Passe de trois à la Chancellerie: les défis économiques d’Angela Merkel

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Par JOL Press Modifié le 23 septembre 2013 à 13h09

C’est sans surprise qu’Angela Merkel a remporté les élections législatives allemandes et sera reconduite pour un troisième mandat de chancelière. Elle frôle même la majorité absolue au Bundestag. Cette échéance électorale explique qu'une certaine indolence régnait ces dernières semaines sur la classe politique outre-Rhin, désireuse avant tout de ne pas commettre d’impair. Cette élection passée, Angela Merkel devrait pouvoir reprendre des initiatives sur le plan économique et affronter les nombreux défis qui attendent la première puissance économique du Continent.

La bonne situation de l’économie allemande n'autorise pas Angela Merkel à manquer de dynamisme sur le plan économique. Le faible taux de chômage du pays (6,8 % en août) ne doit en aucun cas faire oublier le nombre inquiétant de bas salaires, l’un des plus élevés en Europe.

Des défis économiques à relever

Les problèmes sociaux se font de plus en plus pressants et les inégalités se creusent. Il n’est pas rare de trouver dans la première puissance économique européenne des emplois payés moins de cinq euros de l’heure.

Les défis économiques qui se posent pour l’Allemagne concernent évidemment également l’Europe. Or de nombreux sujets ont été mis en « stand-by » durant la campagne électorale, parmi lesquels le troisième plan d’aide à la Grèce, l’union bancaire et la mutualisation des dettes.

Endiguer la précarité des travailleurs pauvres

Le chômage a diminué en Allemagne pour atteindre un des niveaux les plus faibles des principales économies développées. Mais dans le même temps, les emplois à temps partiel et les « mini-jobs » se sont développés. Cette précarité croissante d’une frange de plus en plus importante de la population a naturellement fait passer le thème du salaire minimum sur le devant de la scène lors de cette campagne électorale.

A l’heure actuelle, il n’existe pas de salaire minimum généralisé en Allemagne. Ce sont les partenaires sociaux qui décident du salaire minimum pour chaque branche. Ce qui a pour conséquence de créer une forte disparité entre les régions et les branches, mais signifie aussi l’absence pure et simple de salaire minimum dans les branches où la représentation des salariés est faible. In fine, seules quelques branches garantissent un salaire plancher à leurs salariés.

Le SPD préconisait que la loi entérine un salaire minimum de 8,50 euros par heure dans tous les secteurs. Si Angela Merkel convient que les revenus doivent être mieux encadrés, elle estime cependant qu'il doit toujours revenir aux partenaires sociaux de définir le salaire minimum adéquat « par branches d'activité et par régions ». Finalement, il s’agira simplement pour la chancelière d’encourager les partenaires sociaux à convenir d’un salaire minimum dans les branches où ce n’est pas encore le cas.

Maintenir les retraités au-dessus du seuil de pauvreté

La situation des retraités en Allemagne est extrêmement préoccupante depuis les réformes mises en places au début des années 2000. D’après les données officielles, la moitié des retraités allemands toucherait une pension de base inférieure à 700 euros. De nombreux retraités allemands sont contraints de chercher un revenu complémentaire pour pouvoir vivre décemment. Les annonces de retraités cherchant un job d’appoint ne sont pas rares outre-Rhin.

Il existe un relatif consensus au sein de la classe politique allemande autour de la nécessité d’agir pour sortir les retraités de la précarité. La chancelière devrait donc rapidement prendre des initiatives dans de sens. Cela pourrait passer par une amélioration du niveau des pensions de retraite.

Le retour des questions européennes

Les élections législatives passées, la chancelière va pouvoir se pencher à nouveau sur les grandes questions européennes. Soucieuse de ne pas compromettre ses chances de réélection, Angela Merkel avait laissé ces questions en suspens ces dernières semaines.

Première point crucial : le troisième plan d’aide pour le Grèce. Avec une opinion publique assez défavorable à une nouvelle aide apportée à la Grèce, Angela Merkel n’avait pas hésité à contredire son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, sur l'urgence de la mise en place d’un nouveau plan d’aide. A la lumière de la situation actuelle de la Grèce, nul doute que la chancelière devra se prononcer rapidement sur ce possible troisième plan d’aide et sur les formes qu’il pourrait prendre.

Autre thème ayant subi de plein fouet les échéances électorales outre-Rhin : l’union bancaire. Fervente partisane du projet il y a quelques mois, la chancelière n’a eu de cesse de temporiser depuis. Le système bancaire européen est encore fragile et le moindre doute sur la solidité d’un établissement financier d’un pays européen aurait immédiatement pour conséquence une réaction violente des marchés financiers, et donc une mise en danger de l’édifice européen. Pour éviter ce type de scénario, Angela Merkel devra rapidement donner une nouvelle actualité à ce sujet. De même pour la mutualisation des dettes et la question des eurobonds. Sur ce point, si la chancelière accepte une plus grande solidarité au sein de la zone euro, ce sera certainement au prix d’une modification des traités européens et donc d’un droit de regard plus important de l’Allemagne sur la gestion économique des autres pays.

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