Nicolas Hulot, 50% de nucléaire est-ce si inatteignable en 2025 ?

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Par Daniel Moinier Publié le 14 novembre 2017 à 5h00
France Nucleaire Reduction Nicolas Hulot
72,3 %En 2016, le nucléaire représentait 72,3 % de la production électrique française.

Le Ministre de la Transition écologique et solidaire vient d’annoncer que la promesse de François Hollande d’arriver à 50% de nucléaire en 2025, comme prévu dans la loi de transition énergétique, est jugée inatteignable ! « Mais évidemment sans sacrifier ou rogner sur nos objectifs sur le changement climatique, mais en fixant une date réaliste, a-t-il poursuivi ».

La loi de 2015 sur la transition énergétique prévoit de ramener de 75% à 50% d'ici à 2025 la part de l'atome dans la production d'électricité française, un objectif qui avait été fixé après des mois d'âpres débats au Parlement. « Si l'on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50%, ça se ferait au détriment de nos objectifs climatiques. Et ça se ferait avec une relance de la production d’électricité fossile, donc au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement que si l'on voulait s'acharner sur cette date, il faudrait même rouvrir d'autres centrales thermiques », a souligné Nicolas Hulot.

C’est certainement le gestionnaire de Réseau de Transport d’Electricité RTE, qui venait de pointer la difficulté à atteindre l’objectif de 2025 sans augmenter les émissions de CO2, en utilisant plus de centrales à gaz et charbon, qui a mis le « feu aux poudres ». Ce report est fortement dénoncé par les écologistes comme un « recul et renoncement inacceptable » de Nicolas Hulot par les écologistes. Notamment, par le porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts Julien Bayou, par le Réseau Action Climat, par le Réseau Sortir du Nucléaire et surtout par Greenpeace en annonçant « Monsieur Hulot, ne vous trompez pas de combat, ce n’est pas en reculant sur le nucléaire que la lutte contre les dérèglements climatiques s’accélérera. La France doit enclencher sa transition énergétique en propulsant le développement des énergies renouvelables. Or, ces dernières ne peuvent se développer que si la part du nucléaire est réduite dans le mix électrique français » Julien Bayou a d’autre part ajouté « Un nouvel arbitrage perdu pour le renouvelable. En restant au gouvernement, Hulot cautionne plutôt que freine ces renoncements ».

Dans son plan climat annoncé en juillet, le gouvernement avait d’ailleurs prévu la fin de la production électrique à partir de charbon d’ici à 2022. Un objectif réaffirmé au moment où se tient la conférence climat de l’ONU (COP23) à Bonn (Allemagne). Pour l’instant, seule la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) a été actée et doit intervenir au moment de la mise en service par EDF de l’EPR de Flamanville (Manche). Elle doit fermer « dans le quinquennat », a indiqué Nicolas Hulot. « Dans un an nous aurons un scénario totalement planifié. Nous serons capables de savoir combien de réacteurs, à quelle échéance et sur quel critère nous allons parvenir à cet objectif et donc nous rentrons dans la mise en œuvre », a promis le ministre.

Pour bien percevoir la situation française (et même mondiale) en matière de production énergétique, ci-dessous des graphiques très explicites :

Electricité : la production et la consommation en France. | Visactu

Sur le graphique ci-dessous, vous pouvez remarquer que le nucléaire à chuter de 7,9% sans supprimer de centrale.

Part de l'électricité dans la consommation totale d'énergie

Vous voyez dans le graphique ci-dessous que la part d’électricité primaire n’est que de 45,4% dans la consommation française d’énergie primaire.

La consommation d'énergie primaire corrigée des variations climatiques en 2014 en France est de 256,7 Mtep. L'électricité représente presque la moitié de la consommation d'énergie et ce, avec une tendance à la stabilisation depuis quelques années du fait de la part de l'énergie nucléaire.

Evolution de la consommation d'électricité

La consommation totale d'électricité corrigée des aléas climatiques 2014 en France est de 478 TWh. En 40 ans, elle a augmenté de 280%.

Les secteurs consommateurs

En 2013, le résidentiel et le tertiaire consomment la majeure partie de cette électricité et ce, avec une progression constante depuis plusieurs années. Par comparaison avec la France, vous trouverez ci-dessous la consommation d'électricité dans le monde En progression constante, la consommation d'électricité dans le monde a beaucoup augmenté dans les pays en développement.

Part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie mondiale

La consommation d'énergie mondiale en 2013 reste dominée par les énergies fossiles 67%, suivi par l'électricité 18%.

Evolution de la consommation d'électricité

La consommation mondiale d'électricité en 2013 est de 21 538 TWh. Elle a augmenté de façon continue de 350% en 40 ans. Consommateurs d'électricité L’Asie est la principale zone de consommation d'électricité, suivie de l’Amérique du Nord et de l'Europe. Les États-Unis, l’Union européenne, la Chine et la Russie, qui comptent parmi les régions du monde les plus vastes et les plus peuplées, consomment plus de 61 % de l'électricité mondiale. Entre 2001 et 2012, la consommation de certains pays en développement a considérablement augmenté : elle a été multipliée par 3,3 pour la Chine, par 2,2 pour l'Inde et par 1,6 pour le Brésil.

En revenant à la France, comment garder le niveau de nucléaire et arriver aux 50% qui ont été déterminés.

Il existe probablement une orientation qui pourrait en partie satisfaire une majorité de nos concitoyens. Si nous faisons une simple règle de trois : La production totale est de 531 TWh, celle consommée est de 478 TWh en 2016. En partant des 342TWh d’électricité nucléaire consommée pour arriver aux 50%, il faudrait 684TWh consommée en 2025. Soit une hausse de 48 TWh par an de la consommation et des énergies renouvelables. La consommation d’électricité en France a bien augmenté de 310% entre 1973 et 2016, sachant qu’après une période de stagnation depuis 2008, elle a repris une pente ascendante assez forte depuis 2014, en passant de 478 à 531.3 TWh en 2016 soit une hausse de 2,8% par année. On peut penser que cette consommation va augmenter avec le développement de la mobilité électrique : voitures, camions, bus, cars et autres engins motorisés, ainsi que les nouvelles technologies numériques et de la communication. Egalement par toutes les industries se tournant de plus en plus vers l’électrique.

Compte tenu d’une accélération de consommation envisagée, il pourrait être possible d’envisager une hausse moyenne de 4% sur 8 années, soit 32%, nous serions à 631 TWh assez proche des 684 TWh envisagés ci-dessus. Il faudrait à peine trois années de plus pour atteindre l’objectif des 50% programmés, soit 2028. Compte tenu des aléas de prévisions, 2030 serait une bonne date pour réussir ce challenge, sans toucher au nucléaire, en diminuant ou même supprimant les énergies fossiles et sans fermeture des 2 réacteurs envisagés !

Autre possibilité ; la production se trouvant ainsi plus importante, cela permettrait d’exporter plus et surtout de supprimer l’achat d’électricité à l’étranger dans des périodes de pointe, à un coût qui peut aller jusqu’à 20.000€ le Mégawatt !

En ce qui concerne les renouvelables, l’hydrogène dont on parle peu, à l’air de commencer à prendre une place notamment dans la motorisation de véhicules, trains, avions, etc... (Avec souvent l’intervention de l’électricité pour le produire). L’alliance signée lors du World Economic Forum de Davos regroupe treize pays acteurs de l’industrie, des transports et de l’énergie, ont créé l’Hydrogen Council. Ce conseil est composé de constructeurs (Honda, Hyundai, Toyota, BMW, Daimler, Kawasaki, Alstom), d’un groupe minier (AngloAmerican), de producteurs de gaz (Shell, Total, Air Liquide, Linde, Engie). Un équipage aux intérêts variés. Mais dont plusieurs membres pensent très fort à l’après-pétrole. Il n’est pas sans moyens : à eux treize, les partenaires représentent des revenus de 1,07 trillion d’euros et 1,7 million d’employés. La fiscalité pourrait être un booster puisque l’hydrogène peut être taxée comme les produits pétroliers donc plus facilement que l’électricité. Et d’autre part avec un temps d’arrêt aux stations, identique au carburant. Autre avantage non négligeable, un plein peut permettre une autonomie aujourd’hui de 600 kms.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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