L’or à 1 500 dollars cette année ?

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Par Claude Bejet Modifié le 30 juin 2019 à 11h59
Or Valeur Dollar Politique Economique

L’or regagne du terrain dans de nombreuses monnaies, et les fondamentaux sont en sa faveur : 2019 sera-t-elle l’année de son grand retour ?

Après une forte baisse de 1 900 $ à 1 160 $, l’or n’a pas fait grand’chose depuis cinq ans : par six fois, le métal jaune a refusé de franchir le seuil des 1 360 $…

Cette année, cependant, l’or a déjà touché des plus hauts dans 72 monnaies, et les fondamentaux favorisent toujours la hausse. Le cap des 1 360 $ va-t-il enfin être franchi – et l’or va-t-il venir toucher rapidement les 1 700 $ ?

Ne regardez pas seulement le prix de l’or en dollar

Depuis 2013, l’or n’arrive pas à casser les 1 360 $. Mi-2013, début 2014, mai 2016, fin 2017, début 2018, début 2019 : le métal précieux bute sur une formidable résistance entre 1 350 $ et 1 380 $.

Aujourd’hui, l’or flirte une fois encore avec les 1 350 $.

Echaudés tant de fois, la plupart des intervenants ne croient plus à une hausse durable. Pourtant, cette année, l’or se comporte bien dans beaucoup de monnaies !

Cours de l'or en dollars américains

Grosse résistance à 1 350 $ – 1 380 $
Plus une base est longue, plus sa résolution à la hausse peut être forte. Si l’on casse, un premier objectif à 1500$ pourrait être atteint rapidement.

L’or joue toujours son rôle de monnaie refuge.

A l’heure des cryptomonnaies, beaucoup estiment que la relique barbare n’a plus aucune utilité. Rien n’est plus faux. Il vous suffit pour cela de demander à un Russe, un Turc, un Argentin ou un Vénézuélien ce qu’il en pense !

Cours de l'or en livre turque

Montée exponentielle de l’or en livre turque. Si la plupart des Européens n’ont que peu d’or en portefeuille, les Turcs, eux, auraient préféré ne détenir que le métal jaune !

L‘or au plus haut historique en dollar australien

Même sans aller dans les pays connaissant d’importantes crises économiques, l’or se porte bien. En dollar australien, le métal jaune vient de franchir son plus haut historique… et, comme nous le disions plus haut, dans quelque 72 monnaies des plus hauts pour l’année ont été atteints.

Cours de l'or en dollars australiens

Nouveaux sommets pour l’or en dollar australien. La hausse spectaculaire de l’or dans cette devise a propulsé les profits des producteurs aurifères du pays.

Et en Zone euro ?

L’or est un bon investissement pour les habitants de la Zone euro. Depuis 2001, la hausse de l’or en euro a été excellente puisqu’il a progressé de 8,6% par an. Oui, le métal jaune est une bien belle classe d’actif !

Comme pour tout autre investissement, un résident français doit mesurer ses performances par rapport à sa monnaie de référence. Le graphique de l’or en euro est donc incontournable.

Cours de l'or en euros

L’or en euro monte depuis 2014. Ce graphique n’a-t-il pas une bien meilleure allure que le graphique de l’or en dollar ?

Le dollar va-t-il toujours rester fort ?

C’est sans doute un dollar très fort qui masque la hausse générale de l’or. Le dollar monte depuis 2011, mais après sa forte hausse de 2014 et du début de l’année 2015, cette tendance est moins nette. Le billet vert pourrait très bien s’affaiblir car les taux d’intérêts outre-Atlantique devraient baisser. Le président Trump lui-même ne souhaite-t-il pas que sa monnaie nationale soit plus faible ?

Index du change dollar

La forte hausse du dollar semble s’essouffler.

Il est vrai que depuis 20 ans, il existe bien une corrélation négative entre le dollar et l’or. La hausse du dollar a eu un impact négatif sur l’or. Un retournement de la monnaie américaine serait positif.

Ainsi, beaucoup de facteurs techniques montrent clairement qu’après une très longue phase de consolidation, le métal précieux pourrait repartir à la hausse. Mais qu’en est-il des facteurs fondamentaux influençant les cours du métal précieux ?

L’économie mondiale ralentit

Le monde vient de connaître un cycle particulièrement long mais, partout, la croissance ralentit. L’Italie flirte même avec la récession.

Le chômage est encore très élevé en Europe (6,7%). Même aux Etats-Unis, les salariés jugent leur emploi comme plutôt précaire. Cette situation encourage une poursuite des politiques monétaires accommodantes de la part des banques centrales

Les politiques monétaires resteront laxistes

Depuis la crise de 2008, la plupart des banques centrales ont fait exploser le niveau de leurs dettes. Malgré l’une des plus longues périodes d’expansion économique, les Etats n’ont jamais pu réduire leurs dettes de manière significative.

Si un prix de 1 350 $ pour l’or peut paraître élevé au regard de son cours de 270 $ en 2000, le métal précieux reste tout à fait abordable si l’on tient compte de l’augmentation massive des masses monétaires, comme le montre le graphique de Egon Von Greyerz, le fondateur du fonds de gestion Matterhorn.

Prix de l'or en dollars ajusté à la masse monétaire© Egon Von Greyerz

La production d’or va baisser

Bien que la demande aurifère se porte bien, la production devrait décroître dans les années à venir. La teneur des mines existantes ne cesse de baisser, les grands producteurs peinent à remplacer leurs réserves et il n’y a plus de grandes découvertes depuis presque 10 ans.

Découvertes d'or et dépenses d'exploration

Baisse des découvertes et des budgets d’exploration. La découverte de nouveaux grands gisements est en baisse et la faiblesse des budgets d’exploration ne va pas renverser cette tendance.

Les banques centrales achètent massivement de l’or

En 2018, les banques centrales ont acheté 651 tonnes d’or, un record historique. Cette année, cette tendance se confirme avec des achats importants émanant de la Russie, la Chine, l’Inde et de nombreux autres pays.

Pourquoi cet engouement ? Tout simplement parce que la plupart des pays du monde ne veulent plus être aussi dépendants des Etats-Unis et de leur monnaie. Les Russes ne viennent-ils pas de vendre la grande majorité de leurs bons du Trésor américain ? Si les banques centrales achètent de l’or, pourquoi pas nous, particuliers ?

Incertitudes sociales et politiques en hausse

La France a toujours été un leader en matière de révolte populaire. Si le mouvement des gilets jaunes s’estompe, la frustration d’une partie non négligeable de la population reste importante en France – et il en va de même dans le reste du monde.

Les mouvements populistes gagnent du terrain partout. Un Européen sur quatre vote populiste aujourd’hui.

Toutes ces incertitudes politiques et sociales ont un effet positif sur l’or.

Les investissements classiques dans les actions, les obligations et l’immobilier sont moins sûrs

Les actifs traditionnels sont tous historiquement très chers. L’immobilier commence à baisser dans tous les pays. Les obligations ont atteint leur sommet en 2016.

Les actions ont connu un premier coup de semonce en fin d’année dernière, lorsqu’elles ont baissé globalement de 20%, marquant peut-être le début d’un grand mouvement baissier – et ce malgré la hausse fulgurante du premier semestre 2019.

De toute façon, l’or apporte une véritable diversification et doit figurer au moins à ce titre dans tous les portefeuilles. Les banquiers suisses, qui possédaient 10% d’or pour leurs clients en 2011, n’en ont plus en portefeuille !

Les mines d’or sont massivement sous-évaluées par rapport au métal

Le ratio entre l’indice des mines d’or et l’or physique est toujours proche de ses plus bas.

Malgré le fait que la plupart des mines sont aujourd’hui bien mieux gérées qu’en 2011, les actions de mines d’or restent extrêmement sous-évaluées. Pourquoi un tel désintérêt pour l’or et les mines ?

Ratio indice minier aurifère Barron's

Baisse historique du ratio mines d’or/or. Moins de grandes découvertes et baisse des investissements d’exploration. Les mines d’or n’ont jamais été aussi faiblement valorisées par rapport au métal jaune. Celles-ci monteront beaucoup plus que l’or physique.

L’or, plus personne n’y croit

Malgré l’action positive de l’or et des mines, même les aficionados sont peu investis. Beaucoup ont abandonné les mines pour se reporter sur le cannabis, mais il s’agit ici d’une bulle spéculative qui montre déjà des signes d’essoufflement.

Le découragement est facile à comprendre puisque chaque reprise des mines d’or a été suivie par de fortes corrections.

La conjonction d’une tendance plutôt bonne sur l’or et sur les mines, liée à un sentiment général très négatif sur ces actifs, constitue un cocktail très favorable à une hausse durable.

Qu’est-ce qui pourrait retarder ce scénario ?

Comme le soulignent les auteurs d’Incrementum – certainement la meilleure source d’information gratuite sur l’or –, le métal jaune monte lorsque la confiance s’estompe. Si les incertitudes macro-économique et politiques disparaissent, l’or pourrait bien baisser de nouveau.

De même dans le cas d’une résolution rapide et heureuse des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, et bien sûr d’une hausse prolongée du dollar.

Cela dit, le célèbre gestionnaire de hedge fund Paul Tudor Jones vient d’annoncer très récemment que sa meilleure idée d’investissement est de jouer l’or à la hausse. Il imagine le métal atteindre 1 700 $ sous peu.

Dans ce contexte, il semble important de continuer à accumuler dès aujourd’hui des positions en or physique et en mines d’or. D’après Tom Kaplan, l’un des grands magnats miniers, les fondamentaux actuels peuvent justifier des cours de 3 000 $ à 5 000 $ pour ce grand cycle de hausse…

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Claude Bejet est un investisseur spécialisé dans les valeurs minières et les marchés émergents, privilégiant une approche value et contrarienne. Ses articles sont parus en France – au sein des Publications Agora mais également dans d'autres titres (La Vie Française, La Vie Financière, MoneyWeek) – ainsi qu'en Suisse (Le Temps) et aux Etats-Unis (Forbes). Il intervient régulièrement dans des conférences sur l'investissement minier, dont celle de la Prospectors and Developers Association of Canada, la plus importante au monde, ainsi que la Mines and Money à Londres. Il est également l'un des principaux conférenciers au Swiss Mining Institute à Genève et Zurich. Claude est diplômé de l'ESCP (Paris Business School) en 1972 et titulaire de diplômes universitaires en philosophie, psychologie et sociologie.

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