur indicateur avancé pour l’activité future, mais aussi pour l’investissement ou les perspectives d’embauche.

Morale de l’histoire : même si on ne peut pas le prouver car on ne dispose pas des deux questions posées par l’INSEE, il est possible que le PMI soit influencé à la baisse et sous-estime la tendance de fond, tout comme le fait la composante « perspective générale » dans l’enquête INSEE.

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D’où vient le mal ? Depuis le mi-2016, la demande privée (consommation + investissement) se tasse lentement : elle contribuait pour 2,0% à la croissance du PIB au T3 2016 mais seulement 1,2% deux ans plus tard. Le ralentissement est plus marqué récemment et correspond à la progression des cours du pétrole, un effet que nous avions noté régulièrement et qui a ponctionné le revenu des ménages. Si le pétrole est effectivement le coupable, la baisse des cours devrait s’accompagner d’une ré-accélération de la consommation. La baisse de la demande domestique pourrait donc s’inverser lentement à partir du T4 de cette année.

Plus inquiétant la très forte décélération des exportations nettes (exportations moins importations) : il ajoutait 1,4% à la croissance Européenne mais seulement un petit 0,2% au T3 2018. Sur la fin 2017 le dynamisme des exportations était très fort, trop pour être pérenne, elles se sont tassées et croissent maintenant à un rythme proche des importations, d’où une contribution des exportations nettes qui se stabilise à un niveau médiocre. Cette baisse ressemble beaucoup plus à une tendance de long terme.

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Conclusion :

- Les PMI sont actuellement cohérentes avec une croissance en rythme trimestriel du PIB de l’ordre de 0,3-0,4%. Maintenu l’année prochaine cela donnerait une croissance 2019 entre 1,2% et 1,5%.

- Une ré-accélération de la consommation et une stabilisation du commerce international donnerait une croissance voisine de 1,5%.

Brexit : approuvé !

Sans surprise l’accord sur le Brexit a été entériné par les 27 dirigeants de l’Union Européenne. Reste maintenant la partie la plus difficile : le vote au Parlement. Le décompte montre qu’une majorité sera difficile à trouver pour Theresa May et que la probabilité d’un rejet n’est pas négligeable. Cela ouvrirait alors la question de retouches à l’accord permettant de convaincre plus de parlementaires britanniques. On voit mal toutefois comment en si peu de temps l’accord pourrait être changé substantiellement.

Les bookmakers (qui avaient prédit que le référendum sur le Brexit serait rejeté) donnent une probabilité de 71% qu’un accord soit approuvé avant avril 2019.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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