L'optimisme vient de la politique économique
5000 MILLIARDS $
Le G20 devrait injecter dans l'économie plus de 5.000 milliards dedollars.
La première donnée « en dur » sur la réaction de l’économie américaine à la montée de l’épidémie est spectaculaire : une explosion du nombre des chômeurs indemnisés. Comment alors ne pas être inquiet sur les conséquences en termes de perspective de croissance et comment ne pas s’interroger sur le message politique que cela envoie ? Pourtant l’activisme « forcené » de la politique économique paraît être en mesure de calmer ces craintes ; au moins celles du marché.
Le nombre de nouveaux chômeurs indemnisés pour la semaine se terminant le 21 mars est le premier « chiffre en dur », post-inflexion haussière de l’épidémie de coronavirus aux Etats-Unis. Le 14 mars, le pays comptabilisait 2600 malades ; le 21 près de 10 fois plus. L’impact sur le marché du travail est net : les nouveaux chômeurs indemnisés sont passés de 281 000 à 3 283 000. Le pic précédent avait été atteint en 2002 et était inférieur à 700 000.
Il est probable que la hausse va se poursuivre. On peut estimer à 37 millions le nombre de personnes dont l’emploi est à risque. Ils ont le plus souvent des revenus modestes.
Cela ne peut qu’avoir un impact majeur sur la croissance économique. Les prévisions des économistes de marché les plus récentes, c’est-à-dire à partir de la prise de conscience que l’épidémie devenait une réalité, en matière de progression du PIB pour le deuxième trimestre, vont de -1.5% à -30% (d’une période à l’autre et en rythme annuel). Au-delà d’une dispersion sans doute exceptionnelle, tabler sur un repli entre -12% et -16% est une hypothèse sans doute raisonnable à aujourd’hui. On évoquait le point déjà en fin de semaine dernière. Plus important est probablement de savoir quel sera l’ampleur du rebond par la suite. On observe encore une fois un contraste saisissant entre les vues. Pour le troisième trimestre, la fourchette va de -3% à +29% !
En fait, je voudrais insister sur un autre point, plutôt moins traité : l’influence de cette double crise sanitaire et économique sur la politique intérieure du pays et ce que cela change au niveau des ambitions électorales de Donald Trump.
Commençons par ce qui ne joue pas en faveur du Président en exercice. D’abord, un repli de l’économie peu de temps avant le moment d’une élection à la Maison Blanche n’est historiquement pas un signal positif pour le « locataire » sortant et/ou pour son parti. La perspective de succès est inférieure à une sur deux, alors qu’elle est des deux tiers en période de croissance.
Un autre élément pourrait être mis au passif du bilan du Président sortant : sa gestion de la crise sanitaire en cours. Bien sûr un début hésitant, avec une communication inappropriée, ne suffit pas à conclure définitivement que la réponse politique n’a pas été à la hauteur de la situation. Il n’empêche qu’un certain nombre d’exemples tirés du passé montre qu’il peut y avoir un prix à payer à un jugement négatif de l’opinion publique. Notons toutefois que les expériences repérées dans les manuels d’histoire sont à classer dans les catastrophes naturelles (ouragans, inondations et tremblements de terre), pas dans les épidémies. La mauvaise gestion par le gouvernement fédéral des ouragans Hugo et Andrew, en 1989 et 1992, ont pesé négativement sur la réélection de George Bush père. In fine, celui-ci a perdu. Il en alla de même avec Katrina en 2005. La cote de popularité du George Bush fils ne s’en remit pas et en 2009 le démocrate Obama entra à la Maison Blanche.
Passons à ce qui plaide pour le Président Trump. Il y a d’abord les faits ; et ils peuvent être têtus. Sa cote de popularité fait face de façon surprenante à une baisse spectaculaire de la bourse : au plus fort de celle-ci, près de -35% en un peu plus d’un mois. Peut-être ne résistera-t-elle pas aussi bien à la montée du taux de chômage. Il n’empêche que 47% de jugement favorable à hier est le niveau le plus élevé depuis les premiers jours de la présidence Trump il-y-a plus de trois ans de cela !