Moscovici : un mauvais ministre des Finances peut-il faire un bon commissaire européen aux affaires économiques ?

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 1 septembre 2014 à 22h30

C'est un le gag de l'arroseur arrosé, mais joué à l'envers, dans une version modernisée. Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances de mai 2012 à mars 2014 et par la même en partie au moins responsable de la politique économique de la France ces deux dernières années devrait prendre un poste important à Bruxelles au sein de la Commission Européenne, si tout se passe comme prévu... celui de Commissaire aux affaires économiques. Pour y faire quoi ? Exiger des pays membre de l'UE qu'ils tiennent leurs engagements en matiére économique, financière et budgétaire, très exactement l'inverse de ce qu'il a fait lorsqu'il était à Bercy !

Seulement voilà : le jeu des nominations à la Commission Européenne n'est pas qu'une affaire d'expérience, de compétences, et de légitimité, mais aussi et avant tout un jeu d'influences entre Etats membres de l'Europe, et Paris avait jeté depuis longtemps son dévolu sur le poste de Commissaire aux affaires économiques. Et tant pis si son candidat, bien qu'ancien ministre français de l'Economie, n'était pas forcément le candidat idéal aux yeux de nombre de pays membres, lassés pour ne pas dire fâcher de ne pas voir la France tenir ses promesses en matière de retour à une certaine orthodoxie budgétaire. L'Allemagne, réticente jusqu'au bout à laisser l'un des plus mauvais élèves de la classe "Europe" imposer son candidat aux performances si médiocres quant il était en place, a cédé aux pressions de Paris qui en faisait un veritable casus belli.

Reste que personne à Bruxelles ou à Berlin n'envisage laisser Pierre Moscovici seul aux commandes du commissariat aux affaires économiques européennes. Un vice-président, au titre et aux prérogatives encore floues, lui sera adjoint. On parle de coller un finlandais plutôt strict et austère dans les pattes de l'ancien ministre français, pour le surveiller... La mission de Pierre Moscovici, si sa nomination à Bruxelles est confirmée, consistera en tout cas à valider - avec ses équipes - les projets de budgets annuels des Etats membres de l'UE, et à faire des remarques ou propositions de modifications le cas échéant. Il sera également chargé, en coordination avec d'autres commissaires européens, de piloter le programme d'investissements de 300 milliards d'euros voulu par l'Europe pour soutenir la reprise.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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