Mois sans tabac : L’arbre qui cache la forêt ?

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Par Philippe Get Modifié le 7 novembre 2019 à 17h05
Cigarettes Hausse Prix Juillet 1
1Plus d?un million de français aurait quitté la cigarette

La première génération sans tabac en 2032. C’est l’une des promesses du président Macron en 2016. Pourtant, avec plus de 12 millions de fumeurs, la France reste champion d’Europe de l’Ouest de la prévalence tabagique.

Une première étape vers l’objectif d’une première génération sans tabac en 2032 a été franchie en mai 2017, avec l’annonce par la ministre de la Santé, Agnès Buzin, d’une baisse spectaculaire du nombre de fumeurs : plus d’un million de français aurait quitté la cigarette. En mai 2018, 600 000 personnes supplémentaires auraient, elles aussi, décidé de ne plus s’adonner au plaisir de plus en plus coupable de la cigarette, et de choisir une autre voie, la vape, réputée 95% moins nocive. L’État s’est largement engagé dans ce combat contre la cigarette, notamment par trois dispositifs : le remboursement par la Sécurité Sociale des substituts nicotiniques en pharmacie, une promotion forte du « Mois sans tabac », en novembre et une taxation graduelle très rapide pour atteindre le seuil symbolique de 10 € par paquet de cigarettes.

Accompagnement, conseils, motivation, prise en charge par la communauté des patchs et autres gommes… C’est un véritable arsenal mis en place, qui semble avoir porté ses fruits, avec plus de 241.000 milliers d’inscrits sur le site en 2018. L’édition de cette année sera-t-elle au même niveau ? Les premiers chiffres sont inférieurs de 40.000 inscrits, mais nous n’en sommes qu’au début.

Même si, aujourd’hui, la vape est exclue du dispositif, alors qu’elle est le choix numéro un des Français pour sortir du tabac, et qu’elle est deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques pour une sortie en douceur de la cigarette, il n’est pas à douter que, spontanément, les fumeurs français seront de plus en plus nombreux à se tourner vers cette alternative.

Et le paquet à 10 euros ? Il semble avoir un impact immédiat. Sur le nombre de fumeurs, certes. Mais aussi sur les revenus pour l’État. Avec plus de 12 milliards d’euros, générés chaque année par les taxes, agrémentés de 400 millions supplémentaires en 2019, l’opération est très rentable, surtout pour les caisses de l’État. Mais cette stratégie, ne devrait-elle pas être renforcée encore, par une politique répressive plus importante, notamment sur les trafics de cigarettes, qui font perdre près de 2,6milliards d’euros de recettes fiscales, tout en échappant à tout contrôle qualité ?

Ajoutons le commerce transfrontalier, qui provoque au passage la fermeture de nombreux commerces de proximité que sont les bureaux de tabac (près de 30 % en moyenne sur les 15 dernières années)… La somme vertigineuse de 5 milliards d’euros est atteinte.

1,6 million de fumeurs en moins en 18 mois, c’est un premier pas. Mais les mesures prises permettront-elles d’atteindre la promesse du candidat Macron, d’avoir, en 2032, la première génération d’adultes non-fumeurs ? Seul l’avenir nous le dira. Mais évitons de tomber dans un positivisme trop rapide. Et posons-nous la question : ce chiffre de 1,6 million n’est-il pas l’arbre qui cache la forêt ?

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