On rase toujours de plus en plus gratis chez les étatistes !

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Par Nicolas Perrin Publié le 12 décembre 2016 à 5h00
Election Presidentielle Candidats Impots Baisses
30 %François Fillon souhaite un impôt "simple et lisible de 30% sur tous les revenus du capital".

Noël approche, la campagne présidentielle aussi et nous assistons à une surenchère de belles promesses pour séduire les naïfs persistants.

Jean Yanne, lorsqu’on lui demandait ce qui le rendait méfiant, avait coutume de répondre « les garagistes qui ont les ongles propres ». Pas faux ! Il devrait en aller de même pour les hommes politiques qui formulent chaque semaine une nouvelle promesse en n’ayant jamais eu les mains dans le cambouis de l’économie réelle.

Jean-Luc Mélenchon décroche la médaille d’or du podium. Avec lui, l’économie devient tellement simple que c’en est presque beau. « Il y a trop de monde dans ce pays ? Non. Il n’y a pas assez d’emplois », a-t-il déclaré dans un entretien à L’Obs. Inverser la courbe du chômage ? Trop ringard ! Mélenchon veut frapper fort et il promet de réduire le chômage « de moitié ». Comment ? Mais en créant trois millions et demi d’emplois, bien sûr ! Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas résoudre le problème une bonne fois pour toutes en créant les sept millions d’emplois qu’il manquerait en France, puisqu’avec Mélenchon, l’économie, c’est magique ? Voilà pour le « coup d’Etat social » sauce communiste.

Comme le député européen serait devenu l’homme politique le plus populaire de France – en tous cas à en croire le palmarès YouGov de décembre –, ses petits camarades de jeu ont fait du zèle pour tenter de le rattraper. François Hollande, qui a voulu couper l’herbe sous le pied des partisans du revenu universel, décroche la médaille d’argent avec sa proposition de patrimoine universel. C’est également L’Obs que le Président a choisi pour annoncer qu’il défend « l’idée qu’on doit tous avoir un patrimoine de départ ». Il s’agit en fait d’un « prêt initial garanti par l’Etat » qui « sera pour beaucoup la condition pour s’en sortir ».

Il ne s’agit donc pas d’un don, puisque comme le précise François Hollande dans L’Express, un prêt, ça se rembourse. « Ou pas », a-t-on envie d’ajouter. En réalité, Hollande nous explique littéralement que, lui aux commandes, nombre de nos concitoyens seraient voués à être dans la mouise et à rester sous la dépendance de l’Etat. Une prise de conscience qui a motivé son renoncement à se représenter à la présidence ?

François Hollande est sur la deuxième place du podium car il fait équipe avec son fidèle lieutenant Jean-Christophe Cambadélis, le seul être au monde à estimer que le Président s’est retiré avec « hauteur de vue ». Le Premier secrétaire du Parti socialiste proposait le 29 novembre un « droit de voyage pour les jeunes », en même temps qu' »un soutien au bénévolat et à la vie associative ». Décidément, les droits-créances poussent comme des champignons Rue de Solférino.

La médaille de bronze revient à Arnaud Montebourg. Troisième place du podium seulement car notre spécialiste français de l’optimisation de CV m’a fait une petite frayeur le 1er décembre : j’ai cru l’espace d’un instant que l’ancien ministre du Redressement productif avait viré libéral ! Il tweetait en effet : « Après l’échec du changement venu d’en haut, il faut le changement par le bas. »

Montebourg aurait-il eu une révélation ? Frédéric Bastiat lui serait-il apparu en vision le 1er décembre alors qu’il annonçait sa candidature depuis la péniche « Rosa Bonheur » ? Allait-il en appeler à plus de liberté pour l’individu, à plus de marché dans l’économie ? Et non, puisque le tweet en question se termine comme suit : « L’Etat a renoncé sur trop de sujets ». Si je lis bien le Montebourg, on doit donc s’attendre, lui Président, à… encore plus d’Etat. Je précise « Si je lis bien le Montebourg », car il faut bien avouer qu’avec le hashtag #LibérerLesFrançais qu’il utilise à tort et à travers, l’ancien ministre fait le maximum pour mystifier le twittos.

Heureusement, d’autres tweets sont là pour nous remettre sur la bonne piste. Arnaud Montebourg a, par exemple, trouvé la solution pour résoudre le problème des déserts médicaux. « Nous ouvrirons partout des dispensaires où les médecins seront salariés pour en finir avec les déserts médicaux », déclame-t-il. Il est vrai qu’il suffit de se la jouer style Mélenchon pour que tous les problèmes soient vite résolus. Raté donc pour la médaille d’or, mais on compte sur notre champion pour reprendre des forces pendant les fêtes et se rattraper l’année prochaine !

Une pensée émue pour Marine Le Pen qui, avec son nouveau logo de campagne, ne décroche que la médaille en chocolat. Grâce à sa fringante rose bleue sans épines, la présidente du Front national récupère un symbole socialiste pour mieux faire comprendre qu’elle aussi joue dans le camp des anti-ultralibéraux, les gentils qui veulent s’occuper de votre bonheur. Dommage pour elle, c’est l’embouteillage permanent sur cette voie-là. Il n’y a qu’à voir les articles de presse qui vous proposent des quizz sur le mode « qui a dit quoi ? » (L’Opinion) entre Marine et Jean-Luc, ou encore le « jeu des sept différences » (Atlantico) entre Le Pen et Mélenchon…

Avec une telle concurrence, François Fillon n’a pas de mal à passer pour ultra-libéral-conservateur qui n’aurait que du sang et des larmes à nous proposer. Comment réagir en face d’un homme politique qui promet de vous raser aux frais de la princesse, de la puberté jusqu’au cercueil ? Premier réflexe : n’oublions pas que la princesse, c’est nous !

Deuxième réflexe, nous souvenir de ce propos de l’économiste Thomas Sowell : « Si vous avez voté pour des politiciens qui vous ont promis de vous donner des biens pris à quelqu’un d’autre, alors vous n’avez aucun droit de vous plaindre lorsque ces politiciens vous prennent vos biens et les donnent à quelqu’un d’autre (y compris à eux-mêmes) ». Troisième réflexe, nous remémorer la loi d’un autre économiste, Howard E. Kershner : « Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution ne cesse qu’à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé de tous ses biens ». Nous voilà désormais équipé pour moins nous faire enfumer !

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Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence « Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir », il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Son Twitter : @Nikookaburra.

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