Splendeur et décadence de la mondialisation

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Par Simone Wapler Modifié le 10 juillet 2018 à 7h23
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3,3%Une guerre commerciale entraînerait une chute de 3,3% du PIB français.

Petit à petit, le bon côté de la mondialisation – la liberté des échanges – s’efface tandis que le côté sombre – le gouvernement supranational et tentaculaire – progresse.

Le Conseil d’analyse économique prévoit une récession mondiale en cas de vraie guerre commerciale. Pendant ce temps, l’Europe discute de « l’Union bancaire » et la Banque centrale européenne fourbit ses armes administratives pour pouvoir geler les comptes des déposants en cas de nécessité. Ce sont les deux visages de la mondialisation dont nous parlent les médias aujourd’hui. Le visage sympathique, la libre circulation des biens et service pourrait disparaître. Ne resterait que la face sombre : une technocratie irresponsable bafouant le deuxième droit naturel le plus élémentaire après la liberté : celui de propriété.

La mondialisation marchande en danger

Ce graphique publié par Les Echos montre ce que donnerait l’application de l’augmentation des droits de douane récemment brandis par les uns et les autres. En moyenne, ceux-ci sont de 3% aux Etats-Unis et en Europe. Le Conseil d’analyse économique imagine qu’ils passeraient en moyenne à 3,6% et calcule ce que cela donnerait en termes de chute du PIB.

Pour mémoire, si l’économie en France se contracte de 3,3% cela représente 1 250 euros par Français.

Ces études valent ce qu’elles valent mais le bipède le plus obtus comprend qu’un contrat gagnant-gagnant consiste à acheter à d’autres au meilleur prix ce qu’ils font mieux que vous et de leur vendre au meilleur prix ce que vous faites mieux qu’eux. Toute barrière douanière pollue l’échange.

Les chemins des caravanes du passé évitaient les juridictions trop gourmandes et les octrois. Evidemment, les producteurs locaux parfois en difficulté iront solliciter leur gouvernement, geindre à propos de concurrence déloyale et obtenir un privilège de protection pour éviter de se transformer et de passer à autre chose. C’est en principe pour éviter ce clientélisme et ce parasitisme que les « filets sociaux » et les assurances chômage ont été créés, permettant aux travailleurs de se retourner.

Mais la mondialisation politique revient en force

Le ralentissement du commerce mondial et une récession économique seraient une catastrophe dans un monde surendetté. Il apparaîtrait très vite que quantités de dettes – publiques et privées – ne pourraient être honorées.

Le système politique, bancaire et financier repose sur du crédit infini, adossé à rien et quasi-gratuit. Vous lisez maintenant tous les jours qu’il y a trop de dettes. Mais trop de dettes, c’est aussi trop de crédits. Trop de crédits accordés à des gouvernements dispendieux. Trop de crédits immobiliers, automobiles, de consommation, de prêts étudiants. Trop de crédits d’investissements pour soutenir des entreprises insuffisamment rentables. Une récession va multiplier les mauvais payeurs et ces crédits sont portés par des banques zombies.

Ces banques zombies ont en otage nos dépôts. Votre argent déposé en banque est un crédit que vous avez consenti à votre banque et une dette de cette dernière vis-à-vis de vous. Il est donc urgent de « faire quelque chose » pour que la mondialisation financière reposant sur l’argent bidon puisse survivre si jamais les déposants avaient la mauvaise idée de vouloir leur argent, alarmés par une cascade de faillites.

Rassurez-vous, les fonctionnaires de la Banque centrale européenne, payés par vos impôts, s’emploient depuis un moment à éviter qu’une panique bancaire puisse se produire. Ils planchent là-dessus depuis la fin de l’année 2017, précisément.

La complexité des dizaines de milliers de pages de documents censés réguler l’activité financière et bancaire est effrayante et indigeste. On ne peut réguler une escroquerie : « votre argent en banque vous appartient et il est en permanence disponible » alors que la banque l’a prêté et prête même plus que les dépôts.

Cette réglementation absconse n’est connue que de quelques spécialistes qui organisent notre spoliation au grand jour mais dans l’indifférence. Tout ce qui transparait pour le moment est que l’Union européenne a repoussé l’échéance de l’union bancaire – initialement prévue en juillet 2018 – à novembre 2018.

« Le pilier le plus controversé qui manque encore pour compléter l’union bancaire, le Système européen d’assurance des dépôts (SEAD), est resté en suspens puisque des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas s’opposent à l’idée de partager la protection des épargnants européens tant que certaines banques, en particulier en Italie, ne réduisent pas davantage leurs risques »…

- Euractiv, le 2 juillet

Dans une tribune publiée dans Les Echos, Augustin Landier, économiste et professeur à HEC, plaide pour plus de ce que les gens refusent : le supranationalisme. « Comment répondre au rejet de la globalisation ? Il faut améliorer la légitimation démocratique de l’échelon supranational en créant de véritables espaces de délibération. »

Il n’y a rien à « délibérer » quand les droits élémentaires de liberté et de propriété sont bafoués. Il n’y a aucune légitimité au pouvoir supranational de fonctionnaires ou d’élus qui ne sont pas exposés aux conséquences de leurs décisions.

Pour plus d’informations, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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